Brexit : journal subjectif

Comment le Royaume sort de l’Union

Un blog d'Agathe Cherki, de Mélanie Chenouard et de Nina Soyez

Brexit : journal subjectif

Comment le Royaume sort de l’Union

Un blog d'Agathe Cherki, de Mélanie Chenouard et de Nina Soyez

“Okay, les mecs, et maintenant on fait quoi ?”

Coup de tonnerre en Europe, le Royaume-Uni a voté pour sa sortie de l’UE le 24 juin dernier. Entraînant démissions, crash boursier, et remises en question, l’application de ce vote va prendre du temps. Heureusement, on est là pour vous résumer les péripéties post-Brexit à base d’anecdotes, d’illustrations et de gifs.

Bref, dans ce blog, Agathe Cherki ,Mélanie Chenouard et Nina Soyez vous racontent la rébarbative histoire du Brexit, en version 2.0 un poil fun !

Besoin d’une séance de rattrage ? Les épisodes précédents, c’est par ici :

Chapitre 27

Le round final ?

Vous connaissez cette impression d’être enfin arrivé au dénouement d’une série et un nouveau rebondissement vient s’ajouter à l’intrigue ? Le Brexit, c’est un peu pareil : à chaque « round » de négociations, on pense en avoir terminé. Aujourd’hui, moins d’un mois avant la fin de la période de transition, la menace du « no deal » est plus réelle que jamais.

Non, c’est toujours pas fini

La fin de l’année 2020 approche et il n’y a pas seulement le coronavirus que l’on aimerait laisser derrière nous, mais également le feuilleton interminable du Brexit : la période de transition, pendant laquelle le Royaume-Uni continue d’appliquer les règles européennes, s’achèvera le 31 décembre.

Depuis mars 2020, Britanniques et Européens tentent de se mettre d’accord sur leurs relations après cette date butoir – quitte à se séparer, autant le faire dans de bons termes. Les négociations ont repris dimanche 6 décembre entre Michel Barnier, négociateur en chef pour l’UE, et David Frost, son homologue britannique. Et, spoiler alert : ça n’avance toujours pas.

Malgré ce sérieux contentieux, pas question d’interrompre les négociations. Boris Johnson avait pourtant posé la date limite d’un accord le 15 octobre 2020, mais il faut croire que le gouvernement britannique tient tout de même à partir avec classe, puisqu’il a ensuite accepté de renouer le dialogue avec l’UE. Plus de trois mois plus tard, le 8 décembre, le gouvernement britannique a finalement annoncé qu’il allait retirer les dispositions controversées du projet de loi, qui violaient tout de même le droit international.

Pour la bonne ambiance, on repassera

Bon, il faut dire que dans l’épisode 26, on s’était quitté sur un projet de loi britannique pour le moins osé, puisqu’il allait à l’encontre de l’accord de divorce signé en 2019 – super ambiance pour les négociations.  On s’ennuie un peu pendant ce Brexit, alors autant y ajouter un peu de piquant !

L’horloge tourne et s’approche du no deal


via GIPHY

Mais aujourd’hui, finies les discussions stériles, le temps presse : plusieurs observateurs qualifient les négociations de début décembre de décisives. Le « no deal », une menace qui pèse sur les pourparlers depuis des mois, pourrait cette fois bien avoir lieu et les échanges entre le Royaume-Uni et l’Union Européennes seraient soumis aux règles de l’Organisation mondiale du commerce, synonymes de droits de douane et de quotas. Et cela pourrait directement impacter… L’acheminement des vaccins contre la covid-19 de l’Union européenne vers le Royaume-Uni. Un crossover des séries « Brexit » et « Covid-19 », en quelque sorte.

Jamais deux sans trois… points de blocage

 

Pour éviter à tout prix ce scénario dont pourraient souffrir les économies européennes déjà en crise, Michel Barnier pourrait se donner jusqu’au mercredi 9 décembre pour trouver un accord, à la veille d’un sommet européen avec les vingt-sept chefs d’État et de gouvernement. Enfin, vu le nombre de dates butoir qui ont été finalement repoussées dans cette affaire, on se demande si les barrières qui empêchent le « deal » seront tombées d’ici là. Il y a trois points de blocage que l’on commence à connaître par cœur : l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques, des conditions de concurrence équitable et enfin les moyens de régler les conflits futurs.

Rendez-vous en 2021 ?

 

via GIPHY

« S’ils ne peuvent pas bouger, pourquoi ne pas considérer qu’on se reverra plus tard l’année prochaine ? »

Nathalie Loiseau

Alors, pourquoi ne pas simplement reporter les négociations et la fin de la période de transition ? Ben oui, on a bien repoussé la date du Brexit plusieurs fois, autant en faire de même avec la période de transition. Comme l’a dit l’eurodéputée centriste Nathalie Loiseau, « s’ils ne peuvent pas bouger, pourquoi ne pas considérer qu’on se reverra plus tard l’année prochaine ? ». Ça ferait durer le suspense. Mais les Britanniques en ont sûrement assez de dédier leurs nuits à des discussions qui n’aboutissent pas et excluent de remettre ça à l’année prochaine. On les comprend, nous aussi on aimerait connaître le fin mot de cette série qui s’étire un peu en longueur.
EPISODE 26

LET’S BREXIT AGAIN (LIKE WE DID LAST YEAR)

LET’S BREXIT AGAIN (LIKE WE DID LAST YEAR)

 - Find & Share on GIPHY

« Non mais sérieux, c’est pas fini ce truc ? » Oui, mes pouvoirs de télépathe sont énormes et je sais ce que vous vous dites devant votre écran. À la vue de ce titre « Brexit again », d’abord vous avez chanté (de rien !), puis déchanté…

Parce que, soyons francs, on n’aurait pas misé un kopeck sur le fait d’être là en septembre 2020, plus de quatre ans après le référendum et plus de sept mois après la sortie officielle du Royaume-Uni de l’UE, à parler encore du Brexit… Faut dire que ces derniers mois, y a eu un autre petit truc qui nous a bien pollué la tête : le coronavirus *

Steve Seriously GIF by Stranger Things - Find & Share on GIPHY
*Brexit vs. Covid

Il aura fallu pas moins d’une pandémie mondiale pour mettre le Brexit en sourdine ! Fin janvier, juste après la séparation, on ne parlait déjà plus de la sortie du Royaume-Uni de l’UE, mais de l’arrivée d’un nouveau virus made in China.

Mais le Brexit a fait de la résistance, et a vite retrouvé la une des journaux. Car qui donc avait bien pu refiler le Covid au Premier Ministre BoJo ? Ca ne pouvait venir que de l’UE ! Et de Michel Barnier himself, tant qu’à faire!

Les médecins s’apprêtaient même, paraît-il, à annoncer le trépas de BoJo. Mais il ne pouvait pas nous quitter comme ça, sans un dernier tour de piste, et sans remettre le Brexit sur le devant de la scène.

Il paraît aussi que les Britanniques rendent l’UE responsable de tous leurs maux, et même de leur météo pluvieuse. C’est en tous cas ce qu’a dit l’ancien chef des Libéraux au Parlement européen et négociateur en chef de celui-ci pour le Brexit, Guy Verhofstadt. S’il a raison, que nos voisins soient rassurés, le soleil va bientôt briller à nouveau ! En juillet dernier, il y avait encore une petite ouverture pour rallonger la période de transition mais ils ne s’y sont pas engouffrés. Donc le 1er janvier 2021, le Brexit aura bel et bien lieu et même le Covid n’a rien pu y changer !

IT TAKES TWO TO TANGO

Tango GIF - Find & Share on GIPHY

Alors oui, ayé, c’est fini… ! Depuis le 31 janvier 2020, l’UE à 28 n’est plus, l’Union Jack ne flotte plus sur le perron des institutions… IT’S OVER ! On est séparés, on a même un compromis de divorce arraché de haute lutte fin 2019… Mais… On ne sait pas encore bien si on fera comme s’il ne s’était jamais rien passé entre nous, genre « t’es qui toi déjà ? », ou si on ne resterait quand même pas un peu proches, parce que bon, on ne tire pas un trait sur 46 ans de mariage comme ça, « nous deux c’est spécial »… En clair, « deal » or « no deal », that is (still) the question…

Pour ne pas dépasser les bornes des limites, le plan était le suivant :  on fait comme si on était encore ensemble jusqu’au 31 décembre 2020, pour se déshabituer doucement – la transition tranquilou. Et d’ici là, on se donne des rendez-vous réguliers (aka « rounds de négociation ») avec notre batterie d’avocats, le cabinet Michel Barnier (négociateur en chef côté UE) et le cabinet David Frost (négociateur en chef côté UK) pour trouver un arrangement sur la pêche, le commerce, la frontière irlandaise… – la rupture tranquilou.

Break Up GIF by Molly Kate Kestner - Find & Share on GIPHY

« Nous aurons alors un accord commercial avec l’Union européenne, comme celui de l’Australie. Je suis tout à fait clair sur ce point, comme nous le disons depuis le début, ce serait une bonne issue pour le Royaume-Uni » 

Boris Johnson 

JOE GIF - Find & Share on GIPHY
Thug life BoJo

Lundi 7 septembre, BoJo, le Premier Ministre britannique aux cheveux de paille, a tapé un peu du poing sur la table : trouvons un accord avant le sommet européen du 15 octobre, sinon c’est NIET, on part comme des rois et on garde l’argenterie, le service à thé et tout le bazar…

Ahhhhhhhhh, la menace du « no deal »… Ça vous avait manqué aussi, non ??!

L’idée de BoJo, c’est de dire que sans accord, pas grave, on fera comme les autres, on fonctionnera avec les règles de l’OMC (Organisation mondiale du commerce).

C’est donc dans cet état d’esprit très… constructif et bienveillant que s’est ouvert ce mardi 8 septembre, Mesdames et Messieurs, le huitième round de négociation !! TADAM !

ET SOUDAIN C’EST LE GRAND N’IMPORTE QUOI !

Hair Flapping GIF - Find & Share on GIPHY

Vous avez aimé le « no deal » ? Vous allez adorer le « no rules » ! En pleine négo donc, le Parlement britannique examinait une loi pour fixer les relations commerciales et douanières avec l’Irlande du Nord. En des termes pas très compatibles avec l’accord de divorce de fin 2019.

Normalement, on fait ça discrètement, en catimini, en loucedé… ? Non, les Britanniques assument ! M. Brandon Lewis, ministre chargé de l’Irlande du Nord, a donc dit que certes, oui, ce projet de loi « viole le droit international d’une manière très spécifique et limitée ». Ah ben si c’est spécifique et limité, ça va !!!

Donc on en est là : un gouvernement dit – tranquilou toujours – « je ne respecte pas le traité international que j’ai signé fin 2019, oui, oui, c’est quoi le problème ? »

L’UE n’a pas tardé à répliquer en chœur et en colère. David Sassoli, président du Parlement européen, a dit, menaçant : « Toute tentative par le Royaume-Uni de saper l’accord aurait de graves conséquences ».

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission d’ajouter, déconfite : « Cela violerait le droit international et saperait la confiance. Pacta sunt servanda : la base de relations futures prospères. »

That Is Not Funny Austin Powers GIF - Find & Share on GIPHY

Nous faisant réviser au passage de vieux cours de droit (et de latin) : « Les pactes doivent être respectés ». Car l’accord de retrait signé fin 2019 a valeur de traité international, qui doit donc s’imposer à la loi britannique…

Même les concitoyens de BoJo ont dit : « Euh… ça va un peu trop loin là ? ». Florilège des petits mots doux entendus à la Chambre des communes. Theresa May, ancienne Première Ministre qui s’était cassé les dents sur le Brexit : « En faisant cela, comment le gouvernement peut-il rassurer ses futurs partenaires internationaux sur la fiabilité du Royaume-Uni en matière de respect des obligations juridiques des accords qu’il signe ? ». Écoutons à présent le leader du parti nationaliste écossais (SNP) à la Chambre, Ian Blackford, qui dénonce des procédés d’ « État voyou ».

Et n’oublions pas la qualification pas piquée des vers du vice-Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, comparant la manœuvre du gouvernement britannique à un acte « kamikaze ».

Et tout ça aurait même conduit M. Jonathan Jones, le plus haut fonctionnaire de l’administration britannique – chef du service juridique rien que ça – à tout simplement démissionner.

N’en jetez plus !

Embarrassed Shame GIF - Find & Share on GIPHY

Résultat des courses : réunion de crise jeudi 10 septembre à Londres pour démêler l’incident. Mais ça a fait flop ! L’UE a demandé aux Britanniques de retirer le projet de loi litigieux avant la fin du mois de septembre, en mode ultimatum. Mais ils ont dit : « non, on continue, on fait ce qu’on veut, on est chez nous » ! Les discussions devraient tout de même reprendre, comme prévu et dans une ambiance électrique, pour un neuvième round, le 28 septembre prochain.

CE QUI COINCE ENCORE

Kid Fail GIF by MOODMAN - Find & Share on GIPHY

Ce qui nous ramène à la question du début : « Non mais sérieux, c’est pas bientôt fini ce truc ? », ou encore : « Non mais sérieux, ils ont pas fini de se prendre la tête ?! ». Eh bien non, ils n’ont pas fini ! Parce que le couple n’arrive pas à se mettre d’accord sur deux sujets essentiellement :

  • La garde partagée… des eaux territoriales ! Autrement dit : les Britanniques autoriseront-ils les Européens à venir pêcher chez eux ? Alors que la sortie de l’UE leur faisait entrevoir de plus gros quotas pour eux-mêmes, certains pays, dont la France, ne sont pas prêts à lâcher le morceau…
  • La concurrence… Eh oui, une fois la liberté retrouvée, « je fais ce que je veux avec mes cheveux ». Eh bien non ! Pas d’accès au marché intérieur de l’Union européenne si les Britanniques n’annoncent pas quelles règles ils comptent adopter, pour les aides d’Etat ou encore la réglementation environnementale, par exemple.

Cette année 2020 n’a pas fini de nous surprendre et on attend le prochain « twist » de cette interminable série !

Épisode 25

La lumière au bout du tunnel

Tout vient à point à qui sait attendre, non ?

Depuis que Boris Johnson aka BoJo a tout misé sur les élections du 12 décembre et en est sorti grand vainqueur, le Brexit n’a jamais été aussi proche (si, si vous allez voir !)

Jamais trois sans quatre 

À force de ténacité et de persévérance, BoJo a fini par obtenir son élection pour défier, tel d’Artagnan son ennemi juré, Corbyn le Rouge. Même s’il a fallu attendre la quatrième tentative, la Chambre des Communes a fini par voter en masse le 29 octobre  pour la tenue du combat d’épée entre les deux chefs de file (seulement 20 députés ont voté contre), le 12 décembre.

Depuis 2017, le parti conservateur ne disposait plus de majorité absolue à la Chambre et leurs rangs se réduisaient comme peau de chagrin après les exclusions, les engueulades, les départs volontaires et les fins de non-recevoir irlandaises quand il s’agissait de soutenir l’accord.

Car l’attitude du Labour et les blocages quasi systématiques de ses députés quand il fallait plancher sur le contenu du Brexit, commençait sérieusement à énerver BoJo.

Pour plus d’efficacité, il a donc trouvé opportun de renouveler la salle de classe. Ce qui veut dire en d’autres termes : obtenir une majorité conservatrice et voir le tapis rouge de la ratification se dérouler devant ses pieds. Un gros coup de bluff politique on peut vous le dire, car la victoire était loin d’être assurée.

So long europe!

Le contexte n’a pourtant pas fait douter une seule seconde BoJo qui a foncé dans le tas les yeux fermés, affublé sans doute de la plus grosse « poker face » de l’année.

Et on peut dire qu’il a sacrément réussi son coup, le bougre. Le 12 décembre, il gagne haut la main les élections qu’il a LUI-MÊME provoquées. Á défaut de « finir dans un fossé », il a pu faire la preuve de ses plus beaux talents de stratège politique.

La défaite fut aussi fatale pour les libéraux-démocrates emmenés par Jo Swinson, cheffe du parti depuis juillet 2019, qui a elle-même perdu sa circonscription natale d’East Dunbartonshire, dans l’ouest de l’Ecosse. Le coup est dur ! Au final, les « Libdems » n’ont pu récolter que 11 minces sièges. Bon ok c’est 11 fois plus que les Greens qui n’ont récolté qu’un siège (oooooops) mais ça reste tout de même bien faible pour un parti qui se voulait incarner une alternative au Brexit.

Le succès électoral fut en effet total pour les Tories qui ont obtenu une majorité absolue de 364 sièges face aux travaillistes qui devront se contenter de 203 députés. L’échec est cuisant pour les pro-européens qui y croyaient encore un peu car désormais le Brexit n’a (presque) plus aucune raison de ne pas avoir lieu.

Après cette défaite historique, Corbyn a vu rouge et a annoncé qu’il ne représenterait plus son parti à aucune autre élection (c’est vrai qu’ils ont quand même obtenu leur pire score depuis 1935).

Bref, lui et le Labour c’est fini, ou plutôt le Labour et lui c’est fini… on ne sait pas vraiment qui en avait le plus marre. Toujours est-il que la situation devenait insupportable pour les deux parties du couple et que la rupture était inéluctable.

Pendant ce temps-là, les souffleurs de cornemuse nationalistes, comprenez les indépendantistes écossais du SNP (National Party of Scotland), se sont littéralement surpassés en devenant la troisième force politique du pays.

Alors que revoilà l’Écosse !

En plus d’être indépendantistes, ils veulent rester dans l’Union Européenne, j’ai nommé … les Écossais.

Forts de leurs 48 sièges sur 650 à Westminster, et sur 59 à Holyrood (Parlement régional), les nationalistes se trouvent désormais on ne peut plus légitimes à réactualiser leurs demandes d’un nouveau référendum. Ce que n’a pas manqué de faire Nicola Sturgeon, Première ministre écossaise et cheffe du parti, lors d’une conférence de presse le 19 décembre :

 

« Nous appelons aujourd’hui le gouvernement britannique […] à accepter le transfert de pouvoir qui autoriserait le Parlement écossais à organiser un référendum sur l’indépendance » a-t-elle pu revendiquer avant de poursuivre :

“L’Écosse a dit très clairement la semaine dernière qu’elle ne veut pas que le gouvernement conservateur la fasse sortir de l’UE ».

Et elle l’avait même exprimé avant ces élections, vous me direz! Quand 52% des Britanniques disaient qu’ils voulaient sortir du drapeau à 12 étoiles en 2016, les Écossais, eux, confirmaient à 62% leur envie de rester.

En tout cas, cette petite réclamation fera l’objet d’un énième dossier sur la pile du bureau de BoJo, qui se réserve un programme aux petits oignons pour les prochains jours.

Entre motiver ses 109 nouveaux sbires conservateurs pour se mettre au boulot et faire passer le Brexit, refaire voter son accord de sortie au nouveau Parlement, veiller au bon fonctionnement de son nouveau gouvernement et préparer un argumentaire béton pour faire valoir ses intérêts à Bruxelles début 2020, autant vous dire que le Guronsan ne sera pas de trop dans le jus d’orange le matin.

Désormais, la dernière grande question que tout le monde se pose c’est : est-ce que l’accord sera adopté par la nouvelle clique de Westminster avant le 31 janvier ? Parce que bon, ce n’est pas comme si ça dépendait que des Brits cette affaire. Une fois le texte adopté, les choses sérieuses commenceront à Bruxelles, afin de définir les termes de la relation entre le Royaume-Uni et les 27 autres pays. Et ça, selon plusieurs officiels européens, ça nécessiterait bien des années avant d’être acté.

Épisode 23

BoJo fait son show

Que le temps passe vite lorsqu’on s’amuse !

Déjà 3 mois que notre BoJo international nous gratifie ses plus belles performances outre-Manche, allant de la suspension du Parlement à l’annonce d’un accord de sortie façon ultimatum. Oui parce qu’en (même pas) 3 mois, autant vous dire que le BoJo nous a refait la peinture intérieure version grandissimo.

Mais l’Europe a encore son mot à dire.

Comme à chaque fin d’épisode.

Une pause s’impose

Un mois après avoir déballé ses cartons au 10 Downing Street, BoJo trouvait que ça n’allait pas assez vite et a voulu passer en force, en mode placage parlementaire.

Après avoir promis à ses électeurs de faire respecter le Brexit coûte que coûte (c’est-à-dire avec ou sans deal), le Premier ministre-rugbyman a voulu mettre un gros coup de frein dans la machine pour pouvoir organiser son affaire tranquille Emile. C’est alors que, par une belle journée de la fin août (le 28 précisément), BoJo a accordé des congés forcés à ses petits camarades en suspendant le Parlement. Selon le jargon local, on appelle ça une prorogation.

Autant vous dire que les cris au coup d’Etat et à la dictature n’ont pas mis longtemps à se faire entendre autant de la part des députés que des manifestants anti-Brexit (nombreux à descendre dans la rue dans plusieurs grandes villes du Royaume-Uni).

Le 10 septembre, l’annonce officielle du début de la suspension par le président de la Chambre des Communes, John Bercow,  a donné lieu à un concours assez mémorable de brames et de brandissement de pancartes « silenced » par les députés.

Mais fermer la cour de récré ne suffit pas pour empêcher les Brits d’user de leur pouvoir démocratique. Ils ont plus d’un tour dans leur sac, les bougres. Attendez de voir.

Pour les aficionados de la politique britannique (vous êtes sans doute 10 dans ce bas monde), il n’est pas chose exceptionnelle que de déclarer une pause syndicale de quelques jours en fin de session parlementaire britannique (pour revenir en pleine forme à la rentrée).

Sauf que ce coup-ci, on ne parle pas de quelques jours mais bien de CINQ SEMAINES de congés que BoJo souhaite imposer à ses collègues adorés. Ce qui aurait dû amener à une reprise des affaires parlementaires le 14 octobre, soit….deux semaines avant la date du Brexit. Pas maaaaal la technique pour éviter de parler du sujet qui fâche.

L’union fait la force

Et ça, les députés qui commencent à en avoir ras la casquette de l’amateur de tyrolienne l’ont bien compris.

Et même ceux de son propre camp, que l’on appelle les backbenchers (« arrière-banc »), parce qu’ils sont situés dans son dos à la Chambre, n’hésitent plus à le défier en public. Et ils commencent à constituer une sacrée ribambelle, les Tory rebels. A ceux-là, Boris Johnson a promis ni plus ni moins l’expulsion immédiate du parti. Rien de plus efficace pour énerver davantage les non-coopérants. Sacrément pédago le BoJo .

C’est alors que le 3 septembre, les frustrés du BoJo ont décidé de mettre en place leur stratégie, qui passera par le vote d’une motion. Mais pas n’importe quelle mention. Une qui imposerait un report de la date de sortie de l’Union Européenne, si personne n’arrive à trouver un terrain d’entente fin octobre. Une motion anti « no deal », en somme. Ce qui a peu enchanté le BoJo qui souhaite quitter à tout prix cette satanée UE, avec ou sans accord, le 31 octobre.

L’insoumis à la cravate à fleurs, qui, par son changement de camp, a fait perdre la mince majorité à BoJo (elle tenait à un député), s’appelle Philip Lee. Ce médecin conservateur et pro-européen a justifié son geste en déclarant que :

« Le gouvernement conservateur poursuit de manière agressive un Brexit [aux conséquences] dommageables. Il met en danger des vies (…) et menace de manière injustifiée l’intégrité du Royaume-Uni ».

Et paf.

Déjà ce 3 septembre commençait mal pour lui, mais c’était sans compter sur la défection d’un de ses fidèles, en pleine session, le même jour. Le rebelle a tout bonnement levé son postérieur pour le poser sur le banc d’en face, avec les liberals. Bon comme ça, ça sonne pas comme l’acte révolutionnaire du siècle, mais croyez que pour la Chambre des Communes, c’est total disruptif.

Le soir venu, à l’heure du résultat du vote de la motion, vous le voyez venir, ce sera le deuxième fail de la journée pour l’épi blond le plus célèbre du Royaume Uni. A 327 voix (dont 21 conservateurs) contre 299, le Parlement a décidé que le divorce avec l’Europe ne pourra désormais plus se faire sans accord.

A propos d’un potentiel report du Brexit, BoJo nous a fait grâce de sa plus belle poésie : « Je préfére mourir dans un fossé, que de repousser l’échéance». Il n’a pas tardé, ensuite, à menacer de passer outre la loi anti « no deal » tout juste adoptée par ses collègues, quitte à risquer la prison. #totalthug #whatabadass

Le Jesse James de Westminster

Vous pensez qu’il est difficile de tomber encore plus bas en termes de loose ? Vous n’êtes pas au bout de vos peines !
Alors que le Parlement était, comme l’avait décidé BoJo fin août, suspendu depuis deux semaines, la Cour Suprême a rendu son verdict sur la constitutionnalité de cette pause imposée. «Illégale, nulle et non avenue », ce sont les mots qu’a utilisé Lady Hale, la présidente de la Cour Suprême, pour qualifier cette suspension. BoJo est donc une sorte de hors-la-loi institutionnel. Comme quoi diriger un pays tout en enfreignant ses propres lois : c’est possible !

Les plus grands ennemis du Premier ministre accusent ce dernier d’avoir « menti » à la Reine  pour pouvoir faire ses coups en douce… ce qu’il dément bien évidemment.

Le verdict de la Cour Suprême intervient cependant après que The Queen herself ait donné son accord pour suspendre le Parlement, comme le veut la procédure. Selon la Cour, le mauvais bougre lui aurait forcé la main via un petit de coup fil.
On aurait dû se douter d’un truc louche, parce qu’il est vrai que la Granny de Buckingham s’exprime, disons-le, très rarement, tant sur le Brexit que sur quoi que ce soit d’autre.

The final countdown

Après tout ça, vous vous demandez certainement comment ce bon vieux BoJo parvient-il à s’agripper tant bien que mal au pouvoir ? Croyez bien qu’il n’est pas en reste, même après avoir multiplié tant d’échecs.
BoJo a une telle endurance qu’il a,  par on ne sait quel moyen, fini par proposer un accord. En toute modestie, il l’a présenté, comme son «offre finale». Le compte à rebours est donc lancé.

Theresa May avait tenté par trois fois de soumettre une proposition d’accord au Parlement, en vain (#onpenseàtoi #dancingqueen). Le point de crispation tournait toujours autour du backstop, que l’on appelle également « filet de sécurité », un mécanisme visant à éviter un retour de frontière entre l’Irlande du Nord et la République membre de l’UE.

Mais le BoJo est malin. Il a inventé un ingénieux stratagème pour contourner cet obstacle. Son « ultimate offer » prévoit donc que l’Irlande du Nord reste dans le Marché unique européen jusqu’en 2025, tout en formant une union douanière avec le Royaume-Uni. Ce qui sous-entend l’émergence de deux frontières : l’une qui obligerait à faire appliquer des droits de douane entre les deux Irlande, et l’autre qui appellerait à des contrôles réglementaires en mer d’Irlande (celle qui sépare la Grande-Bretagne de sa province nord-irlandaise).

Ça promet d’être un sacré bordel, vous me direz ? On est d’accord !

C’est en direct du congrès de son parti, (plutôt qu’en direct d’une session parlementaire, quel courage) que le BoJo a fait son annonce, tout en menaçant que « si Bruxelles ne noue pas le dialogue sur cette offre, alors ce gouvernement cessera de négocier jusqu’à ce que nous ayons quitté l’UE ». C’est à prendre ou à laisser les gars. Ça tombe bien parce que le temps presse pas du tout. La deadline est dans 15 jours. On va pouvoir faire ça dans de bonnes conditions. Haut les coeurs.

Cette proposition paraît tellement farfelue, que certains pensent que BoJo fait semblant de faire des efforts avec ses accords à la mords-moi-le-nœud, alors qu’au fond, sa seule envie c’est de partir sans accord. C’est d’ailleurs l’avis de Donald Tusk, le président du Conseil Européen, qui lui a demandé expressément d’arrêter de faire le clown.

Tant de joyeusetés et de brassages de vent, qui pourraient, (on l’espère au fond, on ne va pas vous le cacher, tout le monde en a marre) prendre fin dès le 17 octobre, lors du Sommet Européen à Bruxelles. Pour ça, il faudrait que les deux camps trouvent un terrain d’entente, en partant de la proposition loufoque du BoJo . On ne sait jamais, l’espoir fait vivre.

Épisode 22

BoJo, le bouffon devenu roi

Roi d’Angleterre pas encore, mais Premier ministre, c’est assuré. Les militants des Tories ont tranché : Boris Johnson prend la tête du parti et va conduire la Grande-Bretagne hors de l’Union européenne. Il a recueilli 92 153 voix des quelques 160 000 membres du parti. Comment en est-on arrivé là ? On vous rembobine le film des deux derniers mois.

BoJo Vs. Hunt = l’affrontement final

La démission de Theresa May le 7 juin dernier a donné le coup de d’envoi du marathon pour désigner le nouveau Premier ministre. Cette dernière a assuré l’intérim de son poste jusqu’à ce vote final. Objectif : que les 313 députés du parti et les 160 000 militants trouvent son remplaçant.

Et ce n’était pas une mince affaire. Le concours de beauté (« Beauty Contest »), selon l’expression consacrée, aura duré un mois et demi. Dix candidats voulaient la place de Theresa May. Huit ont été progressivement éliminés par une série de votes des députés de la majorité conservatrice, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que deux finalistes.

Le 20 juin, les députés conservateurs ont arrêté leur choix : Boris Johnson (160 voix) et Jeremy Hunt (77 voix) poursuivent la course à la succession de Theresa May. Le 23 juillet, Boris Johnson a raflé la mise. Fondamentalement, il y avait peu de différence entre les deux finalistes. Tous deux voulaient finaliser le Brexit, même sans accord avec l’Union européenne. Tous deux voulaient supprimer le « filet de sécurité » irlandais de l’accord de retrait.

Qu’est-ce qui a fait pencher la balance du côté de Boris Johnson ? Certainement son style inimitable et ses dérapages à répétition.

Jeremy Hunt, lui, est plutôt « old school ». Ministre de la Culture entre 2010 et 2012, puis de la Santé jusqu’en 2018 et, enfin, ministre des Affaires étrangères, sa carrière est rectiligne, et il est réputé plus « mesuré ». Quoique, on lui doit aussi un beau dérapage, lorsqu’il a comparé l’Union européenne à l’Union soviétique…

 « C’était l’Union soviétique qui empêchait les gens de partir. (…) Si vous transformez le club européen en prison, le désir de s’enfuir ne diminuera pas (…) et nous ne serons pas le seul prisonnier à chercher à s’échapper. »

Le filet de sécurité, kesako ?

Le filet de sécurité -« backstop » en anglais »- crée, en dernier recours, un « territoire douanier unique ». L’objectif est surtout d’éviter le retour d’une frontière physique entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande pour préserver les accords de paix de 1998.

Le phénomène Boris Johnson

L’harangueur harangué

Un harangueur désigne un type qui déverse un flot de paroles devant une assemblée parfois ennuyeux, parfois pas vraiment fidèle à la vérité. Avec Johnson et ses gaffes à répétition, on ne s’ennuie jamais. Par contre, des harangues pas fraîches, on en mange souvent !

La dernière date du 17 juillet. BoJo lors d’un congrès des Conservateurs, décisif pour la course au poste de Premier ministre brandit un hareng. Il scande à qui veut l’entendre : « il provient d’un fumeur de harengs de l’île de Man (dans la mer d’Irlande) qui est absolument furieux, car après avoir envoyé pendant des décennies ses harengs fumés par la poste, ses frais ont massivement augmenté à cause des bureaucrates de Bruxelles, qui ont insisté pour que chaque hareng soit accompagné de cela – une poche de glace en plastique ».

Tout ça pour dénoncer les « bureaucrates de Bruxelles », qui eux n’ont pas apprécié une « vérité » pas vraiment fondée… L’île de Man ne faisant pas partie de l’Union européenne.

BoJo, tordant  ou tordu ?

On s’y habitue avec Boris… C’est un peu un tordeur de vérités qui suscite la torpeur. Et ça marche : on lui pardonne tout. Qu’importe cette Une du journal The Observer publiée le 23 juin et titrant : « Johnson éclaboussé par une dispute avec sa compagne alors que des liens avec l’extrême droite sont révélés. »

La « dispute avec sa compagne » fait référence à une querelle conjugale au domicile de Boris Johnson. La police londonienne ayant été contrainte d’intervenir après un appel d’un voisin.

Les « liens avec l’extrême droite », plus précisément avec l’ex-bras droit de Donald Trump, Steve Bannon, sont révélés par The Observer. Dans une vidéo extraite d’un documentaire, Steve Bannon affirme conseiller l’ancien ministre des Affaires étrangères

Mais tous ces événements, largement relayés par les tabloïds, n’ont pas vraiment eu d’impact. Bref, les polémiques glissent sur Boris Johnson comme une peau de hareng fraîchement sortie de l’eau…

Résultat : BoJo est clivant, mais la majorité des membres du Parti considèrent que c’est le seul à pouvoir sortir le pays du bourbier du Brexit.

Et maintenant, place au Brexit !

« Là où il y a de la volonté, il y a une solution » a déclaré Boris Johnson. Et la solution de BoJo est simple : le Brexit aura bien lieu le 31 octobre. Avant ou sans accord avec l’Union européenne. Déterminé, optimiste, pour lui le Brexit est une simple formalité. « Si les astronautes ont pu revenir dans l’atmosphère terrestre en 1969 avec un code informatique tricoté à la main, nous pourrons résoudre le problème d’un commerce sans frictions à la frontière nord-irlandaise » a-t-il asséné dans une tribune dans le quotidien Telegraph

Espérons que le Brexit façon BoJo ne suive pas la trajectoire des premières fusées SpaceX :

La Une de The Observer
Épisode 21

« Concours de beauté » au UK : qui sera la nouvelle Theresa ?

Oui, cet épisode est [spoiler alert] assurément le dernier avec Theresa May dans le rôle de Première ministre. Le Brexit, les négociations et dans une moindre mesure les élections européennes, ont eu raison de l’infatigable « Maybot ». Mais restez, ça va être bien quand même. Car, qui dit démission, dit élection, dit retour en grâce de Boris Johnson, favori du « concours de beauté ». Une nouvelle tête d’affiche charismatique, un acteur au sommet de son art, des répliques cultes… Le feuilleton Brexit continue.

Pas toi, Theresa, PAS MAINTENANT, pas après tout ce que tu as fait

7 juin 2019 : Theresa May – aux commandes depuis le départ de David Cameron en 2016 – met un terme à son mandat de Première ministre et de cheffe du parti conservateur.

Après avoir échoué trois fois à faire adopter l’accord de retrait négocié avec Bruxelles (ça c’était dans l’épisode 20), Theresa May a pris une ultime claque : les députés ont rejeté son tout dernier plan B.

(May et le Brexit : un petit récap qui mange pas de pain)

Elle avait opté cette fois pour une tactique quelque peu différente : retourner voir les parlementaires britanniques pour leur soumettre, non pas un nouvel accord, mais un projet de loi sur son accord. Un projet de loi d’application de l’accord sur le Brexit, pour être tout à fait précis.

Dans ce projet de loi, Theresa May a fait pas mal de concessions. Comme donner la possibilité aux députés de voter pour ou contre un second référendum ou l’alignement de la législation britannique sur les réglementations européennes en matière de travail, d’environnement et de santé.

Donc l’idée, en substance, c’était de dire à tout ce petit monde de Westminster : « votez mon nouveau projet de loi, comme ça, après, vous adoptez mon accord de retrait et vous pourrez l’amender à votre guise, et même organiser un deuxième référendum si ça vous chante… puisque le projet de loi vous en donnera le droit. Oui, oui, oui. »

Sans surprise, ce plan de la dernière chance n’a plu à personne. Theresa May, qui avait déjà un peu prévu de partir, a essuyé un nouveau refus et des pressions pour démissionner. Ajoutez à cela la grosse débâcle des Conservateurs aux élections européennes

RIP LES TORIES ET
LE SMOKING DE FARAGE

Les Britanniques ont donc participé aux élections européennes (rires). Ce qui, pour la Première ministre relevait déjà de l’humiliation.

Et, comme annoncé, c’est Nigel Farage avec son Parti du Brexit (ça aussi c’était dans l’épisode 20) qui est arrivé en tête. Le Brexit Party, a obtenu 31,6% des voix soit 29 des 73 sièges britanniques. Le Parti conservateur s’en sort avec 4 petits sièges – soit 15 de moins qu’en 2014 – et 9% des voix, ce qui le classe à la 5ème position, ce qui est historiquement mauvais.

Mais relativisons : l’objectif reste d’éviter que ces députés fraîchement élus aient à siéger à Strasbourg. Pour cela, il faudra que les Britanniques trouvent un terrain d’entente avant la première session plénière du Parlement européen. Donc avant le 2 juillet.

« Chers Écossais, Nous vendons des milkshakes tout le week-end. Amusez-vous bien » a tweeté Burger King après qu’un McDonald’s d’Édimbourg s’est vu interdire par la police la vente de milkshakes lors de meeting du Brexit Party. L’attaque de Newcastle n’étant pas un cas isolé 🥛👔🍌

D’ici là, le jugement de l’assaillant au milkshake banane-caramel devrait avoir été rendu. L’homme qui avait agressé Nigel Farage à grand coup de lactose, dans les rues de Newcastle, comparaîtra fin juin pour violences et « dommages criminels ».

Et il ne sera certainement pas le seul…

BoJo, Beauty King ?

Mais revenons à cette affaire de démission, qui a inspiré au Daily Mirror la une désopilante que voici.

« May ends in June », May, en juin c’est terminé. « Elle est en larmes alors que les députés la forcent à partir le mois prochain. Le pays est en larmes alors que Boris est favori pour prendre sa succession », peut-on lire tout en bas.

Celui ou celle qui remplacera Theresa à la tête de son parti, et donc du pays, sera désigné par les Conservateurs à l’issue du « Beauty Contest », selon l’expression consacrée.

Le concours de beauté, donc. On part sur un concours de beauté.

Le   dure, en général, six semaines. Onze Tories un peu haut placés se sont porté candidats. 

Ils seront départagés par les 313 députés conservateurs. Les députés votent à plusieurs reprises, pour ne retenir que deux candidats. C’est ensuite au tour des 160 000 adhérents du parti de trancher. Et le boss final, c’est Elizabeth. Le candidat victorieux n’est nommé Premier ministre qu’après s’être entretenu avec la Reine. D’ici là, Theresa, qui n’est plus Première ministre, reste au 10 Downing Street en tant que « caretaker ». Elle prendra en charge les urgences et des affaires courantes. Mais c’est tout.

Parmi les principaux candidats à sa succession, beaucoup beaucoup de ministres et d’anciens ministres. Le plus famous, le mieux coiffé et le grand favori de ce « Beauty Contest », c’est Boris Johnson. Bojo pour les intimes, qui avait refusé de briguer ce poste il y a trois ans mais qui n’en est plus à une contradiction près. Remember, il avait été nommé ministre des Affaires étrangères juste après le référendum. Pour finalement démissionner au moment où ça commençait à chauffer.

Brexiter de la première heure, apôtre du Brexit dur, BoJo a promis : «Si j’entre [au 10 Downing Street], nous sortirons le 31 octobre avec ou sans accord»

Et comme ce monsieur fait les choses bien, il aura bientôt à se présenter devant un tribunal local pour une audience préliminaire, pour cause de «mauvaise conduite dans un rôle officiel». Il est accusé d’avoir menti pendant la campagne pour le référendum de 2016. Trois fois rien. Et si un procès devait avoir lieu, il ne se tiendrait pas avant six mois. BoJo a le temps de mener sa campagne tranquillement.

Quoi qu’il en soit, on parle d’un homme qui a, un jour, déclaré avoir « à peu près autant de chances de devenir Premier ministre que de trouver Elvis sur Mars ou d’être réincarné en olive ». On vous l’avait dit, ça va être vraiment, vraiment bien.

Épisode 20

Quel est le comble pour un Brexiter ?

Brexit, jour 1028. Déjà deux semaines que les Britanniques devraient être partis et que – SURPRISE – ils sont toujours là. Et bien là. Tellement là, que, ça y est, même les eurosceptiques les plus coriaces ont officiellement lancé leur campagne en vue des élections européennes. Vous en étiez restés à l’annonce d’un accord de sortie, vous avez complètement perdu le fil depuis et vous êtes tout perdus ? Rien d’étonnant. Venez, on fait le point tranquillement.

OUI, NON, PEUT-ÊTRE

Dans l’épisode précédent, on vous annonçait tout guillerets qu’un accord de retrait avait ENFIN été conclu entre la Première ministre britannique et les Européens. Depuis, pour vous la faire courte, à Londres personne ne veut valider l’accord en question et à Bruxelles, personne ne veut le modifier.

Depuis décembre, ça patine. Theresa May, pas sereine, a commencé par repousser la date du vote au Parlement britannique. Le premier vote sur l’accord a finalement eu lieu en janvier : fiasco total, les députés refusent une première fois l’accord. En mars, même scénario. Le vote est de nouveau repoussé, l’accord est de nouveau rejeté.

On est alors à quinze jours de la date à laquelle les Britanniques étaient officiellement censés être mis dehors. Dans l’urgence, les députés votent un amendement stipulant que quoi qu’il arrive, il n’y aura pas de « no deal » , donc pas de sortie sans accord. Ils en profitent aussi pour autoriser Theresa à retourner voir les Vingt-Sept à Bruxelles afin d’obtenir un délai supplémentaire.

Grosso modo, à ce stade des négociations, côté britannique, on en est là :

L’accord que vous nous proposez ? On n’en veut pas.

Mais on veut quand même un accord. 

Et puis, si ça ne vous fait rien, un peu plus de temps
pour arranger tout ça, ce ne serait pas un luxe. 

 

Ô joie, le Royaume-Uni finit par obtenir l’autorisation de rester jusqu’au 12 avril. Et heureusement, car le 29 mars, sans surprise, personne n’est prêt et pour la troisième fois, les députés britanniques rejettent l’accord. Le tout après la démission de trois secrétaires d’État ainsi qu’une série de votes – qui n’a servi absolument à rien – sur des propositions alternatives à l’accord, dont personne ne voulait.

ATTENTION, ÉLECTIONS

Mais Theresa, encore elle, revient à la charge. La Première ministre ne se satisfait pas d’une sortie le 12 avril. Trop « short ». Réunis à Bruxelles pour un sommet extraordinaire le 11 avril, les Vingt-Sept ont finalement accédé à la demande de Theresa et reporté le Brexit au 31 octobre 2019. Si l’accord de sortie est approuvé plus tôt, le Royaume-Uni aura évidemment la possibilité de quitter l’Union avant Halloween.

Mieux encore, si l’accord est voté avant le 22 mai prochain, les Britanniques n’auraient pas à participer aux élections européennes. Ce qui arrangerait tout le monde, mais qui reste pour l’heure très très peu probable. Il y a fort à parier que le Royaume-Uni sera toujours dans l’Union le 23 mai, lorsque débuteront les élections. Comme tout pays membre, il lui faudra donc élire des représentants au Parlement. La campagne est désormais lancée aussi outre-Manche.

(Sauf que Bruxelles n’avait pas du tout du tout prévu que les choses puissent se passer comme ça, tout avait déjà été réorganisé…  On a fait le point sur les différents scénarios possibles, juste là ⬅️ dans cette petite vidéo)

Et peut-on faire mieux encore que des Britanniques faisant campagne pour les élections européennes tout en se préparant à quitter l’Union européenne ?

Hhhmm, il semblerait que oui. Car si l’élection devait avoir lieu demain, les Britanniques, en plus de voter pour élire des eurodéputés, voteraient en majorité pour envoyer à Bruxelles des eurodéputés eurosceptiques. Selon un sondage de l’institut YouGov réalisé les 15 et 16 avril, c’est le nouveau parti de Nigel Farage qui arrive en tête des intentions de vote.

Le « Brexit Party », lancé en février, est officiellement en campagne depuis quelques jours et fait déjà de l’ombre aux travaillistes, aux conservateurs ET aux autres Brexiters engagés dans la campagne.

Parce qu’il y en a d’autres ! Le parti Ukip, ancien parti de Nigel Farage, est lui aussi dans la course. Son chef, Gerard Batten – eurodéputé depuis 14 ans et leader du Ukip depuis 14 mois – a moyennement apprécié le coup du « Brexit Party ». Il a précisé, en lançant sa campagne, que l’Ukip était le « vrai parti » de la sortie de l’Union européenne. CQFD.

Maintenant que vous savez que Theresa May n’est pas plus avancée que dans l’épisode précédent et que des eurosceptiques de haut niveau sont lancés dans la course au Parlement européen, une petite précision s’impose. Vous vous inquiétiez pour la sécurité d’Elizabeth II ? Tranquillisez-vous : des plans d’évacuation d’urgence datant de la Guerre froide ont été remis au goût du jour pour mettre en sécurité la royal family, au cas où des émeutes venaient à éclater à Londres. Tout va bien. Le Royaume-Uni est entre de bonnes mains.

Épisode 19

Sortira, sortira pas ?

 

Fini de se déhancher sur les tubes suédois des années 1970. Pour Theresa May, a.k.a Dancing Queen, les choses se compliquent. Britanniques et Européens sont parvenus à conclure un accord de sortie, mais depuis rien ne va plus. Westminster est sens dessus dessous, Theresa May n’est pas passée loin de la catastrophe… même Paris se prépare au choc.

 

IT’S A DEAL !

Le 13 novembre – soit 874 jours après le vote des Britanniques pour le Brexit et dix-sept longs mois après le début des négociations – Theresa May a annoncé qu’un accord sur la sortie du Royaume-Uni avait été conclu : il fait 585 pages, 185 articles, 3 protocoles et se porte bien.

Circulation des personnes, contribution financière, accès au marché européen, pêche, navigation spatiale… Il y est question d’une foule de choses passionnantes !

S’il y en a deux que vous devez vraiment retenir, c’est que :

cet accord confirme la période de transition réclamée par les Britanniques pour éviter une sortie trop brutale. Le 29 mars 2019, quand sonnera l’heure du Brexit, le Royaume-Uni sera donc dehors mais pas trop. Jusqu’au 31 décembre 2020, voire plus s’il le souhaite, il continuera à appliquer le droit européen (et à contribuer au budget commun, tant qu’à faire), le temps de régler une ou deux bricoles.

cet accord acte le backstop, ou « filet de sécurité ». Une solution qui permettrait d’éviter le retour d’une frontière physique entre la République d’Irlande – qui reste dans l’UE – et l’Irlande du Nord – qui s’en va avec le reste du Royaume. Personne ne veut de cette frontière qui pourrait raviver des tensions passées. Le problème c’est que personne, du moins parmi les ultra-brexiters, ne veut non plus de ce backstop. Il porterait atteinte à l’intégrité du Royaume-Uni, estiment les ultras. Donc forcément, ça coince.

Et si vous n’êtes pas complètement au point sur la question irlandaise, allez donc jeter un oeil à l’épisode 17, juste en dessous, ou bien au compte Twitter de la frontière irlandaise.

Parce que oui, la frontière aussi a un compte Twitter et il est plutôt rigolo.

PAS CONTENTS, PAS CONTENTS

Un accord c’est bien. Un accord ratifié, c’est mieux. Le texte doit maintenant obtenir le feu vert des parlementaires britanniques et des eurodéputés. Le tout avant le 29 mars 2019. Et c’est là que ça se complique.

Côté européen, ça va. Le 25 novembre, à l’occasion d’un sommet extraordinaire sur le Brexit, les dirigeants des vingt-sept pays de l’Union ont approuvé l’accord de divorce. Reste plus que la case Parlement : les députés européens se prononceront – sans doute tout aussi favorablement – en janvier 2019.

Côté britannique, c’est un poil plus tendu. Le projet d’accord a d’abord déclenché une vague de démissions au sein du gouvernement. Six ministres ont quitté leur fonction. Parmi eux, le ministre du Brexit en personne : Dominic Raab, eurosceptique et ceinture noire de karaté. Maintenant c’est le Parlement qui fait des siennes : l’accord ne plaît pas du tout aux députés. Ils devaient se prononcer lors d’un vote le 11 décembre, mais la Première ministre a préféré tout reporter de peur de voir son texte rejeté. Theresa n’en est plus à un camouflet près, c’est vrai. Mais un rejet du texte en l’état risquerait d’être vraiment enquiquinant. Cela conduirait très probablement à une sortie du Royaume-Uni sans accord en mars 2019 ou, pire encore, à la tenue d’un nouveau référendum. Référendum qui pourrait se solder par une victoire du Remain.

Avez-vous déjà vu… un député pas content ?

L’annonce du report du vote a déclenché un psychodrame. En signe de mécontentement, le député travailliste Lloyd Russell-Moyle s’en est pris – tenez-vous bien – au sceptre royal, qui représente l’autorité de la Reine et sans lequel aucune loi ne peut être votée. C’est dire si monsieur Russell-Moyle était fâché. Il n’est pas allé bien loin avec, mais tout le monde a trouvé ça super « shocking » et le frondeur a été exclu de la séance.

Et comme si ça ne suffisait pas, Theresa est passée à un cheveu de se faire renverser. Les députés de son propre parti ont organisé un vote de défiance. La Première ministre a (encore) tenu bon mais elle a annoncé qu’elle quitterait son poste à la tête du gouvernement avant les prochaines élections, en 2022… Si elle tient jusque-là. Le parti travailliste prévoit lui aussi de recourir à une motion de censure si Theresa échoue à faire adopter son accord. Bam, grosse ambiance à Westminster.

RENÉGOCIER ? NO WAY JOSÉ !

C’est tellement le bazar que Donald Tusk, le président du Conseil européen, a jugé bon de convoquer un nouveau sommet consacré au Brexit. Le 13 décembre, la Première ministre a donc tenté d’obtenir des garanties sur son accord, pour apaiser les inquiétudes de ses détracteurs outre-Manche. À Bruxelles, on s’est dit prêt à l’« aider » à convaincre son Parlement. Mais pas plus.

Les Vingt-Sept ont ainsi confirmé à Theresa que le backstop, qui déplaît tant aux députés britanniques, serait une solution « temporaire ». Ils n’ont pas manqué, par ailleurs, de lui rappeler qu’il était hors de question de renégocier quoi que ce soit. « C’est le meilleur accord possible, c’est le seul accord possible », avait assuré le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. « Et j’invite tous ceux qui devront ratifier cet accord à la Chambre des communes (le parlement britannique quoi) à tenir compte de cette réalité ». Terminé, bonsoir.

En revanche, libre au Royaume-Uni de tout laisser tomber. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a annoncé que le pays pouvait décider de renoncer au Brexit, comme un grand, sans avoir besoin de l’aval des autres États membres. Seule condition : se manifester avant qu’un traité de retrait n’entre en vigueur. « Une telle révocation, décidée dans le respect de ses propres règles constitutionnelles, aurait pour effet que le Royaume-Uni resterait dans l’Union dans des termes inchangés quant à son statut d’État membre », a ajouté la CJUE. En d’autres termes : « Allez, restez, on fera comme s’il ne s’était rien passé. »

FRENCH TOUCH

Sortira, sortira pas ? Londres est dans le brouillard et ça inquiète Paris. Car un « hard Brexit » ou une sortie de l’Union sans accord engendrerait des vides juridiques dans de nombreux domaines : les compagnies aériennes pourraient ne plus avoir le droit d’opérer certains vols, les licences des opérateurs ferroviaires britanniques en Europe ne seraient plus valables – ce qui risque d’être un peu ennuyeux pour l’Eurostar – les ressortissants britanniques travaillant en France se retrouveraient en situation irrégulière… J’en passe et des meilleures. L’Assemblée nationale vient de voter un projet de loi qui permettra d’anticiper, via des ordonnances, ce genre de désagréments. Histoire que les Français ne boivent pas la tasse avec les Anglais.

Episode 18

Le radeau de la méduse

Que préférez-vous : être prisonnier d’une cage remplie de mygales géantes ou être attaché sur le dos d’une antilope fuyant une meute de lions déchaînés ? Être Theresa May présentant son « plan de Chequers » sur les futures relations économiques entre la Grande-Bretagne et l’UE aux Vingt-Sept (ou plutôt Vingt-Six) à Salzbourg ou être cette même Première ministre défendant ses propositions sur le Brexit au congrès de son parti conservateur, avec un Boris Johnson prêt à lui sauter à la gorge ? Si, comme nous, vous tenez à votre intégrité physique et mentale, vous répondrez sans doute : ni l’un, ni l’autre. Et vous aurez bien raison.

C’est la teuf chez les Tories

Reprenons le fil. Dans l’épisode précédent, début juin, nous avions laissé une Theresa May qui proposait un plan de mer** et rêvait d’innovations technologiques destinées à adoucir le passage de la frontière entre les deux Irlande, si elle était rétablie. Nous la retrouvons à un congrès où elle va tenter de sauver sa peau. Les Tories tiennent leur grand-messe annuelle de dimanche 30 septembre à mercredi 3 octobre dans une ambiance à couteaux tirés et la sortie du Royaume-Uni de l’UE est au cœur de leurs préoccupations.

À ma droite, l’ex-ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, le député Jacob Rees-Mogg et les partisans d’un hard Brexit, qui accusent la cheffe du gouvernement d’être trop coulante avec l’Union européenne et d’avoir trahi le résultat du référendum de 2016. Le sosie britannique de Donald Trump tente de se positionner comme son potentiel successeur au 10, Downing street – mais pas dans l’immédiat, car personne ne semble désireux d’accéder à la tête du pays dans une période aussi turbulente. La preuve : lors de son intervention mardi 2 octobre au congrès, BoJo est resté mesuré (ce qui n’est pas son style) vis-à-vis de son ancienne patronne. Il a appelé à la « soutenir », mais s’est lâché sur ses propositions : « Il faut balancer Chequers à la poubelle ! ». Quelques jours plus tôt, il avait déjà clamé dans le Sunday Telegraph qu’elles étaient « une humiliation morale et intellectuelle pour ce pays » et évoqué « un effondrement de la volonté de l’establishment britannique d’exécuter le mandat du peuple ». Ambiance.

À ma gauche : les demandeurs d’un nouveau référendum, comme Simon Allison, qui dirige le groupe « Conservatives for a People’s Vote » (les conservateurs pour un vote du peuple) et est membre des « Tories against Brexit » (les Tories contre le Brexit). Leur credo : « Tous ces votants [du référendum de 2016 sur le Brexit] ont été trahis par une classe politique qui semble croire que leur survie personnelle est plus importante que leur devoir envers leur pays ». Dimanche, ils ont manifesté avec des partisans d’un second référendum d’autres partis, y compris du Labour. Un petit rassemblement – 200 personnes seulement, mais qui reflète bien la fracture des conservateurs.

Et au milieu, Theresa May, dont les propositions et les négociations avec l’UE ne satisfont personne.

Négociations avec l’UE : pression, vous avez dit pression ?

Deux semaines plus tôt, la Première ministre a fait un aller-retour à Salzbourg. C’est dans ce cadre so chic et so bucolique – Alpes autrichiennes, ville natale de Mozart, festival d’opéra – qu’elle a présenté aux chefs d’État et de gouvernement européens (formant le Conseil européen) son plan de Chequers, destiné à définir les relations économiques entre Londres et l’UE, une fois que le divorce sera consommé.

Mais ses homologues, Emmanuel Macron en tête, lui ont demandé de revoir sa copie. On pourrait expliquer les raisons de ce refus de manière assez crue : les Européens estiment que Theresa May veut le beurre et l’argent du beurre.

On vous résume ce fameux plan, histoire que vous puissiez vous faire votre propre opinion :

Le principe : garder des liens commerciaux étroits avec l’UE, sans rétablir la frontière et les contrôles entre les deux Irlande qui, on le sait, risqueraient de raviver tensions et mauvais souvenirs. Cela passe par la création d’une « zone de libre-échange pour les marchandises », mais sans faire partie du marché commun européen, et donc sans en appliquer les règles en matière de concurrence. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, cité dans un document interne révélé par l’agence Reuters, juge que le plan de Chequers « avantagerait injustement le Royaume-Uni en matière de concurrence ».

En prenant en compte la volonté de Londres de quitter le marché commun et l’union douanière, ce document suggère plutôt un accord de libre-échange sur le modèle du Ceta (entre l’UE et le Canada) et du traité entre l’UE et le Japon signé en juillet.

Emmanuel Macron a posé un ultimatum à Theresa May : « C’est aujourd’hui l’heure de vérité. Nous attendons une nouvelle proposition britannique en octobre [un Conseil européen est prévu les 18 et 19 octobre] tout particulièrement sur l’accord de retrait ».

Et maintenant ? La dirigeante doit s’accorder avec ses collègues européens à la fois sur un accord de retrait de l’UE – qui devra être validé par le Parlement britannique – et sur une déclaration à propos des futures relations de son pays avec les Vingt-Six. Tout en se préparant au pire : pas d’accord, si Londres ne parvient à s’entendre avec l’UE ou si ses parlementaires se rebellent. Et le retour de la frontière entre les deux Irlande.

Je me permettrai donc une suggestion très européenne – et même très française – à Theresa May, facile à appliquer pour garder le moral quand tout fout le camp : Theresa, si tu lis ce blog, je t’invite à une raclette à la maison. See you soon!

"Stop Brexit", un périple en van pour l'UE

Selon un sondage paru le 27 juillet, 42% des Britanniques sont favorables à la tenue d’un nouveau référendum et 40% contre. Mais cette éventualité a été fermement repoussée par leur gouvernement. ARTE Journal a rencontré l’un d’entre eux : Andy Pardy, qui s’est dans un long voyage en van à travers le continent.

Calendrier du Brexit
  • 18-19 octobre : Conseil européen
  • 29 mars 2019 : sortie du Royaume-Uni de l’UE
  • Janvier 2021 : sortie effective du Royaume-Uni de l’UE, au terme d’une période pendant laquelle Londres continuera à bénéficier des avantages du marché commun.
Episode 17 :

Un plan de « merde »

Un plan de "merde"

Il fait beau, il fait chaud, c’est le retour des beaux jours… Allez, et si pour une fois, on parlait d’autre chose que du Brexit aujourd’hui ? De Rolland Garros,  ou du mariage du prince Harry ?  Et si, pour une fois, on s’intéressait à des gens jeunes et beaux plutôt qu’à des gens relativement dégarnis qui n’arrivent à se mettre d’accord sur RIEN?

Et bah non ! Comme on est sur Arte, les négociations entre dégarnis, même le 2 juin, ça nous intéresse à fond et c’est de ça dont on va vous parler. Mais allez, vous avez déjà fait l’effort de venir sur cette page, restez quand même !

Oui, c'est bien pour parler d'eux qu'on vous détourne d'un apéro

Parce que pendant qu’on était occupés à regarder ailleurs, Theresa May était  en train d’essayer de faire passer un truc assez gros dans son pays : repousser, concrètement le Brexit en 2023.

Comme ça, instinctivement, ça fleure bon le plan de… merde ? Et bien c’est justement le nom choisi par l’équipe de communication de Theresa May afin de vendre son projet : “Customs and Regulation Alignment Plan” : en quatre lettres, ça donne : CRAP. Un synonyme un peu moins vulgaire de “bullshit” (=caca de taureau) pour les moins anglophones d’entre vous.  Acte manqué, mouvement de panique ? On sait pas trop.

CRAP PLAN, Mode D’EMPLOI

Le gros problème des partisans d’un Brexit dur, en ce moment, c’est la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord.

Petit topo rapide pour tous ceux qui ne connaissent pas très bien l’histoire de ces pays. Les autres, vous pouvez joyeusement zapper le prochain paragraphe :

L’Irlande, c’est l’Irlande, l’Irlande du Nord, c’est sur la même île, mais c’est le Royaume-Uni. Deux endroits qui portent le même nom mais qui ne font pas partie du même pays ??  Ça ne semble pas très logique. Et effectivement, c’est l’aboutissement de siècles de colonisation, guerres civiles, entre catholiques et protestants, indépendantistes et unionistes. Il y a eu du sang, de la violence, et au final, ce sont les pro-britanniques qui ont gagnés. Mais il y a toujours des nostalgiques de la belle époque qui souhaitent une réunification de l’île.

Or le Brexit, tel que Theresa May l’a promis à son peuple, ça signifie la sortie du Royaume-Uni de l’Union douanière européenne. Ce qui signifie le retour des frontières, et donc des “postes-frontières”. Si vous êtes jeunes et que vous avez grandi dans l’Union européenne, vous n’en avez peut-être jamais vu dans la vraie vie.

Mais un poste-frontière, c’est plus qu’une simple ligne de démarcation. Il y a des gens, des contrôles, des droits de douane, parfois même des barbelés. Ça se voit, ça se touche, ça se vit. C’est un peu impressionnant : même quand on est en règle, on se demande toujours si on va pouvoir passer de l’autre côté ou non. Bref, symboliquement, c’est assez fort.

Et ça, les négociateurs du Brexit n’en voulaient pas entre l’Irlande et l’Irlande du Nord : ils redoutent un regain de tensions sur le territoire. De la violence, voire même, des attentats. Un “Le vent se lève” en 2018. Sans la beauté de Cillian Murphy pour se consoler.  

 

D’autant plus que l’Irlande du Nord est majoritairement opposée au Brexit et à une sortie de l’Union douanière européenne. Donc pour éviter le retour des postes-frontières entre nos deux lignées d’Irlandais, Theresa May s’est retrouvée face à un casse-tête : soit, elle acceptait de revenir sur sa promesse de sortir le Royaume-Uni de l’Union douanière. Politiquement, ce serait un désastre pour elle . Soit, elle acceptait que l’Irlande du Nord reste dans l’Union douanière européenne, mais pas le reste du Royaume-Uni…  Et adieu l’Irlande du Nord ? 

 

LES MIRACLES DE LA TECHNOLOGIE à LA RESCOUSSE DU BREXIT ?

Et c’est là qu’arrive son plan de mer** : “On reste tous dans l’Union douanière européenne jusqu’en 2023… Le temps de mettre au point des frontières “invisibles” grâce à quelque chose qui a déjà bien révolutionné nos vies : la “technologie”. En gros, le gouvernement britannique attend son Steve Jobs de la barrière douanière. Le mec qui parviendra à trouver un moyen d’enregistrer des biens ou des gens qui traversent une frontière, sans checkpoint ni douanier.

Comment ? Le gouvernement britannique ne semble pas avoir les idées très au clair là-dessus. Mais il a commandé pour le Parlement européen une étude nous promettant une “smooth border experience”, soit une « expérience frontalière tout en douceur ». Et ça devrait arriver sur le marché d’ici à 2023, selon Theresa May. 
 
On attend ça avec plus d’impatience que le prochain Iphone.
 

Le Brexit, c'est technologique!

Sur ce, on vous laisse prendre l’apéro, faire du badmington, des galipettes dans l’herbe ou toute autre activité de votre choix pour célébrer le retour du soleil.

Episode 16

Moonwalk Brexit : horizon 2020

 

Les plus fins observateurs auront remarqué que nous sommes en mars 2018. Une année s’est donc écoulée depuis le fameux « déclenchement de l’article 50 » du traité sur l’Union européenne. Vous vous souvenez ? Celui-là même qui devait enfin donner le « coup d’envoi » du Brexit…

« Pas de retour en arrière possible !» martelait Theresa May après avoir appuyé sur la gâchette en mars 2017. Pourtant, l’année qui a suivi a été marquée par des négociations pour le moins compliquées, comme on vous l’expliquait juste là

Certains irréductibles « Remainers » ont vu là le signe que tout n’était pas perdu, qu’il y avait encore moyen de moyenner : ils se sont engouffrés dans la brèche pour fonder leur mouvement, « Renew », militant pour l’annulation du Brexit.

Hélas pour eux, à ce stade voici la réponse la plus réaliste.

Alors pour marquer le coup ce lundi 19 mars 2018, il fallait à tout prix montrer que l’U.E et le Royaume-Uni font avancer le schmilblick. C’est ce qu’ont essayé de faire David Davis, le « monsieur Brexit » du gouvernement britannique, et Michel Barnier, négociateur en chef de l’Union européenne, en signant un premier compromis.

Et sur quoi sont-ils tombés d’accord ? Principalement sur la « période de transition » pendant laquelle le Royaume-Uni continuera à bénéficier de certains avantages de l’Union européenne après en être sorti. Grosso modo : une période de rab’. 

L’homme aura-t-il mis le pied sur mars avant le « vrai Brexit » ?

C’est une vraie question.

Un petit rappel des dates et des échéances s’impose – et là, autant vous dire qu’il faut s’accrocher :

Les Brits ont voté « Leave » le 23 juin 2016.

Le Royaume-Uni a « enclenché » le Brexit en mars 2017, donc neuf mois après le vote, -le temps d’un bébé-, s’engageant à sortir de l’UE deux ans plus tard. Ce qui nous amène… en mars 2019.

MAIS c’est là qu’intervient la période de rab’ négociée entre Bruxelles et Londres : pendant 21 mois à partir de mars 2019, le Royaume-Uni pourra continuer à profiter des avantages du marché unique. Pas pendant un an, ni pendant deux ans, mais précisément 21 mois. Londres devra continuer pendant cette période à respecter le droit européen et à contribuer au budget de l’UE.

CE QUE ÇA VEUT DIRE :

Le Brexit sera réellement acté en décembre 2020. Soit plus de quatre ans après le vote des Brits. D’ici là, si on écoute Elon Musk, on aura déjà commencé à envoyer des vaisseaux sur la planète Mars et on construira des fusées permettant de faire Paris–New York en 30 minutes. 30 MINUTES !!! 

Pas de bras, pas de chocolat !

Si le « vrai Brexit » est repoussé de 21 mois, le Royaume-Uni a tout de même dû renoncer à pas mal de trucs. Par exemple, l’UE n’a pas voulu entendre parler du « droit de véto » que demandait Londres sur toutes les décisions prises par l’Union européenne pendant la période de transition. Même pas en rêve.

 

D’ailleurs, le Royaume-Uni n’aura carrément plus le moindre pouvoir de décision pendant ces 21 mois : aucun de ses ministres ne sera invité aux réunions à Bruxelles, il n’y aura plus de députés britanniques au Parlement… Bref : pas de bras, pas de chocolat.

 

Et encore, on ne vous dit pas tout. Si l’Union européenne avait cédé aux demandes du gouvernement britannique, la période de transition aurait continué jusqu’en mars 2021. Ça, c’est ce qui s’appelle « sortir en moonwalk » où on ne s’y connait pas.

(S’ils avaient dit oui, la période de rab’ aurait été de 24 mois -soit deux ans, pour les plus doués en maths. Finalement, pourquoi pas cinq ? On est plus tellement à ça près…)

EU be like...

Bruxelles avait carrément envisagé la mise en place d’une « clause guillotine ».

GROSSE AMBIANCE.

L’idée : au moindre écart du Royaume-Uni par rapport aux lois européennes ou aux décisions de la Cour de justice, CLAC ! Plus d’accès au marché intérieur. Finalement, cette clause ne figure pas dans l’accord signé le 19 mars. Mais ça donne une idée de l’atmosphère printanière, sympatoche, bon enfant qui plane sur les négociations.

Bon, et sinon : on fait quoi avec la frontière irlandaise…?

À part le fait que Michel Barnier et David Davis semblent être devenus une seule et même personne (cf ci-dessous), un autre point saute aux yeux dans cet accord trouvé le 19 mars : la question de la frontière entre les deux Irlandes reste très, très compliquée.

Élus meilleurs sosies de l'année 2018

On tente un petit résumé, mais s’il vous plaît ne partez pas en courant :

  • L’Irlande du nord fait partie du Royaume-Uni, donc elle sort de l’UE.
  • La République d’Irlande, elle, reste avec nous.

Sur le papier, Londres et Bruxelles semblent au moins d’accord sur un point : il ne faut pas pour autant installer une frontière « dure » entre les deux territoires, qui se sont violemment affrontés par le passé. Pour comprendre les traumatismes encore très ancrés le long de cette frontière, on vous conseille d’aller jeter un œil à la série « Borderland » ,tout à fait par hasard, comme ça, et pas du tout parce que c’est sur Arte. Rien à voir. 

L’UE propose que l’Irlande du nord reste dans le marché unique et dans l’Union douanière, pour un meilleur « alignement » entre les deux territoires. Et ça, c’est vraiment la dernière chose que souhaite Theresa May : de son point de vue, ça reviendrait peu ou prou à dire que l’Irlande du nord ne sort pas de l’Union. Et donc que le Royaume-Uni « perd » une partie de son territoire.

Alors pour l’instant, Londres et Bruxelles n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Ils ont fait ce qu’ils savent faire de mieux, à savoir… repousser l’échéance. Rendez-vous en 2019 pour la suite des péripéties.

On se quitte quand même avec une petite compil’ de tweets de nos voisins d’Outre-Manche, qui n’ont rien perdu de leur humour :

(@SpenceLivermore) 16 mars 2018
"Le Brexit vers lequel vous croyiez aller vs. Celui que vous allez vraiment avoir"
La nouvelle place du Royaume-Uni dans les négociations internationales.
La météo des 20 prochaines années : "Alors pour résumer... Si vous vivez en dehors de la zone en bleu, vous êtes complètement niqués."
TOUTE L’HISTOIRE DE LA RELATION UE-UK RÉSUMÉE EN UN DIALOGUE

UK : Nous voulons un débat sur notre contribution financière
UE : OK
UK: Nous ne voulons pas être dans la zone euro
UE : OK
UK : Nous ne voulons pas être dans l’espace Schengen
UE : OK (…)
UK : Nous voulons des tas de traitements privilégiés par rapport aux autres pays
UE : Arf… On ne peut pas trop faire ça sans avoir l’accord de tout le monde…
UK : Refusez de nous donner ce qu’on demande, et on partira.
UE : C’est un peu disproportionné comme réaction, mais c’est votre choix UK : OK on se casse
UE : Au revoir, alors
UK : Maintenant qu’on sort, on voudrait garder tous les avantages qu’on avait avant
UE : Arf… Non, ça ne marche pas comme ça
UK : Refusez de nous donner ce qu’on demande, et on s’en ira sans rien
UE : (Se gratte la tête) Ok, euh… Ouais, ok
UK : On ne rigole pas, on va partir sans rien pour vous donner une leçon
UE : Au revoir (encore).

Episode 15

Le référendum 2.0, est-ce qu’il faut y croire ?

ALORS CES NÉGOCIATIONS, ELLES AVANCENT?  Tandis qu’un nouveau round s’ouvre cette semaine à Bruxelles, la réponse est : PAS TANT QUE ÇA. Et pendant ce temps-là, une brochette de macronistes à la sauce Worcestershire se mettent en marche!©  pour faire machine arrière.

Un pas en avant, un pas en arrière… Les éditorialistes ne savent plus où donner de la tête. Dimanche soir, dans Les Echos :

Et, 15 heures plus tard…

On est lundi 5 janvier, et avant même que les négociations de la semaine aient commencé, on sait déjà que ça va être le bord**. Pour le ministre écossais du Brexit Michael Russell, on est en plein “délire idéologique”. Du côté de Bruxelles, on s’impatiente : faites votre choix, les mecs, il faut savoir ce que vous voulez. Theresa May serait-elle née sous une conjoncture astrale particulièrement capricieuse? Pour y comprendre quelque chose, mieux vaut revenir à ses bons vieux réflexes d’analyse politique : chercher du côté des jeux de pouvoir et des magouilles.

With or without l’union douanière

La première ministre a toujours dit que pour reprendre son destin en main, le Royaume-Uni devait sortir de l’union douanière européenne. Mais pour de nombreux entrepreneurs, l’initiative se heurte à un principe de philosophie politique quasiment biblique outre-manche : “business first”.

Sortir de l’union douanière, ça veut dire qu’il faut à nouveau banquer dès qu’on fait des exportations vers les marchés européens. En même temps, négocier une nouvelle union douanière avec l’UE, c’est s’interdire de faire des accords de libre-échange avec les autres pays. C’est comme en couple, lorsqu’on s’engage, c’est toujours plus compliqué pour aller voir ailleurs…

Michael Gove, Boris Johnson et Jacob Rees-Mogg

Pour ménager la chèvre et le chou, des députés de la majorité ont donc proposé le mois dernier un texte de loi ménageant la possibilité pour le Royaume-Uni de rester de facto intégré au sein de l’union douanière. Et pendant ce temps-là, Theresa May est allée faire les yeux doux à la Chine pour prouver que la Grande-Bretagne peut très bien se trouver de nouveaux copains avec qui développer des relations commerciales et plus si affinités… sans l’Union européenne.

Mais cela n’a pas calmé les ardeurs partisans d’un “hard Brexit”, qui voient actuellement le déroulement des négociations comme une grosse partie de Playmobil où les Anglais se retrouveraient dans le rôle des perdants qui doivent jurer allégeance au roi après avoir échoué à prendre d’assaut le château. Le week-end dernier, des députés conservateurs révèlent LE « complot » : Theresa May risque la destitution si elle ne renonce pas définitivement à l’union douanière avec l’UE. Avec, en line-up, une “dream team” de trois “Brexiteurs” stars prêts à renverser l’actuelle Première ministre  : le maire de Londres Boris Johnson, le ministre de l’Environnement Michael Gove et l’ultra-réac étoile montante des Tories, Jacob Rees-Mogg. Bof, niveau casting, le Royaume-Uni nous a habitués à mieux.

Le Brexit version Hotel California

Et c’est là qu’intervient la volte-face de Theresa May. Qui n’hésite pas à mettre l’accent sur sa “confiance” dans les négociations à venir avec Bruxelles- lalalaaa, on se bouche les oreilles et on fait diversion. Avec un objectif bien précis pour le nouveau round qui s’ouvre cette semaine : fixer un calendrier sur la “période de transition” jusqu’à ce que le divorce soit définitivement consommé au 31 décembre 2020. Vous trouvez que ce blabla manque de concret ? Vous n’êtes pas les seuls.

Le journaliste Anatole Kaletsky dressait dès cet hiver un scénario à la “Hotel California” pour le Brexit. On se fait plaisir, on se met la version des Gipsy Kings, et on essaye de comprendre le parallèle entre ce tube faisant subtilement allusion aux junkies en cure de désintox et la situation liant le Royaume-Uni à l’UE.

En clair, pour ce journaliste, le Brexit, c’est la mission impossible du gouvernement britannique. Parce que d’un côté, arriver aux élections de 2022 dans la foulée d’une rupture avec le marché unique et l’union douanière européens, ça peut clairement être l’angoisse. De l’autre, les Boris Johnson et autres ne voudront pas lâcher l’affaire tant que le cordon ombilical n’aura pas été clairement tranché. D’où une impasse menant selon lui potentiellement sur la démission de Theresa May et l’organisation d’un nouveau référendum- qui pourrait alors voir les pro-européens triompher. Du coup, comme dans Hotel California, à la fin, l’Union européenne, « on ne peut jamais vraiment en sortir »… Bon, on a un peu l’habitude de voir les éditorialistes prendre leurs désirs pour des réalités depuis le début de l’affaire, alors méfiance. Mais dans le bord** ambiant, après tout, why not?

Référendum, V2 ?

Une nouvelle consultation populaire ? Pour l’heure, il n’en est pas question. Les partis travaillistes et conservateurs sont formellement opposés à une nouvelle consultation populaire. Mais d’irréductibles pro-européens gardent espoir de faire machine arrière. Âgé de 54 ans, le lord et ancien premier ministre britannique Andrew Adonis mise sur… la jeunesse, peu mobilisée en 2016, pour changer la donne. Comparant la sortie de l’Union européenne à un « acte d’automutilation« , il entend donc logiquement soigner le référendum… par le référendum. 

Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils maîtrisent les réseaux sociaux!
Lord Adonis espère entraîner avec lui la jeunesse

Et il n’est pas le seul sur ce créneau. Sur le modèle d’En marche, un nouveau parti vient de se lancer le week-end dernier avec un objectif clair : annuler le Brexit. Baptisé “Renew”, il dispose déjà de 220 candidats potentiels aux législatives de 2020, recrutés grâce aux réseaux sociaux. La “société civile” de 18 à 73 ans, comme dans les contes de fées. Bien implantée dans les grandes villes… mais peu présente dans le Nord industriel.

Est-ce grâce à sa maîtrise subtile de la langue de Shakespeare ? Macron a su parler au cœur de ces financiers, avocats et entrepreneurs qui lui rendent hommage à tout bout de champ- ils ont même copié le bouton “donnez!” de son site. Ils misent à fond sur l’optimisme et la pédagogie pour dépasser les clivages politiques traditionnels et s’imposer en un temps record.

Mais qui ça intéresse vraiment ?

A l’heure actuelle, pas tant de gens que ça. Depuis juin 2017, les opinions pro-européennes dépassent légèrement celles favorables à un divorce à un petit 51 contre 49%. Mais aucun mouvement général de regret n’est perceptible. Oui, 8 % des « leavers » veulent désormais rester dans l’UE. Mais 7 % des “remainers” ont changé d’avis dans l’autre sens. Quand on se fait larguer, on veut toujours croire que l’amour peut revenir. Mais parfois, il vaut mieux juste passer à autre chose….

Episode 14

Winter is coming

 

 

Depuis que les Britanniques ont voté « Leave », la terre a déjà eu le temps de tourner une fois autour du soleil, Emmanuel Macron de passer du statut d’inconnu juvénile à celui de président de la République française, et Donald Trump de saboter d’une pichenette tous les efforts des autres pays du monde pour lutter contre le réchauffement climatique. Bref, il s’en est passé des trucs. Pourtant, la véritable bataille du Brexit n’a pas encore vraiment commencé. Ça fait des mois que chaque camp affûte ses armes, prépare ses munitions, aiguise ses arguments en vue des négociations. Et cette semaine, ça y est : WINTER IS COMING ! En tout cas, c’est ce que veulent croire les négociateurs du Brexit, qui se sont retrouvés ce lundi à Bruxelles pour une semaine de discussions. Et cette fois-ci, ils devraient -enfin- entrer dans le vif du sujet.

Mais avant de continuer à filer la métaphore « Game of Thrones », qui ne vous aura certainement pas échappé si vous êtes quelqu’un de bien, parlons un peu du président des Etats-Unis, c’est toujours un plaisir.

Trump, l’ami qui leur veut du bien

Au début du mois de juillet, la ville de Hambourg a accueilli le G20, sommet qui réunit les dix-neuf pays les plus industrialisés du monde + l’Union européenne. Autrement dit, les Etats qui pèsent dans le game. Et c’était peut-être bien la dernière fois que le Royaume-Uni était de la partie, quand on y pense…

Les Britanniques avaient de grandes attentes : ils espéraient que leur Première ministre profiterait de ce sommet pour porter ses ovaires et toucher deux mots au « POTUS » à propos du climat. Déjà, ils l’avaient mauvaise en juin quand Theresa May s’était défilée : elle s’était abstenue de signer un communiqué dénonçant le retrait de l’accord de Paris sur le climat décidé par Trump, alors que la France, l’Italie et l’Allemagne avaient unanimement condamné cette reculade.

Enfin, cerise sur le gâteau, Donald Trump a profité de cette rencontre fructueuse avec Mrs. May pour annoncer qu’il voulait se fendre d’une visite officielle au Royaume-Uni. Mais il existe un protocole bien établi : si sa venue est estampillée « visite d’Etat », alors il doit obligatoirement être reçu par la reine d’Angleterre. Et ça, les Britanniques ne l’entendent pas de cette oreille. Une pétition a été signée par plus d’1,8 million de personnes pour épargner à la souveraine le désagrément d’un tête-à-tête avec le grossier personnage. Et en même temps, on est un poil déçus : ça aurait pu être très, très cocasse comme rencontre…

Theresa May avait alors été traitée de « mauviette », « trouillarde », et bien d’autres noms d’oiseaux par les journaux british. Là, autant vous dire qu’ils l’attendaient au tournant pour qu’elle aborde la question qui fâche. Finalement, surprise… Elle n’a « pas eu le temps » d’évoquer le sujet. Aha.

Par contre, ils ont eu tout le temps nécessaire pour discuter d’un futur accord commercial entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni ! Là, pas de souci. Trump a même lâché :

« Nous travaillons à un accord commercial qui sera très important, très vaste et formidable pour les deux pays. Je pense que nous y parviendrons très, très vite ».

Il vend la peau de l’ours avant de l’avoir tué, parce que ça ne sera pas possible tant que le Royaume-Uni fait partie de l’Union européenne. Mais Donald n’est pas homme à s’arrêter à ce genre de détails insignifiants.

L’hiver arrive

Maintenant qu’on a fermé la parenthèse Trump, revenons-en à nos moutons. Ce lundi 17 juillet, il se trame quelque chose. Quelque chose d’autre que le lancement de la septième saison de “Game of Thrones”. Et quelque chose d’autre aussi que la « journée mondiale de l’emoji«  (si si, c’est aujourd’hui, si vous aviez raté l’information).

Les Vingt-Sept + 1 recommencent les négociations liées au processus de sortie du Royaume-Uni. Une bataille qu’ils préparent maintenant depuis des mois. Parmi les enjeux majeurs qui seront débattus : la facture que devra régler le Royaume-Uni avant de quitter l’Union. Comme on vous le racontait ici, les rumeurs les plus folles ont circulé à propos du montant de l’addition. Mais à la veille du sommet, dimanche 16 juillet, le ministre des Finances britannique Philipp Hammond a fait une déclaration digne du clan Lannister.

« Nous ne sommes pas un pays qui fuit ses dettes », a-t-il solennellement clamé.

Ca ne vous rappelle rien ?

"Un Lannister paie toujours ses dettes", devise de la famille des blondinets au pouvoir depuis le début de la série Game of Thrones.

 

Notons aussi qu’en coulisses, le jeu de trônes et de poignards dans le dos continue. Un « mémo secret » dévoilé dimanche par le Mail  accuse la France de vouloir profiter du Brexit pour affaiblir Londres et son économie. Prenons tout de même cette « révélation choc » du tabloïd anglais avec des pincettes: le « mémo secret » n’est autre qu’un document rédigé par Jeremy Browne, député libéral-démocrate et ancien secrétaire d’Etat à l’Intérieur, dans lequel il… donne son avis. Loin de moi l’idée de décrédibiliser ce monsieur, mais bon, si on devait faire un « breaking news » à chaque fois qu’un député français donnait son petit point de vue sur quelque chose… On serait relativement mal barrés.

Le député a rencontré début juillet plusieurs négociateurs, ainsi que le gouverneur de la banque de France, et affirme que Paris « cherche activement à détruire le secteur financier » du Royaume-Uni. Rien que ça. Et la France aurait selon lui durci le ton depuis l’élection d’Emmanuel Macron, au cœur du complot.

Grosse ambiance.

Et pour finir, trois petites infos que vous aurez oubliées demain

Dans la catégorie « on nous prend vraiment pour des jambons » :

Vous ne connaissez probablement pas Dominic Cummings, et pourtant c’est l’un des « cerveaux du Brexit », qui travaillait pour la campagne du « Leave ». L’homme n’est pas à une contradiction près : début juillet, il a déclaré qu’avec le recul le référendum était « une idée stupide » et que la sortie de l’Union européenne pourrait être « une erreur » pour le Royaume-Uni. Fallait peut-être y penser avant, nan ?!!

Quand on sait que Mr. Cummings est à l’origine du slogan mensonger affiché sur les bus anglais affirmant que le Royaume-Uni envoyait 350 millions de livres chaque semaine à l’UE… On se dit qu’il y a quelques claques qui se perdent !

BoJo tout en finesse

Le très diplomate ministre des Affaires étrangères britannique, Boris Johnson, est rarement du même avis que son collègue des Finances. Et cette règle s’est récemment confirmée : à propos de la facture dont Londres devra s’acquitter avant de sortir de l’Union, il a déclaré, deux-points-ouvrez-les-guillemets : « Ils peuvent toujours courir ». Ok Boris. Bisous !

EasyJet s’envole en Autriche

EasyJet a senti le vent tourner (ha-ha-ha.) La compagnie aérienne britannique va ouvrir une nouvelle société basée en Autriche pour limiter les pertes causées par le Brexit. En effet, environ 30% de ses vols low cost décollent de pays de l’U.E. Après le Brexit, il lui aurait fallu une dérogation pour continuer à les assurer. Mais EasyJet prend les devants et « s’européise » -si un tel mot est autorisé par la loi.

Épisode 13

Brexit blog: birthday party

Sortez les cotillons, les seaux à champagne et les vuvuzélas : ce vendredi 23 juin on fête… Le premier anniversaire du Brexit ! Rappelez-vous: il y a un an jour pour jour, le monde se réveillait dans la stupeur en découvrant le résultat du référendum britannique. « Oh les cons, ils l’ont fait… » Personne n’y croyait, et pourtant c’est arrivé. Ces douze derniers mois ont été riches en émotions et en actualités toutes plus « what the fuck » les unes que les autres. À l’occasion de cet anniversaire, on a résumé pour vous les temps forts post-Brexit en vidéo. 

Graphisme : Mikaël Cuchard. Montage : Sebastian Scheffel. Rédaction : Aliénor Carrière et Mélanie Chenouard. 

Episode 12

Beaucoup de bruit pour rien

Dix jours d’avant d’aller négocier les conditions du Brexit avec les Européens, Theresa May gagne-mais-perd les législatives anticipées qu’elle était si fière d’organiser.

C’est ce qu’on appelle une belle baffe politique…

*outch*
Theresa Chirac

Merci à Guillaume TC, le roi des « croisons-les ».

Try agaaaain

Elle nous a presque fait une Chirac ! Ah ils sont conteeeents les éditorialistes politiques français. Vingt ans après, ils peuvent enfin comparer l’erreur de la droite française et celle du conservatisme britannique.

Suite aux législatives anticipées du 8 juin 2017, les travaillistes gagnent 30 sièges au Parlement, tandis que May et son équipe en perdent 13.

Theresa May espérait faire un carton plein… mais après une campagne compliquée, le score des Tories s’effondre. Tout ça pour ça…

Finalement, sans rentrer dans la comparaison internationale, May aurait dû revoir ses cours sur l’histoire politique britannique. En 1974, les conservateurs avaient déjà tenté l’expérience, avant de voir le Labour gagner les élections.

Tout n’est pas perdu. Les conservateurs sont à 318 sièges, contre 262 pour leurs principaux concurrents travaillistes. Là où ce graphique est intéressant : il donne le score du DUP (Parti unioniste démocrate d’Irlande du Nord, sombres inconnus pour nous, Français et Allemands) les nouveaux alliés de May avec leurs dix députés, qui lui permettent de quitter les Lib-Dem avec qui ça commençait à sentir le roussi.

Arlene Foster, nouvelle alliée de Theresa May (leader du DUP)
Theresa May aurait-elle conclu un pacte avec le diable ?

Le DUP (pour Democratic Unionist Party) est le parti le plus conservateur de Grande-Bretagne, ses députés ont posé des vetos sur des lois pro-LGBT, et se refusent à légitimer l’avortement (encore majoritairement interdit en Irlande du Nord). Concernant le Brexit, la leader du DUP et dirigeante de l’Irlande du Nord, Arlene Foster a été claire : « Personne ne veut d’un Brexit dur !« . Son parti était cependant pro-Leave l’an passé, même si les Nord-Irlandais auraient préféré rester dans l’UE à 56%.

 

A lire ailleurs (si vous voulez vous faire peur)

Quelles sont les positions politiques (extrêmes) du DUP dans The Independant

Chez les conservateurs, on joue au lancer de couteaux. « Theresa May a raté sa campagne et encore je suis gentille. Le message véhiculé a été consternant et le revirement sur les soins aux personnes âgées une catastrophe », commente la députée conservatrice Ann Soubry, elle-même réélue de justesse. Autant dire que les copains Tories commencent à lui en vouloir sérieusement…

Les vieux Britanniques face à la "Dementia Tax"
AAAAAAAAAAH !
Polémique de campagne

Ce qui aurait coulé Theresa May, c’est son revirement sur une mesure de sa campagne : elle voulait (avant de se rétracter) que les personnes âgées qui sont propriétaires financent davantage leur assurance maladie. La « taxe sur la démence » a fait grincer des dents, même de ceux qui n’en n’avaient plus… c’est con, c’est son électorat.

Pendant la campagne, Theresa May en avait vu de toutes les couleurs dans la presse. « Vantarde qui détale au premier coup de feu » pour certains, elle aurait pour d’autres « la chaleur, l’humour, l’agilité oratoire et le charme d’un congélateur [de la marque] Indesit mal branché […] rempli de crêpes croustillantes de chez Findus en état de décomposition ». WOW. Ils aiment bien les métaphores scabreuses les journalistes anglais, ça me plaît bien. Et ils ont tendance à s’acharner, comme le montre cette interview par le journaliste Jeremy Paxman.

 

 

Interviewé sur Europe 1, un habitant londonien ose une proposition : « Ce désastre c’est celui de Theresa May, elle n’avait pas besoin de convoquer une élection, elle s’est trompée sur tous les plans, c’est une erreur terrible. Il faut que le parti reprenne la main. Le meilleur ce serait Boris Johnson, c’est notre meilleur espoir« . Déprimant ce Monsieur, donnez-lui un Xanax sur-le-champ !

Oh wait… alors, oui, please, let BoJo be Prime Minister ! Ça nous fera du grain à moudre, ici au Brexit blog. 

On rembobine

Okay, comment on en est arrivé là ? C’est simple comme une courbe de sondage qui fait le grand huit. Au début, May est confiante. Elle se dit que pour asseoir son autorité face aux Européens, elle doit montrer que son peuple la soutient à 200%.

BIM, le 18 avril, elle balance la bombe : législatives anticipées !

Le sondage de la mort

Il sort le 26 mai et c’est la douche froide pour les conservateurs. L’institut YouGov prédit dans le Times une montée vertigineuse du Labour de Corbyn, et une éventuelle perte de la majorité absolue des Tories. La Première Ministre a beau se réfugier derrière un très politique « le seul sondage qui compte est celui qui va se tenir le 8 juin », dans son camp, ils flippent tous leur race.

Dans le fond, Theresa May n’a pas mal choisi son moment…

 Parce que jusqu’ici tout va bien, à vrai dire, les Anglais ne se rendent pas vraiment compte de ce que le Brexit peut changer dans leurs vies. L’article 50 a tout juste été déclenché, et son parti est crédité d’une avance de vingt points face au Labour, début mai, juste après l’annonce des législatives anticipées. Tout lui paraît easy !

Elle repousse ainsi les prochaines législatives en 2022 – et non en 2020 comme elles étaient prévues initialement. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour May ça veut dire beaucoup : dans les trois prochaines années, les conséquences du Brexit vont sérieusement se faire ressentir en Grande-Bretagne, de quoi donner envie aux électeurs de bouder les conservateurs. En se donnant deux ans de marge, elle peut sauver les meubles en 2022. Who knows…

Et aussi en appelant à des législatives anticipées mi-avril, elle parvient à sauver certains de ses copains députés, dont l’élection aurait pu être invalidée : en 2015, une quinzaine de conservateurs sont élus mais sont visés par des poursuites judiciaires pour avoir trop dépensé pendant leurs campagnes (eh oui, ça n’arrive pas qu’en France, visiblement …). Or quinze postes de députés en jeu, sur une majorité fragile, ça peut changer beauuucoup de choses pour Theresa May.

Finalement le procureur de la Couronne va reculer le 10 mai, et décider de ne pas les poursuivre dans la grosse majorité des cas… Theresa May n’aura plus qu’à mieux surveiller ses troupes, après ce premier avertissement de la justice.

Elle veut gagner une large majorité pour diriger seule, avant d’entamer les négociations… le tout sans être déstabilisée au Parlement par le Labour, le SNP (Parti national écossais) et les Lib Dems (ses alliés de coalition d’alors, beaucoup trop pro-Remain à son goût).

A lire ailleurs

Pourquoi Theresa May a loupé son pari, dans La Croix.

EPIC FAIL 

Bon, ça a capoté. Mais pourquoi ? Si on synthétise, ce serait parce que :

– Sa position intransigeante sur le Brexit n’aurait pas plu à une partie de son électorat traditionnel.

– Theresa May a réduit le nombre de policiers alors qu’elle était ministre de l’intérieur. Or il y a eu trois attentats en trois mois au Royaume-Uni, for-cé-ment, ça fait mauvaise figure, même si les deux ne sont pas systématiquement liés.

– Et parce qu’elle ne s’est pas pointée au débat entre les candidats. Sa réponse : « pas le time, les mecs, j’suis sur le ground avec les vrais gens, moi, sorry, kisses ».
Idéal pour passer pour la snobinarde de service.

Et accessoirement, les réseaux sociaux l’ont allumée avec une chanson bien particulière, interdite de diffusion sur les radios nationales.                      

 

 

Une campagne résumée à un affrontement Corbyn – May

Il y a eu un débat et des engueulades annexes. Rien d’illogique, on est en politique, me direz-vous. Bon, les tacles auraient pu être un poil plus fun. Theresa a dit de Jeremy, que s’il devenait Premier ministre, il se retrouverait « tout seul et tout nu dans la salle de négociations de l’Union européenne ». C’est limite mignon comme attaque, non ?

Ce à quoi Corbyn a répondu : « C’est inapproprié d’imaginer quelqu’un nu – même moi ». Okay les mecs, on vous laisse prendre un thé entre vous, pour en débattre, poliment.

 

 

Même si à la fin, c’est May qui reste Première ministre, Jeremy Corbyn a marqué des points.

 

Ah, il est content Jeremy ! Il a à la fois fait la nique à :

– Tous les conservateurs qui trouvaient que c’était un loser.

– Tous les Brexiteurs qui le pensent mou.

– Et même dans son propre camp : il a fait une percée inespérée, dépassant, avec ses 40%, les scores de Tony Blair, Gordon Brown et Ed Milliband depuis 2005.

 

Dans un électorat déçu par les travaillistes convertis au néolibéralisme (via Tony Blair et Gordon Brown, en particulier), son programme anti-austérité et pro-justice sociale, intitulé « Pour le plus grand nombre, pas quelques-uns », a manifestement été plébiscité auprès des jeunes notamment. C’est peut-être ça, le premier critère du politicien dit « cool » : Corbyn disposait de 44 points d’avance sur sa rivale conservatrice chez les 18-24 ans, en promettant par exemple la suppression des frais d’université ou la défense du système de santé public, le NHS.

Dans le métro londonien, les campagnes sont explicites.

VU DANS LE METRO – « Voulez-vous la suppression du système de santé ? » OUI : je vote Tory NON : je vote Labour. Ça a le mérite d’être explicite.

 

Les trolls du web ont aimé pour vous…

Mais finalement, à force de vouloir avoir l’air cool, on se retrouve à faire des bourdes… comme avec l’une de ses collègues du parti travailliste le soir de la victoire… et là c’est le drame : Jeremy loupe magistralement son high five devant les caméras du monde entier. 

 

Ska - Liar liar

Ce titre, qui critique la Première ministre britannique Theresa May, cartonne au Royaume-Uni. Mise en ligne le 25 mai, la vidéo cumule quelque 2 800 000 vues sur YouTube.

On sort les gros muscles

Ground control to Major Jeremy

(faudrait pas qu'il prenne la grosse tête, avec tout ça)

He's baaaaack
A lire ailleurs

Et un comeback pourrait l’occuper… surtout pendant que le FBI s’intéresse à lui dans le cadre d’une enquête sur d’éventuels liens entre l’équipe de campagne de Donald Trump et la Russie. Une info what-the-fuck à lire sur le Monde.fr.

MAIS AU FAIT comment va Nigel Farage ?

C’est vrai ça, ça fait un moment qu’on ne l’a pas entendu ! Alors, il n’a pas vraiment commenté le fait que UKIP ait perdu son seul et unique député au Parlement… nooon ça, il ne l’a pas mis en avant. Par contre, il a réussi à s’exprimer du fin fond de sa retraite : il a peur. De l’extrémisme, du manque de sécurité et… des méchants Européens. La victoire de May risque de ne pas conduire à un Brexit fort, comme il l’espérait. Logique, ce Nigel, toujours très logique. Et la politique, il l’a dans la peau. Il envisage même de se représenter à la tête de son futur ex-parti, UKIP. Paul Nuttall, jusqu’ici leader du parti eurosceptique, a démissionné après la raclée du 8 juin. D’autres sources nous soufflent à l’oreille que Nigel pourrait revenir en tant que… négociateur du Brexit, et ce serait les Nord-Irlandais du DUP qui lui auraient demandé de rappliquer en vitesse. Si ça confirme, la suite promet d’être encore plus fun…

Well … et maintenant ?

Maintenant, la Première ministre reste en poste, mais change de potes pour gouverner.

Qu’est-ce que ça change pour le Brexit ?

La position de la Grande-Bretagne devient soudain … difficilement lisible. Du Brexit « dur », les Tories vont devoir se passer. Mais resteront-ils d’une façon ou d’une autre dans le marché commun ? Sous quelles conditions ? Déjà avec l’élection en France d’Emmanuel Macron, les Britanniques avaient perdu des points, le nouveau président français très europhile ayant été clair : hors de question qu’un pays tiers dispose des mêmes droits que les Etats membres.

Jean-Claude Juncker et Michel Barnier attendent les Britanniques à table, en se frottant les mains.

Ces prochaines semaines, les discussions devraient commencer, elles doivent durer entre quatorze et dix-huit mois, on a le temps d’en reparler. Vous pouvez compter sur nous pour vous en décrire chaque soubresaut… et chaque bourde, évidemment !

Episode 10

Brexit pour tous, tous pour le Brexit ?

 

C’est encore une semaine riche en émotions que vient de traverser le Royaume-de-plus-en-plus-désuni. Après moultes péripéties, (que vous pouvez rattraper ici), le Parlement a fini par autoriser, lundi 13 mars, le déclenchement du Brexit. L’accord de Westminster est tombé pile-poil : deux semaines de plus, et la promesse Theresa May arrivait à expiration. En effet, elle s’était engagée à lancer le processus de sortie avant la fin du mois. Si elle a réussi son pari de justesse, la Première ministre a aussi essuyé le même jour un revers inattendu…

La revanche du kilt

Le coup est venu d’Edimbourg. Nicola Sturgeon n’a pas hésité à tirer sur l’ambulance. Lundi 13 mars au matin, la cheffe du gouvernement écossais a annoncé la tenue d’un nouveau référendum sur l’indépendance de son pays.

« Je vais faire le nécessaire pour garantir à l’Ecosse la possibilité d’avoir son mot à dire à la fin du processus. D’avoir le choix de suivre le Royaume-Uni dans la voie d’un Hard Brexit, ou celui de devenir un pays indépendant. (…) Depuis le mois de juin dernier, ma priorité a été d’essayer de trouver un accord avec le gouvernement du Royaume-Uni, qui réconcilierait le voeu de Londres de quitter l’Union européenne, et la volonté écossaise d’y rester. (…) Mais aujourd’hui, alors que le processus de sortie permis par l’article 50 a été enclenché, le gouvernement du Royaume-Uni n’a pas bougé d’un iota en faveur d’un compromis. (…) La voix et les intérêts de l’Ecosse ne peuvent pas être ignorés. »

Un discours ferme, plein d’assurance et de “r” roulés, que vous pouvez écouter en anglais ci-dessus.

Un référendum, encore ?

Pour ceux qui ont une légère impression de déjà vu, non vous ne rêvez pas : la dernière fois que les électeurs écossais ont été appelés aux urnes pour décider s’ils voulaient naviguer en solo ne remonte pas à si longtemps que ça. En septembre 2014, 55% des Ecossais ont répondu “non” à leur gouvernement, qui leur proposait le divorce avec Londres.

Notons tout de même que la situation a considérablement changé depuis. Au moment où les Ecossais ont voté en faveur de leur maintien dans le Royaume-Uni, ils ne pouvaient pas se douter que Londres déciderait deux ans plus tard de tourner le dos au reste de l’Europe. Surtout que les Ecossais, eux, n’ont pas été hyper emballés par le Brexit. Pour rappel, une très large majorité d’entre eux (62%), ont voté pour le “Remain”. Les boules.

L’idée de mener un second référendum ne sort pas tout droit du chapeau de Nicola Sturgeon, donc. D’autant plus que les vélléités nationalistes des Ecossais n’ont jamais été aussi hautes, comme l’a relevé la BBC.

En tout cas, l’annonce de la cheffe du gouvernement écossais a déclenché des torrents de réactions sur les réseaux sociaux, à grand renfort de hashtag (#indyref2, #scotref). Pour le meilleur et pour le pire. (Voir le tweet à droite).

 

“L’Indyref2 a été annoncé seulement mardi et mon fil d’actualité est déjà rempli de tentatives Photoshop légèrement terrifiantes”.

Si Sir Arthur Dayne de "Game of Thrones" existait dans la vraie vie, c'est très certainement à Theresa May qu'il se serait adressé en ces termes.

Ce qui est sûr, c’est que Theresa May n’est pas au bout de ses peines pour les deux années à venir : à la bataille du Brexit va s’ajouter celle de l’indépendance scottish. On lui souhaite bon courage !

Opération séduction pour la royale famille

Après l’annonce du début du processus de Brexit, le Royaume-Uni a réfléchi à une stratégie pour adoucir l’opinion de l’Europe à son égard. Londres a eu une idée de génie : envoyer en France tout ce qui se fait plus charming, délicat, la crème de la crème du glamour et du raffinement british, j’ai nommé : Kate et William. Cette manoeuvre politique n’a pas échappé au magazine Gala, qui souligne, toujours la plume dans la plaie, la “carte glamour pour faire oublier le Brexit”. On ne peut rien leur cacher.

Nous avons reconstitué pour vous le dialogue entre la duchesse de Cambridge et son époux lorsqu’ils ont appris qu’on les parachutait sur le Vieux Continent. Une scène à elle seule emblématique de l’épuisement psychologique du couple. (Voir le gif ci-dessous).

Kate, les dents serrées :

“- Darling, mes courbatures aux zygomatiques me font souffrir le martyre, et le petit en a sa claque d’être trimballé partout”.

William, tendu comme une crampe :

“- Chérie, please, encore un petit effort… L’Europe entière s’apprête à nous haïr pour le restant de nos jours. Il en va de l’image de notre glorieuse nation.”

 

Vendredi 17 mars, le duc et la duchesse de Cambridge sont donc arrivés à Paris pour rencontrer François Hollande, sourire et adresser à la foule admirative tout ce qu’ils peuvent de signes élégants de la main. Bon les gars, on salue l’effort, mais pas sûr que les visites de la famille royale suffisent à rabibocher Londres avec le reste des Vingt-Sept. Il faudra au minimum nous envoyer Emma Watson, Jude Law, Hugh Grant, Daniel Craig et Kate Moss pour espérer une embellie. Vous pouvez garder James Blunt, on ne vous en tiendra pas rigueur.

Episode 9

Westminster s’en mêle

 

Depuis que les britanniques ont voté “Leave” le 23 juin dernier, l’actualité du Royaume-Uni se rapproche chaque jour un peu plus du scénario d’une telenovela : quelques jours d’inattention et voilà qu’on a loupé les derniers rebondissements. Petit rattrapage du mois de janvier chez les rosbifs, qui a été particulièrement riche en émotions. Il s’en est passé des trucs, pendant que le monde entier comptait avec angoisse les dernières heures de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis…!

On a même dérangé les 11 juges de la Cour suprême en plein essayage de robes de chambres dorées.

 

Précédemment dans « Brexit : journal subjectif »,  on vous parlait de Gina Miller, cette femme d’affaire au caractère bien trempé qui tentait avec sa team de faire rentrer le Parlement dans la bataille du Brexit. L’idée était de rappeler à la justice britannique le principe de “souveraineté parlementaire”, en lui démontrant que la sortie de l’Union européenne était typiquement le genre de transformations majeures pour le pays qui nécessitent un vote du parlement.

Of course, les irréductibles Brexiteurs ont crié au scandale, certains allant jusqu’à calomnier, insulter et menacer Gina Miller. Theresa May et le gouvernement, de leur côté, ont passé les dernières semaines à croiser les doigts très fort pour pouvoir enclencher le processus de sortie de l’Union avant fin mars 2017, comme prévu. Et bien figurez-vous (roulement de tambours) que Gina Miller a fini par obtenir gain de cause.

Le Parlement arrive sur le ring

Londres, 24 janvier 2017, 9h30 tapantes. Après plusieurs mois de bataille juridique, le président de la Cour suprême David Neuberger a fait une annonce qui a dû provoquer un énorme « facepalm » collectif au sein du gouvernement May. Un truc un peu comme ça :

« Une loi votée par le Parlement est indispensable pour autoriser le gouvernement à notifier la décision du Royaume-Uni de se retirer de l’Union européenne ». C’est ce qu’on pourrait appeler un nouveau caillou dans la chaussure de Theresa May (et à ce rythme-là, elle doit carrément marcher sur un tapis de gravillons). 

Mais Mrs. May ne s’est pas laissée abattre et a dégainé plus vite que son ombre : le 26 janvier, deux jours seulement après la décision de la Cour suprême, elle a présenté le projet de loi qui demande aux parlementaires de la laisser brexiter tranquille. Jeremy Corbyn, le chef du Labour, a promis que son parti respectera « le résultat du référendum (…) et ne contrecarrera pas la procédure de l’article 50 ».
« Simple », très court et presque expéditif, ce texte de 137 mots sera examiné dès le mardi 31 janvier par la chambre des Communes. Il devra ensuite faire un petit tour par la Chambre des Lords, avant d’être validé en dernier recours par la reine. L’objectif : avoir l’assentiment de sa royale majesté avant le 31 mars.​

C’est probablement pour ça que Davis Davis, le Mr. Brexit du gouvernement May, n’a pas manqué de mettre un petit coup de pression aux parlementaires. « Je fais confiance au parlement, qui a voté en faveur du référendum par six contre un, pour respecter la décision prise par le peuple britannique et pour valider rapidement ce projet de loi », leur a-t-il rappelé, probablement d’un ton menaçant et avec un doigt accusateur. 

Autre décision de la Cour suprême annoncée ce mardi 24 janvier : les assemblées régionales ne pourront pas avoir de droit de veto sur la décision du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne. Seul la décision du Parlement britannique sera prise en compte.

L’Irlande, le Pays de Galles et l’Ecosse avaient essayé de placer leurs pions en demandant à ce que leur avis soient aussi consultés. Nicola Sturgeon, Première ministre écossaise, voulait en profiter pour faire entendre l’avis de sa population, opposée au Brexit à 62%. Londres n’a rien voulu savoir. 

« Theresa Maybe », c’est fini ?

Quelques jours plus tôt, la Première ministre a détaillé sa vision du Brexit et de l’avenir de son pays, mettant fin (du moins provisoirement) à des mois de railleries sur son indécision et le flou artistique entretenu autour de son plan d’action. Il était temps, parce qu’elle devait avoir sacrément les oreilles qui sifflent. Et puis il faut tout de même le signaler, les jeux de mots sur son nom de famille commençaient à se faire de plus en plus lourdingues. La palme d’or de la vanne la plus facile est attribuée à The Economist, pour son super titre sur « Theresa Maybe« .

Un peu comme si les journaux français avaient… oh wait, je crois qu’ils ont déjà tenté ce genre de blagues subtiles.

 

 

Toujours est-il que Mrs. May a expliqué les grandes lignes de son plan de sortie. Il pourrait se résumer aux paroles d’une célèbre chanson de Queen : « I want to break free !«  (Qu’on vous invite à réécouter à l’occasion, ça ne peut pas faire de mal). Le principal effet d’annonce de la Brexiteuse-en-chef concerne le marché unique, c’est-à-dire l’accord de libre-échange qui permet aux pays de l’U.E. de faire du commerce sans taxes, en gros. Il garantit la libre circulation des marchandises, mais aussi des personnes.

Theresa May a déclaré que le Royaume-Uni sortirait de ce marché commun mais se battrait pour y avoir accès de la manière la plus large possible. Traduction : “On veut renforcer le contrôle aux frontières et en finir avec la libre-circulation des personnes, mais par contre on aimerait pouvoir continuer à exporter dans les pays de l’U.E. les gars…” Oui, parce que le hic, c’est que 44% des marchandises exportées par Royaume-Uni en 2015 ont atterri… dans les pays de l’U.E. Économiquement, il risque d’y avoir un petit trou dans la raquette.

Globalement, Theresa May a tenu un discours ferme allant dans le sens du “hard Brexit” pressenti ces derniers mois. La preuve, le très conservateur Daily Mail a salué “la nouvelle Grande-Bretagne libre de Theresa May”. Si même le Daily Mail est satisfait…

Pour finir, voici une petite liste non-exhaustive des choses les plus farfelues qu’on a apprises ces dernières semaines.

A la demande de l’opposition travailliste, Theresa May a rendu public le « Livre Blanc » du Brexit censé clarifier sa stratégie pour guider le vote des parlementaires. Ces derniers doivent donner leur feu vert avant le début du processus de sortie de l’U.E. Dans ces 77 pages, le gouvernement revient sur les grands points déjà annoncés : on peut par exemple y lire que le Royaume-Uni entend se retirer de la Cour européenne de Justice et du marché unique.


Dès sa publication, ce fameux Livre Blanc s’est attiré une pluie de railleries. Le Guardian le décrit par exemple comme « une liste de souhaits déguisée en stratégie« . Pour mettre en évidence la faiblesse des engagements, le quotidien se livre à une petite démonstration sémantique : 
« Pour démontrer que ces ambitions sont vides de sens, on peut appliquer une technique très prisée par les éditeurs lorsqu’ils cherchent à couper les bavardages inutiles d’un texte. Si vous inversez une affirmation et qu’elle ne veut plus rien dire, il y a une forte probabilité pour que l’assertion originale soit creuse également ».


Et le Guardian de continuer le raisonnement, implacable : « 
Le gouvernement mettra un point d’honneur à assurer l’accord commercial le plus libre et le moins conflictuel possible concernant les biens et les services’, peut-on lire dans le rapport. Il est difficile d’imaginer qu’un gouvernement veuille enlever l’accord commercial de ses priorités et faire en sorte qu’il soit le plus difficile et le plus fastidieux possible ». C’est sûr que vu comme ça… 

Le point de non-retour 

 

Mardi 7 février, le Parlement écossais vote à écrasante majorité contre le projet de démarrage du Brexit. Bon, le seul souci, c’est qu’il s’agit d’un vote uniquement symbolique : comme c’est expliqué plus haut, seul la décision du Parlement britannique entre en compte.

Le même jour, pendant l’examen du projet de loi à la Chambre des Communes, Theresa May est confrontée à une tentative de rébellion au sein de son propre camp. Vingt-sept députés conservateurs menacent de voter en faveur d’un amendement déposé par Chris Leslie, membre du parti travailliste. Le Labour et le SNP (parti national écossais) demandent via cet amendement un second vote du Parlement sur le Brexit à la fin des deux ans de négociation, qui permettrait de rejeter le projet final du Brexit s’il était jugé inadapté.

La réponse à la requête de Chris Leslie résumé en un gif.

Mercredi 8 février, la tension monte encore d’un cran : c’est le dernier jour avant le vote final de la chambre des Communes. Le point de non-retour, en quelque sorte. Et sans réelle surprise, la chambre des Communes a largement approuvé le texte du gouvernement, à 494 voix contre 122. Plus qu’un petit passage par la chambre des Lords, et le compte à rebours est lancé. 

Manque de pot, réponse du gouvernement : le deal final du Brexit sera « à prendre ou à laisser » pour les parlementaires. Ils ne pourront pas rejeter le texte à ce moment-là, à moins de plonger le pays dans la panade et le chaos économique. Et la chambre des Communes de rejeter l’amendement de Chris Leslie à 326 voix contre 293. 

Plus de peur que de mal pour la Première ministre, les 27 frondeurs d’un jour se sont finalement ralliés à l’avis du gouvernement en fin de journée.