Symphonie n° 7 "Léningrad"

L’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig et l’Orchestre symphonique de Boston conjuguent leurs talents pour interpréter la Symphonie n° 7 de Dimitri Chostakovitch. Avant le partenariat initié par leur directeur musical Andris Nelsons, les deux formations s’étaient réunies une première fois pour un concert en octobre 2019. Une démarche évidente, tant les deux prestigieuses phalanges partagent de points communs. Ainsi, le légendaire Arthur Nikisch les a toutes deux dirigées et l’ancien bâtiment du Gewandhaus – détruit pendant la Seconde Guerre mondiale – a servi de modèle pour la construction en 1900 du Symphony Hall de Boston.

La Symphonie n° 7 de Chostakovitch est un exemple éminent d’œuvre lestée d’un poids politique. Lorsque le compositeur livre ce nouvel opus, la Pravda lui fait dire qu’il le dédie au combat contre le nazisme, à la victoire prochaine et à Léningrad, sa ville natale. Pourtant, nulle trace d’apologie du combat ni de la guerre dans la partition. Pain béni pour la propagande du Kremlin, ce sont les circonstances de sa création qui firent de l’œuvre un symbole de la lutte contre le fascisme par-delà les frontières de l’URSS, et même jusqu’aux États-Unis.

Le premier mouvement s’appuie sur un crescendo orchestral construit autour d'un motif de boléro. Selon la légende soviétique, il symbolise l’avancée de la Wehrmacht. Pourtant, ce prétendu "thème de l’invasion" se trouve déjà dans une passacaille esquissée dès 1940, bien avant la rupture du Pacte germano-soviétique. Chostakovitch ne s’avisa pas de contredire la version officielle. C’est seulement des années après la mort de Staline qu’il reconnaîtra avoir entrepris la composition de la symphonie avant la guerre et non en réaction à l’offensive allemande. Éprouvant autant d’horreur face aux crimes d’Hitler que face à ceux de Staline, le musicien déclarera pleurer toutes les personnes torturées, tourmentées, fusillées ou affamées.

Aujourd’hui, la Septième demeure une formidable mise en garde contre le règne de l’arbitraire et du totalitarisme.

Filmé le 25 mai 2025 au Gewandhaus de Leipzig, Allemagne.