Olivier Père

El topo de Alejandro Jodorowsky

Du 13 au 17 mars se tiendra à la Cinémathèque française (et dans quelques autres salles parisiennes) la 7ème édition de « Toute la mémoire du monde », festival international du film restauré. Dans le cadre d’une programmation toujours aussi riche et variée, la Cinémathèque accueillera Jerzy Skolimowski et Garreth Brown (invités d’honneur), tandis que Nicolas Winding Refn sera le parrain du festival. Ce dernier, en plus de ses propres films, viendra présenter plusieurs films choisis pour sa carte blanche : Les Prédateurs, Fat City, Caligula, Scorpio Rising… et, sans grande surprise, El topo. Refn a en effet régulièrement clamé son admiration pour Jodorowsky, dont le cinéma halluciné n’a pas manqué d’influencer des films comme Valhalla Rising ou Only God Forgives.

Alejandro Jodorowsky est un artiste multicarte dont chaque film est la trace d’une aventure, d’une vision ou d’une expérience encore plus folle, effrayante ou dangereuse que le résultat à l’écran, comparable en cela à Dario Argento ou Werner Herzog. Alejandro Jodorowsky, issu d’une famille de juifs russes exilés en Amérique du Sud, né au Chili en 1929, Français d’adoption, crée le mouvement Panique avec Topor et Arrabal et réalise ses premiers longs métrages au Mexique. D’abord Fando et Lis (Fando y Lis, 1968) d’après une pièce d’Arrabal puis le célèbre El topo en 1970. El topo est un western baroque et sanglant, mais aussi un trip métaphysique qui ne lésine pas sur les hommages à Buñuel, Tod Browning et le théâtre de la cruauté d’Artaud. Un pistolero énigmatique interprété par le cinéaste, flanqué de son fils de huit ans, affronte des bandits et les maîtres du désert avant de connaître plusieurs transformations au gré d’une quête spirituelle. D’abord justicier vêtu de noir, quelque part entre Zorro, Elvis Presley et un rabbin selon la définition du cinéaste, El topo (la taupe) sème la mort sur son chemin, impliquant son fils dans ses expéditions punitives, comme l’ancien bourreau Itto Ogami et le petit Daïgoro dans la saga japonaise Baby Cart.

Devenu un demi-Dieu adoré par une communauté troglodyte d’infirmes et de nains, il renaît en moine errant jeté dans une ville de pionniers en proie au fascisme et à la décadence. Jodorowsky invente un cinéma mystique et halluciné dont il déclinera ensuite l’esthétique sauvage et les outrances graphiques dans des bandes dessinées.

El topo va rencontrer un succès monstre auprès des hippies du monde entier, et continue d’enthousiasmer les nouvelles générations de spectateurs. El topo a inauguré aux États-Unis la mode des séances de minuit hebdomadaires où se ruent comme à la messe les fanatiques du film, plusieurs années avant Pink Flamingos ou Eraserhead

 

El Topo sera projeté samedi 16 mars à 14h30, salle Henri Langlois, en 35 mm.

Séance suivie d’une discussion entre Alejandro Jodorowski et Nicolas Winding Refn.

Voir le programme complet de « Toute la mémoire du monde » sur le site de la Cinémathèque française.

Catégories : Actualités

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