Le grand alibi

Le sénateur Henri Pages et sa femme organisent un week-end de villégiature dans la campagne yvelinoise pour leurs amis. Parmi les invités, Pierre Collier, un psychanalyste séducteur, dont Claire, la timide épouse, semble ignorer les nombreuses liaisons. Esther Bachmann, sa "maîtresse préférée", comme il le dit lui-même, est aussi conviée. Mais la situation se complique lorsque débarque la belle actrice italienne Léa Mantovani, une ancienne amante des plus passionnées. Leur histoire reprend le soir même, mais Pierre ne souhaite pas aller plus loin, ce qui déclenche la fureur de Léa. Quelques heures plus tard, le psychanalyste est abattu près de la piscine de ses hôtes. Retrouvée en état de choc une arme à la main, sa femme Claire est aussitôt accusée. 

Brouiller les cartes, cacher son jeu 
Dans les pas d'Agatha Christie, rien d'étonnant à ce que Pascal Bonitzer multiplie les fausses pistes. En adoptant Le vallon (1946) de l'autrice britannique, il procède déjà à une première disparition : Hercule Poirot, qui n'a pas traversé la Manche. Ce sont les protagonistes eux-mêmes qui mènent l'enquête, peu aidés par un commissaire mollasson, toujours en retard d'une révélation. Respectant la facture classique du genre, Pascal Bonitzer s'amuse en composant une galerie de personnages au mieux cyniques, au pire largués, dont le meurtre va révéler la friabilité. Un Cluedo alerte et éminemment plaisant, servi par un casting trois étoiles qui, de Mathieu Demy à Miou-Miou, s'ingénie avec malice à brouiller les cartes.