Des morceaux de moi

Un été dans une petite ville de province, Erell, ado mal dans sa peau, trompe l’ennui en filmant ses proches avec sa caméra numérique : parmi eux, Christine, sa mère atteinte d’une sclérose en plaques, avec laquelle elle entretient des relations conflictuelles, et Edern, son père, ouvrier d’usine et entomologiste amateur. Dès qu’elle le peut, Erell retrouve Javier, Majeur, Marie-Antoinette et Gabin, sa bande de copains, avec qui elle zone à la baraque à frites de Bob, l’oncle de Duncan, un jeune Écossais qui lui a tapé dans l’œil. Un beau jour, alors qu’elle n’a plus donné de nouvelles depuis deux ans, Sarah, la sœur aînée d’Erell, revient au domicile familial. Enceinte de six mois, elle est accompagnée d’Antoine, son fiancé…

Fureur de vivre
Pour son premier long métrage, Nolwenn Lemesle (Les héritières) signe une attachante chronique familiale qui avance par petites touches et explore le passage d’une adolescente rebelle à l’âge adulte. Un journal filmé offre à Erell de poser un filtre entre soi et le monde – comme lorsqu’elle interroge son père lunatique (formidable Tchéky Karyo) sur la disparition de sa sœur ou qu’elle converse avec sa mère, malade, incarnée avec justesse par Zabou Breitman, qui la rejette constamment. En ado blessée, affamée d’amour depuis que sa sœur aînée a quitté le domicile familial, Adèle Exarchopoulos crève l’écran : la jeune actrice sera révélée au grand public la même année dans La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche, Palme d’or à Cannes, où elle partage l’affiche avec Léa Seydoux. Son talent explose déjà dans Des morceaux de moi, dans lequel elle passe avec brio de la douceur à la violence, pour finir d’achever sa mue et déchirer sa chrysalide – mais, à l'inverse des papillons figés sous verre de son père, sans se laisser épingler.