Jane par Charlotte

85 min

Jane Birkin se dévoile sous la caméra de sa fille, Charlotte Gainsbourg. Sondant leur relation tissée de tendresse, d’admiration et de non-dits, cette déclaration d’amour charrie une élégante mélancolie, à l'image de son duo. 

"Mon idée, c’est de pouvoir te regarder comme jamais je t’ai regardée, ou j’ai osé te regarder." Fendant la pudeur qu’elles ressentent depuis toujours "l’une en face de l’autre", "Charlotte" passe derrière la caméra pour filmer "Jane" et la questionner de sa douce voix. De Tokyo à New York, où la seconde se produit dans le cadre de sa tournée hommage à Serge Gainsbourg, en passant par sa maison bretonne, refuge de bric et de broc rempli de son incapacité à jeter, Charlotte interroge, au fil de leurs retrouvailles étalées sur quatre années, les souvenirs, les choix de vie et les états d’âme de celle qui lui a donné la vie. Sans fard, Jane évoque tour à tour ses insomnies, ses débuts sur scène en 1987 ("Quelle nudité, quel affolement !"), son rapport au temps, qui froisse les visages mais épargne les voix, sa culpabilité maternelle ("Souvent, je me suis pas sentie responsable, je me suis comportée comme une mère enfant, copine…"), ses longues heures passées à regarder le plafond depuis le suicide de Kate, sa première fille, née de son union avec le compositeur John Barry… Toutes les deux se rendent aussi rue de Verneuil, à Paris, dans la maison de Serge Gainsbourg, que Charlotte s’apprête alors à ouvrir au public. Une virée pleine d’émotion dans un lieu demeuré intact, peuplé des vestiges d’un bonheur partagé. "C’est tout de même un peu comme d’être dans un rêve", souffle Jane Birkin, qui n'y était jamais retournée… 

Dialogue intime 
Loin des apparitions fictionnelles de Jane B. par Agnès V., le fantasque portrait que lui consacrait Agnès Varda en 1988, c’est dans une délicate intimité – dans laquelle s’invite Jo Attal, la petite dernière de Charlotte – que l’"ex-fan des sixties" se livre à sa fille, qui en profite pour la photographier sous tous les angles. L’exercice pourrait s’avérer voyeur s’il n’était infusé de la finesse de sa réalisatrice et de la sincérité désarmante de son sujet, dont on ne se lasse pas d’écouter les confidences sagaces, ponctuées de délicieuses fautes de syntaxe avec accent. Alors que la chanteuse et comédienne s’est éteinte en juillet 2023, ce beau portrait, émaillé des clichés capturés par Charlotte et de lumineux films de vacances en super-8, apparaît rétrospectivement comme une poignante tentative d’arrêter le temps, doublée d’une réflexion sensible sur la transmission.

Réalisation

Charlotte Gainsbourg

Pays

France

Année

2021

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