La diplomatie du panda (2/2)

Plus qu’un simple animal attendrissant, le panda géant prend désormais la forme d’une nouvelle monnaie d’échange entre la Chine et les autres puissances mondiales. Si chaque pays d’Asie souhaite aujourd’hui accueillir l’ursidé chez lui, l’Empire du Milieu n’accorde son prêt qu’à ceux qu’il envisage comme de potentiels partenaires, soit en vue de nouer une alliance géopolitique, soit pour échanger des ressources. En se concentrant sur l’Indonésie, la Malaisie et Singapour, cet épisode montre comment la Chine grâce à ses prêts de pandas étend son influence en Asie du Sud-Est et se penche sur les avantages que chacun en retire : rentrées financières pour les pays hôtes et défense pour la Chine de ses intérêts maritimes dans le détroit de Malacca, une voie commerciale stratégique vers l’Europe que convoitent les États-Unis, l’Australie et le Japon. 

Revers de la médaille 
Peluches, porte-clés, magazines, vidéos sur Youtube et Tiktok… Depuis une dizaine d’années, le panda investit la sphère médiatique et se décline sur tous les supports. Ce symbole, récent dans l’histoire de la Chine, avait pour objectif d’opérer "une rupture nette avec le passé", selon le président Mao Zedong. Pari réussi, comme le démontre ce réjouissant documentaire en deux volets. Réunissant archives et témoignages de spécialistes, parmi lesquels le journaliste chinois Jiang Lin et l’historienne américaine Maura Elizabeth Cunningham, La diplomatie du panda raconte comment cet animal endémique est devenu une nouvelle arme du soft power chinois à même de servir ses intérêts économiques et géopolitiques et d’accroître son prestige culturel. Seule ombre au tableau : les menaces d’extinction qui pèsent sur d’autres espèces animales du continent asiatique, comme le tigre de Malaisie, victimes collatérales des investissements massifs consacrés à la préservation des pandas, aux retombées bien plus lucratives.