Olivier Père

La Colline a des yeux de Wes Craven

Les deux premiers films de Wes Craven ont posé dans les années 70 les bases d’une horreur hyperréaliste, plus proche du cinéma d’exploitation gore et pornographique que du fantastique traditionnel héritier de la peinture ou de la littérature. Malgré des dérapages – contrôlés – dans le Grand-Guignol, des emprunts au conte ou à la chanson de geste et l’intrusion parcimonieuse du suspens, La Dernière Maison sur la gauche (Last House on the Left, 1972) et La Colline a des yeux (The Hills Have Eyes, 1977) adoptent une forme pseudo documentaire afin de rendre plus éprouvants encore les chocs subis par les personnages, et les spectateurs.

Deuxième « shocker » de Wes Craven après La Dernière Maison sur la gauche, La Colline a des yeux est un nouveau récit d’horreur et de violence qui met à mal la famille américaine. Des vacanciers perdus en plein désert sont attaqués par une horde de cannibales dégénérés. Comme dans La Dernière Maison sur la gauche, ce sont deux familles qui s’affrontent : une famille traditionnelle américaine, fidèle aux valeurs du pays, et une famille dysfonctionnelle de monstres humains. Malgré l’amateurisme du tournage, le film réserve de bons moments d’hystérie et Craven démontre avec ce petit classique de l’horreur moderne que sous le vernis de la civilisation, la barbarie ne tarde pas à ressurgir en chacun de nous lorsqu’il s’agit de défendre sa propriété ou ses enfants. Une fois encore, le cinéaste se plaît à révéler la barbarie tribale enfouie sous le vernis de la civilisation, le retour de réflexes pulsionnels d’agression ou de survie, assène aux spectateurs des images insoutenables, dérangeantes. La colline a des yeux, proche par certains aspects de Massacre à la tronçonneuse, nous rappelle aussi que dans le cinéma américain des années 70, loin de Hollywood, les notions d’indépendance artistique, de provocation visuelle et de subversion politique n’étaient pas encore galvaudées.

La Colline a des yeux de Wes Craven

La Colline a des yeux de Wes Craven

 

La Colline a des yeux ressort mercredi 23 novembre en salles (distribué par Carlotta), et le 7 décembre en coffret DVD et blu-ray avec de nombreux suppléments et un livre exclusif de 200 pages (édité par Program Store).

 

« Wes Craven, quelle horreur ? » essai d’Emmanuel Levaufre publié par Capricci. Levaufre y analyse principalement, et brillamment, Scream, Les Griffes de la nuit et La Dernière Maison sur la gauche, qu’il considère comme le meilleur et plus important film de son auteur, accordant moins ou aucune place aux autres titres de Craven.

Cet essai propose en fait une réflexion plus générale sur l’évolution et les métamorphoses du cinéma fantastique et d’horreur à partir des années 70.

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