Olivier Père

Léopard d’or pour Histoire de ma mort de Albert Serra

Histoire de ma mort

Histoire de ma mort

Le Festival del film Locarno, dont nous vantions la sélection la veille de son ouverture, vient de se clore ce soir avec un palmarès exemplaire : Pardo d’Oro (le Léopard d’or, récompense suprême) au merveilleux Histoire de ma mort (Historia de la meva mort), troisième long métrage d’Albert Serra. Gloire à ce festival pas comme les autres, à l’intelligence de son jury (présidé par le cinéaste philippin Lav Diaz) et au jeune cinéaste catalan qui succède à un autre franc-tireur, Jean-Claude Brisseau et son très beau La Fille de nulle part lauréat du Léopard d’or l’année dernière.

Histoire de ma mort

Histoire de ma mort

Comme le titre de son film l’indique – référence à « Histoire de ma vie », les mémoires de Casanova – Albert Serra imagine un épisode inédit dans les aventures et les voyages du célèbre libertin. Vieillissant, Casanova engage un nouveau serviteur et entreprend un voyage dans les terres pauvres et sombres de l’Europe septentrionales. Arrivé dans les Carpates, son destin croisera une force nouvelle, violente, ésotérique et romantique représentée par Dracula et son pouvoir éternel. Serra met en scène la rencontre des Lumières et des Ténèbres, reste fidèle à ses principes (tournage en numérique, recours à des acteurs non professionnels, emprunts à la grande culture universelle) mais les enrichit de partis-pris de mise en scène toujours plus libres et fabuleux qui transcendent ses films précédents – Honor de Cavalleria, Le Chant des oiseaux – déjà magnifiques, grâce à des dialogues d’une finesse et d’une poésie extraordinaires, et à l’apparition de personnages féminins (les conquêtes de Casanova, les victimes de Dracula) subtilement écrits et interprétés. Visuellement splendide sans sombrer dans la complaisance contemplative, à des années lumière de la création cinématographique contemporaine par ses ambitions mais surtout sa grâce, voilà une œuvre unique en son genre qui démontre, sans jamais aucune pose, avec humour et tragique, que des idées philosophiques peuvent s’incarner à l’écran.

Le toujours très élégant Albert Serra et son Léopard d'Or, avec son coproducteur français Thierry Lounas

Le toujours très élégant Albert Serra et son Léopard d’or, avec son coproducteur français Thierry Lounas. Photo Mark Peranson

Le film sortira en France le 23 octobre, distribué par Capricci. Nous en reparlerons à cette occasion.

Le reste du palmarès ne démérite pas de ce choix avec Hong Sangsoo Prix de la mise en scène (quoi de plus juste ?) avec son nouvel opus U ri Sunhi et des prix accordés à l’actrice Brie Larson dans le très apprécié Short Term 21 de Destin Cretton, un film indépendant américain, au film portugais de Joachim Pinto E Agora ? Lembra-me (Grand Prix du Jury)… C’est un film français, Mouton de Gilles Deroo et Marianne Pistone, qui a obtenu le prix de la meilleure première œuvre.

Félicitations aux primés, aux jurés et aux organisateurs du Festival qui ont illustré l’adage selon lequel une grande édition, c’est aussi un grand palmarès.

Albert Serra et son Léopard d'or. Photo Mark Peranson

Albert Serra et son Léopard d’or. Photo Mark Peranson

 

 

 

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