Leïla et ses frères

Suite aux malversations de ses propriétaires, l’usine sidérurgique dans laquelle travaille Alireza est fermée et tous ses employés, sans salaire depuis plusieurs mois, sont brutalement mis au chômage. Contraint de retourner vivre chez ses parents âgés, il y retrouve Leila, sa sœur célibataire, seule de leur fratrie à occuper encore un emploi rémunérateur. Quand elle apprend que les toilettes publiques de la galerie commerciale, où leur aîné Parviz est agent d’entretien, vont être transformées en plusieurs boutiques, Leila convainc ses frères de s’en porter acquéreurs ensemble. Alors qu’ils peinent à réunir l’argent nécessaire, Esmail, leur vieux père, garde jalousement un petit trésor – quarante pièces d’or, qu'il compte offrir en cadeau de mariage au fils de son cousin Bayram, dans l’espoir d’être choisi comme le nouveau parrain des Jourablou, son clan familial…

Règlement de comptes 
Après La loi de Téhéran – déjà avec Navid Mohammadzadeh (Alireza) –, Saeed Roustayi s’attaque aux méfaits du patriarcat et des traditions qui entravent l’existence de la jeunesse. Dans un Iran à deux vitesses, où la crise économique et les conséquences inflationnistes des sanctions internationales soumettent la classe moyenne à un brutal déclassement tandis que quelques malins s’enrichissent en toute illégalité, les Jourablou, criblés de dettes, sont pris en étau. Seule à faire preuve de discernement, Leila (Taraneh Alidoosti, révélée par Asghar Fahradi dans La fête du feu, avant de jouer dans À propos d’Elly et Le client) parviendra-t-elle à les sauver ? Entre portrait de famille, tableau sociologique et règlement de comptes intergénérationnel, un film bouleversant qui a valu à son jeune réalisateur d’être frappé par la répression du régime des mollahs : après avoir présenté Leila et ses frères à Cannes en 2022, où le film a été décoré de deux prix, Saeed Roustayi et son producteur iranien ont été condamnés à six mois de prison pour avoir alimenté "la propagande de l’opposition contre le pouvoir islamique". Une peine assortie pour le cinéaste d’une interdiction de tourner de cinq ans.