Olivier Père

Berlinale 2013 Day 6 : Youth de Tom Shoval (panorama)

Dans un Festival de Berlin avare de découvertes et de premiers films intéressants, Youth de Tom Shoval fait figure de remarquable exception. Né en 1981 Tom Shoval a étudié le cinéma à la très réputée Sam Spiegel School de Jérusalem et s’est fait remarquer avec des courts métrages. Tom Shoval est aussi un excellent critique de cinéma et un cinéphile passionné au goût et à l’enthousiasme très sûrs. Il franchit aujourd’hui avec brio le cap du premier long métrage.

Youth est l’histoire de deux frères jumeaux qui échafaudent un kidnapping avec demande de rançon afin de renflouer les dettes contractées par leur père et qui mettent en péril toute la famille, menacée de perdre son appartement.

Tom Shoval

Tom Shoval

Leur idée est d’enlever une lycéenne de la bourgeoisie israélienne. Hélas rien ne va se passer comme prévu : pour les deux frères et aussi pour le spectateur qui va de surprise en surprise, passionné et étonné par un sens du récit et de la mise en scène aussi affirmés chez un jeune cinéaste. Il faut dire que Tom Shoval connaît ses classiques. Youth débute par une magnifique scène de filature (l’un des frères suit et espionne la future victime sur le chemin de l’école) où plane l’ombre d’Hitchcock. La gémellité troublante des deux garçons, l’explication longtemps différée de leur acte confèrent au film un climat d’étrangeté et de doute, parfois à la limite de l’homo érotisme. Fiction du dérèglement, programmation d’un échec, Youth est un excellent thriller social qui nous rappelle que le vrai cinéma critique n’a pas besoin de grands discours. Youth est un nouveau film symptôme de la crise morale, économique et politique de la société israélienne, du vent de révolte et de contestation qui souffle parmi les jeunes. Comme Le Policier de Nadav Lapid l’année dernière, Youth brise le tabou de la violence entre Juifs, questionne de l’intérieur le culte de la jeunesse, de la force et de la performance à travers l’histoire d’un ratage immature. L’ennemi, le bouc émissaire n’est plus l’étranger mais le riche (peut-être aussi l’autre sexe, si l’on considère que cet enlèvement est un acte d’amour déraisonnable pour sauver l’honneur et restaurer l’image défaillante du père, dans une famille où la mère est inexistante), et la lutte des classes prend la forme d’un fait-divers œdipien, absurde et désespéré.

Très remarqué lors de sa présentation au Panorama, Youth n’a pas tardé à trouver un distributeur français. Nous reparlerons de ce film au moment de sa sortie.

Catégories : Actualités · Coproductions

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