Olivier Père

Monsters de Gareth Edwards

Après une projection mémorable sur la Piazza Grande du Festival del film Locarno et une brillante carrière dans de nombreux festivals spécialisés, Monsters est sorti le 6 avril en DVD et Blu-ray en France, chez M6 vidéo.
Monsters
s’inscrit dans une tendance très contemporaine de la science-fiction où les nouveaux supports numériques et les budgets microscopiques confèrent un surcroît de réalisme et un style pseudo documentaire à des sujets extraordinaires, avec souvent le principe du film dans le film ou de la caméra subjective (tournage amateur ou reportage télévisé intégrés dans le déroulement du récit). C’est ainsi que nous avons pu découvrir ces dernières années Cloverfield (pour le meilleur) ou Paranormal Activity (pour le pire). Monsters appartient fort heureusement à la première catégorie, évite les scories esthétiques des films de genre à petit budget, et surprend au contraire par la beauté de ses images et l’ampleur de sa mise en scène. Le britannique Gareth Edwards est l’auteur complet du film, dont il a écrit le scénario, signé la photographie et les effets visuels. Monsters imagine une zone contaminée par une forme de vie extraterrestre dans la jungle mexicaine. Un journaliste cynique accepte d’aider une jeune touriste américaine à traverser cette région infestée et réputée dangereuse afin de rejoindre la frontière des Etats-Unis. Le jeune cinéaste prodige Gareth Edwards a tourné Monsters avec une équipe très réduite, et un principe d’économie qui rappelle les meilleures séries B. Monsters réussit le subtil dosage de spectaculaire et d’intime, de scènes de bravoure et de commentaire social.

Gareth Edwards a retenu la leçon de Jacques Tourneur, maître de la litote et de la suggestion cinématographique dans le domaine du fantastique. Bien que spécialiste des effets spéciaux, il dose dans son premier long métrage les apparitions des créatures, sorte de pieuvres géantes phosphorescentes, aussi poétiques que destructrices. Plutôt que d’accentuer la noirceur apocalyptique du propos, il préfère se concentrer sur les personnages et leurs sentiments. Riche en suspense et en scènes angoissantes, le film décrit avant tout une relation sentimentale en milieu hostile. Gareth Edwards invente avec Monsters la science-fiction romantique, où les êtres humains ne sont pas les seuls à tomber amoureux. Après ce coup d’essai réussi, Gareth Edwards devrait mettre en scène un nouveau remake de Godzilla pour un studio américain.

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