Harka

Dans une petite ville de Tunisie, Ali subsiste en vendant de l’essence de contrebande. Dix ans après la révolution qui a embrasé le pays, la pauvreté demeure toujours aussi endémique, le chômage contraignant les plus démunis à survivre de combines. Squattant dans l’immeuble en construction d’un chantier abandonné, le jeune homme rêve de fuir à l’étranger. Mais la déveine le rattrape une fois de plus : à la mort de son père, il est contraint de veiller sur ses deux jeunes sœurs et apprend qu’une saisie menace la maison familiale à cause de dettes impayées. Ali doit trouver de l’argent au plus vite, quitte à prendre de plus en plus de risques.

La révolte ou la folie
Retour à Sidi Bouzid. Pour son premier long métrage de fiction, Lotfy Nathan s’inspire de la vie du jeune vendeur de légumes Mohamed Bouazizi, dont l’immolation publique en décembre 2010 avait déclenché la révolution populaire tunisienne. Sec comme un coup de trique, dépenaillé et peu loquace, Ali semble lui aussi en proie à une combustion lente qui le dévore de l’intérieur. Face à la misère et à la corruption généralisée – la police l’oblige à lui verser une dîme chaque jour pour vendre ses deux bidons d’essence sur le trottoir –, il tente de déjouer la malédiction qui s’acharne sur lui, mais échoue et empile frustrations et colères, qui le conduisent inexorablement sur le chemin de la révolte – ou de la folie. Porté par le très intense Adam Bessa, ce thriller solaire et stylisé tend un miroir sans fard à un pays toujours harassé par l’injustice, où les échos du printemps arabe semblent de plus en plus ténus, et où tout espoir paraît depuis longtemps anéanti.