La luxure

Jacques, dragueur invétéré, tombe dans la rue sur son ami Bernard. Au café, feuilletant un ouvrage dédié au peintre Jérôme Bosch, les deux étudiants s’arrêtent sur une représentation du Jardin des délices. Bernard se met soudain à rire, rattrapé par un souvenir d’enfance : "Autrefois, la luxure, je croyais que c’était le luxe." C’est du moins la définition qu’en avait donnée son camarade Paul à la sortie du catéchisme, lui décrivant des femmes nues étouffant sous leurs fourrures et leurs énormes bijoux au milieu des flammes de l’enfer… 

Casting fabuleux 
Issu des Sept péchés capitaux, un film à sketchs réalisé par des cinéastes proches de la Nouvelle Vague (Claude Chabrol, Philippe de Broca, Jean-Luc Godard, Édouard Molinaro, Roger Vadim, Sylvain Dhomme et Max Douy), ce court métrage de Jacques Demy offre un délectable condensé de son univers – les chansons en moins. Rythmé par la musique de Michel Legrand, il explore avec malice le fantasme sexuel sous trois facettes : l’appétit de la jeunesse, incarné par le duo Jean-Louis Trintignant/Laurent Terzieff, tout en gouaille calembouresque ; la candeur de l’enfance, dans un flash-back à l’humour tendre ; et des tableaux oniriques d’un enfer orgiaque. Un bijou méconnu dans lequel on croise aussi Micheline Presle, Jean Desailly et Corinne Marchand, l’inoubliable Cléo d’Agnès Varda.