L'odyssée du Hindenburg

Berlin 1937. Fleuron de l’industrie du IIIe Reich, le célèbre zeppelin Hindenburg s’apprête à s’envoler pour les États-Unis. Mais Goebbels, ministre de la Propagande, est informé qu’un complot pourrait compromettre la démonstration de puissance de cet empereur des airs. Avant qu’il ne décolle, il charge le colonel Ritter de mener l’enquête à bord. Secondé par un redoutable agent de la Gestapo, qui se prétend photographe, l’honnête officier de la Luftwaffe embarque avec des passagers et des membres d’équipage dont plusieurs seront suspectés, notamment une flamboyante comtesse, vieille amie de Ritter.

Troubles desseins
S’inspirant de la tragédie du Hindenburg qui s’est embrasé lors de son atterrissage dans le New Jersey en 1937, accident dont l’origine n’a jamais été clairement établie, Robert Wise signe un film catastrophe dans la grande tradition hollywoodienne. Dans le huis clos de ce Titanic des airs, immense cathédrale de fer et de câbles, le cinéaste met en scène, sous le regard bleu acier du colonel Ritter (George C. Scott, impeccable de sobriété), une valse de passagers énigmatiques, d’un publicitaire à une aristocrate (Anne Bancroft, souveraine d’élégance décadente) en passant par un artiste de music-hall, dont les troubles desseins se perdent dans l’opacité de cet avant-guerre, terrain fertile pour l’espionnage. Fascinant personnage à part entière, le zeppelin, ventre matriciel gonflé d’hydrogène tout à la fois rassurant et menaçant, flotte au-dessus de l’Atlantique dans l’attente du désastre, entre croisière de luxe et haute tension. En s’appuyant sur l’hypothèse un temps envisagée d’une résistance de l’intérieur au régime nazi pour expliquer le drame, le cinéaste imagine une bombe cachée par un ancien militant des Jeunesses hitlériennes, devenu opposant farouche à la suite du bombardement de Guernica. Un suspense formidablement étiré, jusqu’à la spectaculaire scène finale de l’explosion, documentée à l’époque par les reporters.