Problemos

Victor, sa femme Jeanne à l'initiative du voyage, et leur fille, passent quelques jours dans une communauté zadiste, magnifique écrin de verdure que des acteurs privés ("Babylone") ont prévu de transformer en parc aquatique. Victor, citadin bien installé dans son confort moderne, se heurte au décalage avec les personnages hauts en couleur qui peuplent la communauté. Il devient beaucoup plus coulant lorsqu'on lui parle de sexualité libre… Un jour, les CRS qui entouraient le camp disparaissent. Et avec eux, la majorité de l'humanité, terrassée par une pandémie fulgurante.

Jouissive autocritique  
Chamane éclairé qui n'était finalement qu'un sans-abri ivre, communauté se voulant bienveillante, mais qui tombe dans les pires travers – des jalousies de voisinage à la langue de bois politicarde –, enfants "préservés du concept de propriété" qu'on finit par délaisser… Les scénaristes Blanche Gardin et Noé Debré font leur miel des paradoxes d'une gauche très occupée à montrer la paille dans l'œil du voisin, qui se déchire sitôt confrontée à la catastrophe. Et s'alignent au diapason de comédies satiriques survolant l'humour français grâce à une féroce et jouissive autocritique, du petit village gaulois de Goscinny à l'arrogance navrante de l'agent OSS 117 de Michel Hazanavicius. Passé presque inaperçu à sa sortie en 2017, Problemos a acquis un statut culte après un plébiscite sur les plates-formes lors du confinement de 2020, qu'il avait prophétisé avec trois ans d'avance… Un succès tel qu'une suite se prépare, comme l'a confirmé Éric Judor en 2024.