Rimini

De retour de l'enterrement de sa mère en Autriche, Richie Bravo, crooner vieillissant, reprend ses habitudes dans la station balnéaire italienne où il se produit, à Rimini, sur la côte Adriatique. Lorsqu'il ne chante pas les titres qui ont fait sa gloire passée pour un public de seniors en voyages organisés, le célibataire endurci rejoint certaines de ses fans dans des chambres d'hôtel miteuses et leur fait l'amour contre quelques billets. Le reste du temps, Richie traîne dans les cafés de la station balnéaire déserte à l'approche de l'hiver, boit dès le matin et chante seul, dans la villa acquise au temps de ses succès, les tubes qui l'ont rendu célèbre. Un soir, sa fille Tessa, qu'il n'a pas vue depuis douze ans, débarque à l'improviste après l'un de ses concerts. Rouvrir de vieilles plaies n'intéresse pas la jeune femme : elle ne veut que l'argent des pensions alimentaires que Richie n'a jamais payées.

Combien tu m'aimes
L'amour, Richie n'a que ce mot à la bouche – qu'il le chante dans un style "variétoche" sirupeux à souhait, qu'il le démontre, sourire aux lèvres, aux femmes délaissées qui n'ont connu la tendresse que par ses disques, ou qu’il tente d’en prodiguer à sa fille, vaccinée à ce sujet. C'est toute la force de ce film déchirant du réalisateur autrichien Ulrich Seidl (auteur de la trilogie Paradis), qui pointe, de film en film, l'ultrasolitude contemporaine et un Occident au stade terminal de la décrépitude. Dans les hôtels vides de cette station balnéaire où passent les silhouettes fantomatiques de migrants, les femmes qui s'abandonnent dans les bras de Richie (formidable Michael Thomas) se délectent de sa présence chaleureuse et de ses beaux mensonges, enfin placées sur un piédestal, enfin aimées. Chaque instant ainsi arraché au malheur semble vital : aucune n'est dupe, toutes sont désespérées. Bouleversant.