Gustav Mahler : Résurrection

Méditation sur la disparition de toutes choses et affirmation de la foi en la puissance créatrice, la Symphonie n° 2 en ut mineur "Résurrection" reste sans aucun doute la plus populaire des œuvres de Gustav Mahler dans ce registre. En 2022, l’iconoclaste Romeo Castellucci (sa version du Requiem de Mozart trois ans plus tôt avait fait grand bruit) proposait une relecture radicale de cette fresque existentielle en ouverture du festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence.

Violence et démesure
Le stadium de Vitrolles, créé par l’architecte Rudy Ricciotti et inauguré en 1994, n’avait pas reçu de public depuis plus de vingt ans. Ce "cube" de béton noir à l’abandon, vandalisé et laissé en friche, a été partiellement réhabilité à l’initiative de Romeo Castellucci. Dans cette mise en scène hors normes, le plateau, d’abord foulé par un cheval blanc, devient le théâtre d’une intervention éprouvante : après la découverte d’un cadavre, une équipe de l’UNHCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés, jouée par des comédiens et des figurants en combinaison, remue la terre où sont enfouis des dizaines de corps, exhumés et placés dans des linceuls, jusqu’au surgissement d’une pluie libératrice. Un spectacle sidérant, dans lequel la musique de Mahler, dirigée par le Finlandais Esa-Pekka Salonen et interprétée par Marianne Crebassa, Golda Schultz, l’Orchestre de Paris et son Chœur, n’a jamais semblé aussi suffocante et consolante à la fois.