Olivier Père

Apocalypto de Mel Gibson

Apocalypto (2006)

Apocalypto (2006)

On n’a jamais été très intéressé par Mel Gibson : vu aucun de ses films comme acteur depuis Payback et Complots en projections de presse, les dernières fois qu’on a payé pour le voir à l’écran étaient L’Arme fatale en 1987 (pas terrible) et Signes en 2002 (pour Shyamalan). Jamais vu non plus ses autres films en tant que réalisateur. Braveheart a pourtant bonne réputation dans le genre fresque historique et on peut considérer Mel Gibson comme l’inventeur du « Torture Porn » (La Passion du Christ, réalisé un an avant Hostel d’Eli Roth.) Toujours pas pressé de les voir. Mais son dernier film en date, Apocalypto (2007) découvert à sa sortie en salles se révéla une excellente surprise.

À l’époque Maya, une tribu pacifique est attaquée par des guerriers à la recherche d’esclaves pour des sacrifices humains. Un jeune chasseur est capturé et parviendra à échapper à ses tortionnaires afin de rejoindre son épouse enceinte et son fils, cachés dans une grotte. « La Guerre des étoiles réalisée par un psychopathe » : c’est ainsi qu’avait été défini Conan le barbare par un critique américain au moment de la sortie du film de John Milius. Cette formule pourrait bien s’appliquer à Apocalypto et elle rend hommage au talent épique et à la vision un peu démente du cinéma selon Gibson. Ce n’était pas très laudatif de traiter un cinéaste de fou mais cela apparaît aujourd’hui comme un compliment à l’heure où le cinéma hollywoodien est de plus en plus aseptisé, politiquement correct ou véhicule une violence formatée et anonyme. Ici c’est tout le contraire. Apocalypto est une réussite de l’étrange Mel Gibson. Son sujet ne se prête pas aux mêmes dérives que La Passion du Christ, même si une certaine idéologie droitière est encore palpable dans l’apologie des liens du sang et une exaltation des thèmes de la filiation et de la décadence. Ces réserves émises Apocalypto est un beau film d’aventures, plein d’idées poétiques et barbares, mélange de spectacle à l’ancienne et d’objet très contemporain où l’utilisation de la haute définition confère aux images un statut de reportage sur une civilisation en train de mourir. Bancal dans son introduction, feuilletonesque dans ses péripéties (on pense à Tintin), Apocalypto devient formidable dans sa seconde moitié, une impressionnante chasse à l’homme dans la jungle, un morceau de cinéma physique et sadique comme on en avait pas vu depuis Rambo (le premier et le dernier) et Predator.

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