Les filets vides

Amir et Narges s'aiment. Le jeune homme livre les gâteaux de la pâtisserie où travaille sa petite amie. Le soir, ils s'isolent en périphérie de la ville, à l'abri des regards et de la famille de Narges, dont les mœurs strictes interdisent toute relation avant le mariage. Du fait de sa position sociale privilégiée, le mariage avec Narges coûtera cher, environ 100 millions de rials, sans compter la dot qui doit s'élever à autant de pièces d'or que l'année de naissance de la jeune femme. À bout de solutions après son licenciement, Amir se fait embaucher dans une pêcherie sur la côte caspienne, où il est logé et chargé de relever les filets. Tandis qu'il se lie avec son colocataire, un blogueur recherché par le régime qui cherche à fuir par la mer, Amir s'intègre au monde des pêcheurs et saute sur la moindre occasion de gagner de l'argent supplémentaire, y compris quand celle-ci le précipite dans la pêche nocturne illégale et le trafic de caviar...

Poignant et cinégénique
Le premier long métrage du réalisateur germano-iranien Behrooz Karamizade, après plusieurs courts et des documentaires récompensés, plonge dans la nuit iranienne, les néons blafards de ses villes et le bleu laiteux des plages de la mer Caspienne, pour dépeindre le quotidien d'une bande de pêcheurs tenus par un chef criminel dont le périlleux trafic rapporte gros. Par les yeux du jeune Amir, que son amour naïf pour Narges amène à sacrifier ses valeurs morales, on est violemment frappé par l’injustice sociale qui règne dans la République islamique et pousse au pire. Un polar néoréaliste poignant qui retient délicatement ses dialogues au profit d'une photographie magnifique.