Stonehouse : député, amant et espion (1/3)

Fin des années 1960, en Angleterre. Fils de syndicalistes, au service de la Royal Air Force durant la Seconde Guerre mondiale, le député quadragénaire John Stonehouse cumule les atouts aux yeux du Premier ministre travailliste Harold Wilson, qui souhaite rajeunir ses troupes. Voilà John promu ministre de l’Aviation. Mais piégé par une interprète lors d’un voyage en Tchécoslovaquie, il devient espion pour l’ennemi communiste... sans éprouver la moindre culpabilité. Au contraire : les billets pleuvent et John mène la grande vie.

Le pitre et le néant
À la fin des années 1960, il était présenté comme l’étoile montante du Labour, qui l'envoyait ferrailler sur les plateaux télé contre une autre figure prometteuse, Margaret Thatcher. Mais John Stonehouse n’était qu’une coquille vide. Imbu de lui-même, le député-ministre a failli dans tous les rôles qu’il a endossés : espion calamiteux, mari infidèle trop voyant, entrepreneur aussi avide que désastreux... En trois épisodes, cette minisérie dynamite le portrait classique en misant sur l’absurde, le loufoque, grâce à une palette de couleurs savoureusement kitsch et à la prestation clownesque du génial Matthew Macfadyen (Golden Globe 2024 pour son rôle dans Succession). Au travers de ce personnage bien réel qui est allé jusqu’à orchestrer son faux décès, Stonehouse offre une satire délicieusement féroce du monde politique britannique.