Olivier Père

Massacre à la tronçonneuse : rencontre avec Tobe Hooper

Carlotta ressort le mercredi 29 octobre en salles Massacre à la tronçonneuse (The Texas Chain Saw Massacre, 1974) de Tobe Hooper dans une nouvelle restauration en 4K.

Massacre à la tronçonneuse

Massacre à la tronçonneuse

Sorti de nulle part (il né à Austin en 1943), Tobe Hooper est un illustre inconnu lorsqu’il tourne son premier film officiel avec une équipe semi-professionnelle et des capitaux privés. Massacre à la tronçonneuse est devenu un classique instantané du cinéma d’horreur des années 70, et continue de traumatiser chaque nouvelle génération de cinéphiles. Même si l’histoire d’un groupe de jeunes vacanciers idiots qui tombent dans le piège d’une famille de ploucs psychopathes a été filmée un millier de fois avant et après Massacre à la tronçonneuse, jamais aucun cinéaste n’est parvenu à montrer l’Amérique profonde, transformée en décharge humaine par la crise économique, sous un jour aussi terrifiant. Tobe Hooper s’inspire de plusieurs histoires vraies et notamment du même fait-divers macabre qui donna naissance à Psychose de Robert Bloch et de Alfred Hitchcock, soit le cas gratiné de Ed Gein, péquenot assassin cannibale empailleur et nécrophile. La description hyperréaliste et quasi documentaire de charniers et d’abattoirs débouche sur une atmosphère surréaliste de folie, d’hystérie et de cauchemar, où Tobe Hooper se permet toutes les folies, osant des cadavres exquis et des calembours visuels du plus mauvais goût. Comme La Nuit des masques (Halloween) de John Carpenter, autre titre séminal du fantastique contemporain, Massacre à la tronçonneuse s’intéresse à la figure (ou plutôt son absence angoissante, cachée sous un masque de peau humaine) du tueur en série, cernant la terreur moderne de la répétition et du vide par l’assimilation de formes anciennes de superstition (le croque-mitaine.) Un film à la postérité immense, couvert de suites, plagiats et remakes rarement à la hauteur de l’original, devenu aussi un objet d’études universitaires, mais qui n’a rien perdu de son efficacité et de sa violence malsaine, comme on pourra le vérifier de nouveau au cinéma.

Rencontre avec Tobe Hooper à l’occasion de la projection en mai à la Quinzaine des Réalisateurs pendant le Festival de Cannes de la version restaurée de Massacre à la tronçonneuse.

 

La réédition en salles de Massacre à la tronçonneuse nous permet de saluer la parution d’un gros livre en rapport avec le film de Tobe Hooper, Redneck movies : ruralité et dégénérescence dans le cinéma américain de Maxime Lachaud, anthologie exhaustive, érudite et richement illustrée qui passe en revue les nombreux films situés dans l’Amérique profonde, loin des villes, montrant souvent un visage effrayant des contrées sauvages et reculées du pays et de leurs habitants. C’est publié chez Rouge Profond qui continue son travail formidable en matière de livres sur le cinéma. En voici la couverture et la bande annonce (eh oui, il existe aussi des bandes annonces pour les livres !)

 

 

Catégories : Actualités · Rencontres

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