Le messager

Été 1900, dans le comté de Norfolk. Le jeune Leo, d'extraction modeste, est invité à séjourner à Brandham Hall, propriété de la famille d’un camarade d'internat. Impressionné par le faste des lieux, le garçon est plus ébloui encore par la sœur aînée de son ami, Marian. Profitant de sa dévotion, la belle le charge de porter en secret des missives à son amant, le fermier Ted Burgess. Après avoir appris les fiançailles de Marian avec le vicomte Hugh Trimingham, revenu balafré de la guerre des Boers, Leo essaie, en vain, de fuir le drame qui s’annonce...

Enfance blessée
"Le passé est un pays étranger." Ces mots, prononcés en voix off, sont ceux d’un homme vieilli, qui s’apprête à se repencher sur l’été de ses 13 ans et la blessure inguérissable qu’il lui a laissée. Car s’il s'épanouit dans une campagne anglaise nimbée de lumière, Le messager, sous ses dehors bucoliques, met en scène un récit d’apprentissage infiniment cruel, appuyé par les accords chargés de tension – et aujourd’hui cultes – de Michel Legrand. Gamin au cœur pur, Leo (Dominic Guard), en jouant les facteurs, devient le complice d’un amour interdit et la victime sacrifiée de l’égoïsme des adultes. Malgré l’affection qu’ils semblent lui porter, Ted (Alan Bates) et Marian (Julie Christie) ne reculent devant rien pour balayer ses réticences, l’un en lui promettant de l’instruire sur la sexualité, l’autre en piétinant ses sentiments avec des semonces imprégnées de mépris social. Sur un scénario d’Harold Pinter adapté d’un roman de L. P. Hartley, un grand film de Joseph Losey, Palme d’or en 1971, servi par un casting impeccable et une mise en scène qui chevauche subtilement les temporalités.