Les Olympiades

Dans le décor des Olympiades, portion du 13e arrondissement parisien hérissée de tours à l’architecture moderniste, au cœur du quartier asiatique, quatre trentenaires un peu paumés voient leurs chemins se croiser. Émilie, jeune Franco-Chinoise gagnant péniblement sa vie comme téléconseillère malgré des études à Sciences-Po, entame sur un malentendu une colocation – et plus si affinités – avec Camille, prof désabusé qui prépare sans grand enthousiasme l’agrégation de lettres. Nora, agente immobilière bordelaise en reconversion, débarque dans la capitale pour reprendre des études de droit à la fac de Tolbiac, mais déchante assez vite. Alors qu’elle tape à son tour dans l’œil de Camille, un pénible quiproquo l’amène à se rapprocher par écrans interposés de la "cam girl" Amber Sweet, travailleuse du sexe dont elle s’avère partager les traits…
 
Énergie mordante
C’est cru, drôle et culotté. Loin de la violence sombre de ses deux précédents opus, Dheepan et Les frères Sisters, Jacques Audiard s’offre un peu de légèreté en filmant les errances sentimentales et sexuelles de quatre représentants de la génération des "millenials", entre déclassement, quête de sens et... trouble des sens. Ou, comme le résume d’entrée de jeu Camille à sa future colocataire : "Je compense ma frustration professionnelle par une activité sexuelle intense." Sur un scénario coécrit avec Céline Sciamma et Léa Mysius, adapté de nouvelles graphiques de l’auteur américain Adrian Tomine, Les Olympiades prend le pouls de son époque avec une énergie mordante, grâce à un magnifique quatuor de jeunes acteurs : autour de la troublante Noémie Merlant, Lucie Zhang, Makita Samba (nommé aux César du meilleur espoir masculin) et Jehnny Beth incarnent des personnages plus vrais que nature, jusque dans leurs imperfections – égocentrisme, candeur ou vanité. En braquant la caméra sur un quartier populaire et multiculturel, rarement vu sur grand écran malgré son évidente photogénie, Audiard renouvelle avec malice le regard cinématographique sur Paris. Le tout dans un beau noir et blanc qui donne à ce chassé-croisé amoureux un petit air de Nouvelle Vague…