Olivier Père

Le Piège et Fou à tuer de David Schmoeller

Hasard de l’édition Blu-ray, Carlotta et Sidonis mettent à l’honneur David Schmoeller, en permettant de revoir ses deux films les plus notables. David Schmoeller est un cinéaste américain né en 1947 à Louisville dans le Kentucky. Ses débuts cinématographiques sont marqués par deux modestes réussites dans le domaine de l’horreur et du fantastique, produites sous l’égide de Charles Band, entrepreneur du cinéma d’exploitation, très inspiré par Roger Corman et spécialisé dans des films de genre à petits budgets fabriqués à la chaîne, fondateur d’Empire Pictures en 1983 puis de Full Moon Productions en 1988. Le premier long métrage de Schmoeller, Le Piège (Tourist Trap,1979), est un efficace “shocker” qui organise la rencontre entre Psychose, Massacre à la tronçonneuse et Le Cabinet des figures de cire. Cette histoire de tueur psychopathe qui transforme les vacanciers égarés en mannequins macabres réserve plusieurs surprises et de belles idées de mise en scène. Schmoeller fait preuve d’imagination dans la mise à mort des membres d’un groupe d’amis, tous réduits à l’état de pantins. L’inquiétant Chuck Connors, rescapé de nombreux westerns, y trouve le grand rôle de sa fin de carrière, en tueur schizophrène qui révèle des dons de télékinésie.  Fou à tuer (Crawlspace, 1986) est le troisième long métrage de Schmoeller,  une nouvelle fois en compagnie du producteur Charles Band et du compositeur vénitien Pino Donaggio, célèbre pour sa collaboration avec Brian De Palma. Le film revisite, dans un contexte différent, le motif de la victime piégée par un esprit sadique et tout-puissant, qui aime jouer avec ses proies avant de les exécuter. Il s’agit d’un huis-clos très minimaliste qui se déroule entièrement dans un immeuble reconstitué en studio à Rome, avec une poignée de personnages. Fou à tuer est un festival Klaus Kinski, dont c’est la dernière composition véritablement marquante. Dans le rôle d’un fils de criminel nazi, voyeur, tortionnaire, adepte de la roulette russe et de l’empalement, Kinski récapitule ici les personnages malsains, pervers et malades qu’il a si souvent incarné avec délectation. Comme à son habitude, Kinski transforma par ses caprices et sa mauvaise humeur le plateau du film en cauchemar pour son réalisateur et toute l’équipe. Schmoeller est revenu en 1999 sur cette expérience hors normes avec le court métrage ironique Please Kill Mr. Kinski, constitué d’images d’archives du tournage avec un Kinski en plein délire. Après Fou à tuer David Schmoeller est rester fidèle à Charles Band et ses sociétés de production successives pour lesquelles il a réalisé et surtout écrit de nombreux films fantastiques et de science-fiction progressivement destinés au marché exclusif de la vidéo. Schmoeller est notamment le scénariste attitré de la franchise Puppet Master dont il avait mis en scène le premier épisode en 1989. Cette petite série B à l’ancienne confirmait, après Tourist Trap, le goût de Schmoeller pour les marionnettes et les automates.

Le Piège est disponible en blu-ray dans la Midnight Collection de Carlotta dédiée au cinéma d’exploitation.

Fou à tuer est disponible en combo DVD/Blu-ray dans la collection Cauchemar de Sidonis/Calysta.

 

 

 

Catégories : Actualités

Un commentaire

  1. Le Chancellor dit :

    Bonjour Monsieur Père, j’ai beaucoup apprécié l’édition de Fou à Tuer ainsi que votre intervention dans les bonus du films que j’ai trouvais très enrichissante. Empire Pictures ne manque pas de classiques à évoquer (Trancers, Reanimator, Robot Jox, From Beyond, Dolls etc…) mais également la Full Moon Features de Charles Band qui fait souvent la par belle aux productions pour enfants (Prehysteria par exemple), à l’érotisme sous-jacent (The Killer Eye) et à une flopée de séries B ou bisseries pas piqués des hannetons, ayant permis à quelques autres réalisateurs de briller tel que Albert Pyun avec son Dollman, David DeCoteau et son Creepozoids, Ted Nicolaou et ses Subspecies… Il y a aussi de sympathiques péloches dans le cinéma underground par le biais de Spasmo Video et Uncut Movies (tel que les oeuvres vénérable de Olaf Ittenbach). J’ajouterai que j’aime beaucoup certaines critiques de votre blog, notamment celle sur Street Trash qui est probablement mon film préféré ! J’écris moi-même un grand registre de critiques de films (185 à ce jour avec un objectif de 1000) avec une approche similaire à la votre mais aussi souvent véhémente voir virulente sur des faits de société, et également décalé un peu comme ma personnalité… Je me permet de vous partager ma propre page : https://www.senscritique.com/Le-Chancellor , j’aspire un jour à exercer un métier en rapport avec le cinéma. Pourquoi pas me faire produire une bisserie irrévérencieuse par Arte France ? Ahah ! Bonne continuation et merci pour ce que vous faites !

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