On aimerait vraiment vous dire oui, croyez-nous. Mais comme T-May l’a exprimé samedi, on a comme une impression de déjà vu : le schéma classique où la proposition d’accord du Premier Ministre est validée par l’Europe, et les Brits qui saccagent tout par la suite.
Pour le moment, les chamailleries ont lieu du côté de Westminster où les députés s’écharpent quant à la suite de la saga.
Et nous, on poireaute, dans l’espoir de titrer un jour : THE END.
So close yet so far?
HOLY MOLLY.
On n’y croyait plus.
Un peu comme la réponse de ton crush à qui tu as proposé un verre il y a 10 jours. Ça te soulage sur le moment, tout en te faisant craindre le déroulement des épisodes suivants.
Toujours est-il que l’Europe, dans sa grande mansuétude, a fini par approuver l’accord lors de ce Sommet européen, avec quelques modifications tout de même :
Nous-mêmes, journalistes consciencieux, scrutions à chaque instant le début d’une approbation européenne qui nous rapprocherait de la sortie de ce marasme politique.



Une histoire sans fin
Celle-ci même dont il a crucialement besoin pour espérer faire adopter son accord. La pente à gravir affichait un dénivelé de 99% en somme. Un peu comme pour cette Range Rover.
C’est donc dans une ambiance nucléaire (c’est le niveau au-dessus d’électrique ?), qu’a débuté la session parlementaire EXTRA-ORDINAIRE ce samedi (les heures sup vont être soigneusement comptées) pour le vote de la proposition d’accord tamponnée :
BoJo+UE =
(Fun fact : la Chambre ne s’était pas réunie un samedi depuis la guerre des Malouines en 1982. Voilà, vous faites ce que vous voulez de cette information.)
Et c’est là, qu’évidemment, rien ne s’est passé comme prévu. Tandis que Boris essayait de convaincre les derniers sceptiques, la réplique (non prévue au scénario) d’un certain Sir Olivier Letwin a conquis le public. Ce dernier a eu la bonne idée de proposer un amendement qui demande… un ultime report. La raison principale avancée était de s’accorder un peu de temps pour préparer la législation idoine à la mise en œuvre du Brexit. A la bonne heure ! C’est vrai qu’au rythme où on est, on n’est pas à un an près hein ?
L’amendement a bien évidemment été adopté par les députés (322 contre 306), reportant ainsi le débat sur l’accord à la semaine prochaine. #neverendingstory
On lâche rien!!
« Je ne vais pas négocier de report avec l’Union européenne, et la loi ne m’y oblige pas. Un délai supplémentaire serait mauvais pour l’Union européenne, pour le Royaume-Uni, et pour la démocratie »
S’en est suivi le lendemain, un concours épistolaire pour le moins ubuesque, où BoJo a écrit tout et son contraire. Suite au vote de l’amendement, une lettre (non-signée) a été envoyée à D-Tusk, comme le veut la procédure, pour demander une prolongation de trois mois. (Sur le moment, tu te dis que le BoJo a retourné sa chemise et a préféré se plier à la décision du Parlement… après tout why not).
C’était sans compter sur la deuxième lettre retrouvée dans la boite aux lettres européenne, signée par BoJo cette fois, qui exprime qu’il ne souhaite en aucun cas ce délai (Oh eh José, faut choisir à m’ment donné).
Pour finir, une troisième missive a atteint Bruxelles, de la part de Tim Barrow, ambassadeur britannique auprès de l’UE, qui précise que si le report a été demandé, c’était par respect à la loi, le Benn Act, votée mi-septembre (lire épisode 23, ça fait 5 fois qu’on vous le dit purée).

ATTENTION VIGILANCE. Pour plus de clarté, nous devons vous faire remarquer qu’il y a un report DANS le report (si, si c’est possible). Il ne faut donc pas confondre le report de l’examen de l’accord par le Parlement britannique et le report du Brexit tout court (pour lequel BoJo voulait absolument tenir la deadline du 31 octobre, alors qu’il a été contraint de demander un report de 3 mois à l’UE samedi suite au vote de l’amendement Letwin). La durée du report du Brexit n’a donc toujours pas été décidée à ce jour.

Mais alors, quelles sont les différentes options pour la suite ?
On vous fait une petite liste :
♦ L’Europe accepte le délai jusqu’en janvier 2020 ⇒ Bojo organise des élections anticipées (s’il arrive à obtenir la majorité au Parlement, ce qui paraît un peu compliqué)
♦ L’Ecosse préparera son indépendance ⇒ Nicola Sturgeon (Première ministre écossaise) souhaite organiser un référendum d’autodétermination dès 2020
Tout ce qu’on peut dire avec certitude, c’est que tout le monde, globalement, en a marre. Olivier Letwin, l’instigateur de l’amendement du week-end, a déclaré : « Vous n’avez pas à aimer cet accord ou pas, mais c’est mieux que pire ». Même Donald Tusk a incité ses 27 collègues à accepter le report, avant de leur demander de bien vouloir retourner leur réponse « par procédure écrite » ⇒ Comprendre : « Grosse flemme de réorganiser un Sommet. Le délai de La Poste fera amplement l’affaire ».
Toute issue du Brexit avant le 31 octobre paraît donc très très trèèèèèèès compromise. Si tout se passe bien, il faudrait que la révision de l’accord par le Parlement britannique se fasse efficacement et vitesse grand V. Deux aspects qui, on peut le dire, ne caractérisent pas tellement l’aventure depuis le début…