Olivier Père

L’Attaque des fourgons blindés de Bruce Beresford

Grand film trop méconnu du cinéma australien, L’Attaque des fourgons blindés (Money Movers, 1978), distribué discrètement en France huit ans après sa réalisation, est enfin disponible dans une belle édition Blu-ray. Le long métrage de Bruce Beresford dépasse le cadre strict de l’Ozploitation (il n’en possède pas les outrances) et se révèle un admirable film noir, nerveux et brutal, sur le thème de la corruption morale. Beresford fut l’un des principaux artisans du cinéma australien moderne, plus discret de Peter Weir ou George Miller en raison du caractère peu saillant de sa carrière internationale (malgré les oscars de Miss Daisy et son chauffeur). L’Attaque des fourgons blindés est un titre à part dans sa filmographie car il s’agit d’une œuvre violente qui pose un regard sévère sur un échantillon d’humanité particulièrement pourri. Un fourgon blindé des services de sécurité Darcy transportant le salaire de centaines d’employés est intercepté par des hommes armes. Ils s’emparent du butin mais ils sont bientôt tous abattus par Dino, tueur à gages qui travaille pour le compte de Henderson, chef de gang. La question d’une possible complicité de membres de la compagnie est rapidement posée. C’est le début d’une enquête interne, mais aussi d’un plan qui se veut infaillible pour rafler encore plus gros. Tueurs, mafiosi, policiers, employés, syndicalistes, patrons… Tous sont mis dans le même panier. Ils ont presque tous quelque chose à se reprocher, et sont prêts à tout pour l’argent. Le réalisateur chorégraphie une danse de mort impitoyable autour de la trahison et l’avidité, digne des meilleurs romans et films « hard-boiled » américains. Comme nous sommes en Australie, le résultat se révèle encore plus trivial et cruel, à l’image de ce pays où la sauvagerie sommeille, même au coeur des grandes villes – du moins à l’époque du tournage. Le film offre une galerie de personnages inoubliables, un suspense haletant et des rebondissements imprévisibles, jusqu’au braquage final. Grand plaisir de cinéma à la maison. Voici l’une des plus belles redécouvertes de l’année écoulée.

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