Cette fois, c’est la bonne !?

Cette fois, c’est la bonne !?

On aimerait vraiment vous dire oui, croyez-nous. Mais comme T-May l’a exprimé samedi, on a comme une impression de déjà vu : le schéma classique où la proposition d’accord du Premier Ministre est validée par l’Europe, et les Brits qui saccagent tout par la suite.

Pour le moment, les chamailleries ont lieu du côté de Westminster où les députés s’écharpent quant à la suite de la saga.

Et nous, on poireaute, dans l’espoir de titrer un jour : THE END.

(Même si on s’amuse bien à se moquer d’eux ici hein)

So close yet so far?


« Bonne nouvelle »
pour Macron, « accord juste et équilibré » selon Juncker, « excellent accord » d’après BoJo himself… C’est vrai qu’on a presque eu la larme à l’œil jeudi dernier, tant l’amitié anglo-européenne rayonnait.
C’est donc à 11h34 pétantes que la lumière fut. « FIAT LUX ! » comme diraient les amoureux de la langue morte. Le tweet salvateur du patron de la Commission, notre page 12 étoiles à nous, répandait la grande nouvelle : « We haaave one ! » (…d’accord).

HOLY MOLLY.

On n’y croyait plus.

Un peu comme la réponse de ton crush à qui tu as proposé un verre il y a 10 jours. Ça te soulage sur le moment, tout en te faisant craindre le déroulement des épisodes suivants.

Toujours est-il que l’Europe, dans sa grande mansuétude, a fini par approuver l’accord lors de ce Sommet européen, avec quelques modifications tout de même :

Si vous avez lu attentivement le dernier épisode de ce journal (ce dont je ne doute pas), vous étiez au courant que l’étape cruciale par laquelle l’énième version du Brexit devait passer, avait lieu ce 17 et 18 octobre, lors du Sommet européen.

Nous-mêmes, journalistes consciencieux, scrutions à chaque instant le début d’une approbation européenne qui nous rapprocherait de la sortie de ce marasme politique.

Soulagement certes, car elle était mal emmanchée dès le départ, c’t’affaire. Le sommet n’avait pas encore commencé jeudi que les Nord-Irlandais avait (déjà) mis un (back)stop du siècle à BoJo et son accord.

Les unionistes ne supportaient pas qu’on leur ait octroyé un traitement différent de celui réservé à leurs cousins Rosbifs, notamment sur la question douanière.
Autant vous dire que BoJo avait grave les boules d’être trahi par ses copains celtes. Déjà que les Européens, c’est pas une mince affaire de se les mettre dans la poche, si c’est pour que les fans de U2 s’y mettent aussi, ça va être sacrément compliqué.

 

 « Backstop no more ! » : Britanniques et Irlandais du Nord seront désormais dans la même union douanière (hors de l’Union européenne de fait).

Cependant l’Irlande du Nord continuera d’être soumise aux normes du marché unique européen (comme pour la TVA par exemple).

Le Royaume-Uni restera membre de l’union douanière et du marché intérieur de l’UE pendant toute la période de transition, soit au moins jusqu’à fin 2020, afin de pouvoir négocier un accord de libre-échange qui plaise à tout le monde.  

Une histoire sans fin

Après avoir bravé la brise de la Commission, il fallait affronter le typhon de Westminster. On vous le rappelle (lire épisode 23), mais la défection d’un premier rebelle conservateur, suivie de l’expulsion de 21 autres, avait coûté la majorité parlementaire à BoJo.

Celle-ci même dont il a crucialement besoin pour espérer faire adopter son accord. La pente à gravir affichait un dénivelé de 99% en somme. Un peu comme pour cette Range Rover.

Les unionistes irlandais n’étaient évidemment pas les seuls à se mettre vent debout contre la proposition d’accord. L’opposition travailliste (dirigée par l’insubmersible Jeremy Corbyn) était bien évidemment contre, les Ecossais et les membres du parti eurosceptique de Farage (qué s’apelorio Parti du Brexit) aussi. (Vous me direz quand tu t’appelles Parti du Brexit, t’as pas envie que l’histoire s’arrête tout de suite sinon tu vas être forcé à changer ton fonds de commerce rapidos…)

C’est donc dans une ambiance nucléaire (c’est le niveau au-dessus d’électrique ?), qu’a débuté la session parlementaire EXTRA-ORDINAIRE ce samedi (les heures sup vont être soigneusement comptées) pour le vote de la proposition d’accord tamponnée :

           BoJo+UE =

(Fun fact : la Chambre ne s’était pas réunie un samedi depuis la guerre des Malouines en 1982. Voilà, vous faites ce que vous voulez de cette information.)

Et c’est là, qu’évidemment, rien ne s’est passé comme prévu. Tandis que Boris essayait de convaincre les derniers sceptiques, la réplique (non prévue au scénario) d’un certain Sir Olivier Letwin a conquis le public. Ce dernier a eu la bonne idée de proposer un amendement qui demande… un ultime report. La raison principale avancée était de s’accorder un peu de temps pour préparer la législation idoine à la mise en œuvre du Brexit. A la bonne heure ! C’est vrai qu’au rythme où on est, on n’est pas à un an près hein ?

L’amendement a bien évidemment été adopté par les députés (322 contre 306), reportant ainsi le débat sur l’accord à la semaine prochaine.  #neverendingstory

On lâche rien!!

Bon, vous vous doutez que la réaction de BoJo face à cette demande de report fut mesurée comme à l’accoutumée :
« Je ne vais pas négocier de report avec l’Union européenne, et la loi ne m’y oblige pas. Un délai supplémentaire serait mauvais pour l’Union européenne, pour le Royaume-Uni, et pour la démocratie » 
C’est toujours plus nuancé que de dire préférer mourir dans un fossé. 
Meanwhile à Westminster, la telenovela européenne a repris de plus belle et a diffusé, hier, mardi 22 octobre, son épisode le plus marquant de la saison (un peu comme celui où Cersei enflamme la moitié de la ville dans la saison 7 de GOT #spoileralert).

Le Parlement britannique a tendu la main pour la première fois au Premier ministre, en acceptant d’étudier sa proposition d’accord. Si, si, vous avez bien lu. Bon, après, ils ont clairement refusé la seconde requête de BoJo qui voulait que ce même accord soit examiné en accéléré (sous deux jours). Ce ne sera donc pas demain la veille que l’histoire prendra fin MAIS c’est un pas en avant, notons-le.

S’en est suivi le lendemain, un concours épistolaire pour le moins ubuesque, où BoJo a écrit tout et son contraire. Suite au vote de l’amendement, une lettre (non-signée) a été envoyée à D-Tusk, comme le veut la procédure, pour demander une prolongation de trois mois. (Sur le moment, tu te dis que le BoJo a retourné sa chemise et a préféré se plier à la décision du Parlement… après tout why not).

C’était sans compter sur la deuxième lettre retrouvée dans la boite aux lettres européenne, signée par BoJo cette fois, qui exprime qu’il ne souhaite en aucun cas ce délai (Oh eh José, faut choisir à m’ment donné).

Pour finir, une troisième missive a atteint Bruxelles, de la part de Tim Barrow, ambassadeur britannique auprès de l’UE, qui précise que si le report a été demandé, c’était par respect à la loi, le Benn Act, votée mi-septembre (lire épisode 23, ça fait 5 fois qu’on vous le dit purée).  


ATTENTION VIGILANCE.
Pour plus de clarté, nous devons vous faire remarquer qu’il y a un report DANS le report (si, si c’est possible). Il ne faut donc pas confondre le report de l’examen de l’accord par le Parlement britannique et le report du Brexit tout court (pour lequel BoJo voulait absolument tenir la deadline du 31 octobre, alors qu’il a été contraint de demander un report de 3 mois à l’UE samedi suite au vote de l’amendement Letwin). La durée du report du Brexit n’a donc toujours pas été décidée à ce jour.

Mais alors, quelles sont les différentes options pour la suite ?

On vous fait une petite liste :

♦ L’Europe refuse le délai qui irait jusqu’en janvier 2020⇒ les Brits ont intérêt à bûcher rapidement et BoJo tentera une ratification à l’arraché avant le 31 octobre

L’Europe accepte le délai jusqu’en janvier 2020 Bojo organise des élections anticipées (s’il arrive à obtenir la majorité au Parlement, ce qui paraît un peu compliqué)

♦ Avec ou sans délai accordé par l’Europe ⇒ L’opposition travailliste dirigée par Corbyn tentera d’organiser un second référendum ainsi qu’une négociation de l’accord à propos de l’union douanière (qui la veut commune à l’UE)

L’Ecosse préparera son indépendance Nicola Sturgeon (Première ministre écossaise) souhaite organiser un référendum d’autodétermination dès 2020

Tout ce qu’on peut dire avec certitude, c’est que tout le monde, globalement, en a marre. Olivier Letwin, l’instigateur de l’amendement du week-end, a déclaré : « Vous n’avez pas à aimer cet accord ou pas, mais c’est mieux que pire ». Même Donald Tusk a incité ses 27 collègues à accepter le report, avant de leur demander de bien vouloir retourner leur réponse « par procédure écrite » ⇒ Comprendre : « Grosse flemme de réorganiser un Sommet. Le délai de La Poste fera amplement l’affaire ».

Toute issue du Brexit avant le 31 octobre paraît donc très très trèèèèèèès compromise. Si tout se passe bien, il faudrait que la révision de l’accord par le Parlement britannique se fasse efficacement et vitesse grand V. Deux aspects qui, on peut le dire, ne caractérisent pas tellement l’aventure depuis le début…