En Polynésie française, sur une île paradisiaque, une petite communauté pluriethnique vit au rythme des typhons, des bagarres et des cérémonies religieuses. Au crépuscule de la longue carrière de John Ford, La Taverne de l’Irlandais (Donovan’s Reef, 1963) constitue une véritable pause récréative dans l’œuvre du cinéaste, et lui permet de retrouver John Wayne, pour la dernière fois. Cette comédie exotique lui offre aussi l’occasion de revenir avec légèreté sur des thèmes qui irriguent son cinéma. Ford se moque des puritains et des bigots, exalte l’amour et les plaisirs de la vie, la beauté de la nature, l’importance de la spiritualité. La Taverne de l’Irlandais est une relecture décontractée – mais toujours enchanteresse sur le plan visuel – de The Hurricane, mélodrame tourné par Ford en 1937 dans les mêmes décors des colonies françaises de l’Océan Pacifique, avec déjà Dorothy Lamour. Le cinéaste y exprime une nouvelle fois sa haine du racisme, de l’hypocrisie des moralistes et de toute forme de discrimination. Il ridiculise le sentiment de supériorité qu’éprouvent la plupart des Américains devant d’autres cultures, ethnies et civilisations. Les accès de drôlerie et de régression infantile, les gags rustiques n’empêchent pas, comme toujours chez Ford, de magnifiques moments de poésie élégiaque et de mélancolie.
On n’en finit pas de redécouvrir et d’admirer l’œuvre de John Ford, et pas seulement ses westerns, grâce aux différentes sociétés d’édition de films en support physique, comme Sidonis Calysta qui réédite enfin ce film encore trop mésestimé, y compris parmi les fervents défenseurs du cinéaste. Dans les suppléments, le cinéphile passionné Noel Simsolo revient sur la relation cinématographique entre Ford et Wayne.



Laisser un commentaire