Olivier Père

Jeunesse perdue de Pietro Germi

Un homme est tué lors d’un braquage par une bande de jeunes. Pour mener l’enquête, un inspecteur s’infiltre à l’université en se faisant passer pour un étudiant. Il va vite localiser un suspect, mais aussi tomber amoureux de sa sœur. Avec son deuxième long-métrage Jeunesse perdue (Gioventù perduta), Pietro Germi offre un remarquable témoignage sur la crise morale qui s’abat sur l’Europe après la Seconde Guerre mondiale, la même année qu’Allemagne année zéro. Mais le traitement est à l’opposé du cinéma néo-réaliste selon Rossellini. Germi, comme le Lattuada du Bandit et de Sans pitié, s’inspire du film noir américain, capable lui aussi d’aborder des problèmes sociaux par le prisme d’histoires criminelles. Germi emploie dans Jeunesse perdue des vedettes de la nouvelle génération de l’époque, Massimo Girotti et Carla Del Poggio, et offre à l’acteur français Jacques Sernas son meilleur rôle, celui d’un assassin psychopathe. Il s’agit d’une enquête policière dans le milieu estudiantin, montrant que les classes favorisées n’étaient pas épargnées par la flambée de violence et de délinquance juvénile survenue au début des années 1950, nouveau fléau dans l’Italie de l’après-guerre, conséquence de la défaite matérielle et morale laissée en héritage par le fascisme.

Ce classique méconnu en France du cinéma italien se révèle un film glaçant et passionnant, venant rappeler le talent de Pietro Germi, qui a raconté son pays par le prisme des genres cinématographiques : comédies, mais aussi western (Au nom de la loi, le premier film sur la mafia) et film noir avec Jeunesse perdue, sur les activités criminelles d’un jeune homme, fils d’universitaire, dont la beauté angélique dissimule une absence totale de morale et un sadisme froid.

 

Film édité en combo DVD/BR par Tamasa, dans la collection dédiée au cinéma italien.

 

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