Mad Max

Jeune policier prometteur, Max Rockatansky a intégré une brigade routière, aux trousses des fous du volant qui sèment la terreur dans la région. Après avoir réglé son compte à un psychopathe au rire hystérique, surnommé le "chevalier de la nuit", il apprend qu’il s’est attiré la vindicte d’une bande de motards sanguinaires. Ceux-ci se vengent sur son coéquipier, Goose, qu’ils réduisent littéralement en cendres. Dévasté, le jeune homme opère une retraite de quelques jours avec sa compagne Jessie et leur bébé. Mais la tendre escapade vire au cauchemar, faisant définitivement vriller le cerveau de Max…

Prémonitoire
D'une noirceur surprenante pour l’époque, qui lui valut d’être interdit dans la France giscardienne, Mad Max fascine, non seulement parce qu’il contient en germe les ingrédients d’une future saga culte, mais aussi parce que, quarante-six ans après, il exhale l’innocence des premières fois. On y assiste aux débuts fracassants du jeune Mel Gibson, cascadeur hors pair et acteur magnétique, l’œil azur prenant une lueur démente quand l'heure de la vengeance a sonné. Film à petit budget et à la rentabilité (mad)ximale vu son succès, ce premier opus flirtant avec l’horreur, le thriller grand-guignol (mais efficace) et le film de justicier a eu le génie de se focaliser sur la course-poursuite, habituellement reléguée au rang de péripétie. L’esthétique postapocalyptique qui assurera le retentissement planétaire de la franchise se fait encore discrète. L’État de droit part à vau-l'eau, les hordes sauvages pullulent et une fine frontière morale sépare les flics des criminels. Mais on ignore si la fin du monde approche ou si elle a eu lieu, ce qui confère à l’ensemble un certain mystère. Dans ce premier long métrage, l’ex-médecin urgentiste George Miller, marqué par les accidentés de la route qu’il a vu défiler à l’hôpital, dévoile son attraction-répulsion pour la tôle froissée et les corps polytraumatisés. Les paysages arides de l’Australie offrent un cadre parfait à ce monde épuisé par la surconsommation, accro à l’essence et à la vitesse, qui préfère foncer droit dans le mur plutôt que de lever le pied, vision prémonitoire de notre planète malmenée qui s’affirmera de film en film.