Olivier Père

Black Christmas de Bob Clark

affiche américaine de Black Christmas

affiche américaine de Black Christmas

Je sais que c’est complètement hors saison mais j’aime beaucoup ce film. Black Christmas (1974) bénéficia longtemps d’une excellente réputation auprès de quelques amateurs de cinéma fantastique, tout en demeurant un titre inconnu du grand public, inédit en France. On a pu dire que Black Christmas avait inspiré des films d’horreur célèbres comme La Nuit des masques, Vendredi 13 ou Scream. Les éditions DVD américaine puis française (chez Wild Side) ont enfin permis la consécration définitive d’un film remarquable, à la fois modeste et intelligent, au-delà de son champ d’influence, réel ou hypothétique.

Psychose, titre séminal de l’horreur moderne, engendra plusieurs générations de films criminels où la figure du tueur est à la fois banalisée et auréolée de mystère. Après les nombreuses imitations du film d’Hitchcock réalisées dans les années 60, Black Christmas propose à son tour un habile mélange de faits-divers sanglant et de conte psychanalytique. Le motel de Norman Bates est remplacé par une pension d’étudiantes plus ou moins délurées, où les coups de fils obscènes vont bientôt céder la place aux assauts mortels. Pendant les fêtes de Noël, un maniaque rôde autour de la maison et assassine ses victimes sans mobile apparent, si ce n’est la répression de la sexualité féminine. Une jeune femme qui désire avorter semble être la cible du tueur, et le comportement étrange de son petit ami le désigne comme le suspect idéal.

Black Christmas développe la scène du meurtre sous la douche de Psychose sur toute la durée d’un long métrage. De début à la fin de Black Christmas, le tueur se réduit à une silhouette anonyme quand son point de vue ne se confond pas avec celui de la caméra, lors de mémorables séquences subjectives. Une des qualités du film est de maintenir jusqu’au bout l’énigme de l’identité du meurtrier. Pas de solution, pas de soulagement. Cette béance accentue le malaise du spectateur, le prolonge bien après la vision du film et affirme la supériorité du Mal face aux faibles défenses et gesticulations des pauvres mortels.

Black Christmas (1974)

Black Christmas (1974)

Le réalisateur Bob Clark est un cas assez étrange. Il débute dans la série Z plus ou moins parodique avant de signer au Canada deux titres importants du cinéma fantastique moderne, Le Mort-vivant et Black Christmas. Il enchaîne avec une aventure de Sherlock Holmes (Meurtres par décret, pas mal du tout) puis des farces pour adolescents (la série des Porky’s), puis n’importe quoi. Une comédie country avec Stallone et Dolly Parton (Rhinestone) par exemple. En 1983 il a réalisé une comédie de Noël que les Américains adorent et considèrent comme un classique du genre, A Christmas Story (jamais vu.) Il s’était finalement reconverti dans la réalisation d’épouvantables comédies familiales. Il est mort avec son fils dans un accident de voiture le 4 avril 2007 avant de pouvoir donner un nouveau souffle à sa carrière.

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