Radiographie d'une famille
82 min
Disponible jusqu'au 19/06/2024
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Au travers d’un puzzle de photos et de dialogues fictifs, Firouzeh Khosrovani recompose le passé de sa famille et sonde ses déchirures, miroir éclaté des fractures de son pays, l’Iran. Un bouleversant récit en forme de conte persan.
"Maman s’est mariée avec la photo de papa." Dans les années 1960, Hossein, étudiant en radiologie en Suisse, s’éprend le temps d’un été en Iran de la jeune Tayi, de dix-huit ans sa cadette. Avant qu’elle ne le rejoigne à Genève, leur union est célébrée à Téhéran sans lui, seulement représenté par son image en noir et blanc. Musulmane pratiquante, Tayi s’inquiète de son exil en Europe et de la perte de son identité, comme elle s’en ouvre à un ayatollah avant son départ, quand Hossein, mélomane et photographe, s’y épanouit, entre fêtes cosmopolites et débats au café. Première fêlure : la jeune femme retire son hidjab à contrecœur. Puis elle se casse le dos lors d’une sortie contrainte à ski. Lorsqu’elle apprend qu’elle attend un enfant, la future maman exige de rentrer en Iran. De retour à Téhéran, le couple se délite peu à peu, en silence. Réconciliée avec elle-même et bientôt dopée par la révolution islamique qui s’annonce et dont elle rejoint les rangs corps et âme, Tayi prend le pouvoir au foyer. Dans l’immense salon disparaissent les vestiges des péchés d’Occident, et l’envoûtant murmure des prières remplace les sonates de Bach et les poèmes de Hafez chers à Hossein, dont le regard s’absente. Leur petite fille Firouzeh, la réalisatrice, grandit, elle, écartelée entre ces mondes étrangers l’un à l’autre, dont elle franchit chaque jour les frontières pour s’assurer l’amour de ses parents.
Déchirure(s)
Recomposant le passé comme un puzzle de photos oubliées, alternant archives personnelles (films en Super 8) et officielles, la cinéaste retrace, entre pudeur et profondeur, l’histoire de ses parents, écho à celle de l’Iran au cours du demi-siècle, comme un conte persan dont elle imagine les dialogues fictifs. Cheminant avec fluidité de l’intime au collectif – et rappelant au passage l’engagement des femmes dans la révolution islamique et la guerre Iran-Irak −, cette œuvre mélancolique, d’une grande beauté visuelle, restitue avec justesse et poésie la bouleversante déchirure d’une famille, métaphore de tout un pays.
Réalisation
Firouzeh Khosrovani
Pays
Norvège
Iran
Suisse
Année
2020