Bruno Reidal, confession d'un meurtrier

1er septembre 1905. Bruno Reidal, jeune paysan et séminariste cantalien, se livre aux autorités après avoir tué le petit François Raulhac, 12 ans, dont le corps décapité gît dans la forêt. Incarcéré, il est interrogé par le professeur Alexandre Lacassagne, chargé du rapport médico-légal, qui lui propose, dans l'objectif de mieux le comprendre, d'écrire le récit détaillé de sa vie…

Mise à nu
Un visage parcouru de spasmes, déformé par l'effort, et bientôt éclaboussé de sang… La violence du geste, d'abord laissée hors champ avant sa terrible reconstitution dans la partie finale, contraste avec la douceur de la voix et l'apparence quelconque du jeune homme qui vient se constituer prisonnier. Pour son premier long métrage, impressionnant de maîtrise, Vincent Le Port se saisit des pages que le véritable Bruno Reidal a noircies depuis sa cellule. Tandis que les confessions du tueur, pénétrées d'une déconcertante lucidité distanciée, résonnent en voix off, les bribes de sa courte existence prennent vie à l'écran, dans des tableaux méticuleux du monde paysan du début du XXe siècle : la rudesse d'une mère irascible, l'égorgement traumatisant d'un cochon, le désir précoce de supplicier ses camarades de classe, sur fond de complexe social, le viol subi à 10 ans, la décharge de ses pulsions meurtrières dans une fièvre masturbatoire teintée de culpabilité… En émerge le portrait d'un jeune homme torturé qui, dès l'enfance, a lutté contre des penchants dont l'origine demeure inexpliquée. Dans le sillage de trois jeunes comédiens époustouflants, incarnations du meurtrier à différents âges de sa vie, une troublante exploration des abîmes de l'âme humaine.