L'événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune

Marco Mazetti, à la tête d’une auto-école, coule des jours heureux avec sa compagne Irène, coiffeuse, et leur fils Lucas, 10 ans. Mais le couple voit sa vie bouleversée quand Marco, qui souffre de nausées et de vertiges, découvre qu’il est enceint de quatre mois. Tandis que la science se penche sur son cas, l’origine de l’extravagante grossesse est imputée à la consommation de poulets aux hormones. Incarnation de l’homme moderne, le futur père devient alors une célébrité planétaire.   

Poésie lunaire 
Inspirée à Jacques Demy par les grossesses, la même année, d’Agnès Varda et de Catherine Deneuve, cette fable oscille avec légèreté entre futurisme et fait divers drolatique pour mieux banaliser un phénomène lié aux folles dérives de la modernité. Car si les experts, convoqués par le tout-puissant petit écran, attribuent doctement l’heureux événement à une nourriture contre-nature, le cinéaste cherche moins à dénoncer les ravages de l’industrie agroalimentaire qu’à suivre, avec des accents féministes, les répercussions sociétales de la maternité chez l’homme. Dans un Paris populaire, traversé de personnages hauts en couleur et empreint d’une lunaire poésie, ce faux film d’anticipation, vraie comédie qui subit un sévère échec commercial à sa sortie, chemine ainsi avec un réalisme bon enfant, moquant au passage l’impact contagieux des médias. En jeunes parents dépassés mais ravis par la bizarrerie et bientôt happés par la gloire, Mastroianni (dans une mémorable salopette en jean extensible) et Deneuve, formant un formidable couple de Français moyens, s’amusent ostensiblement. Une plongée savoureuse dans les années 1970, orchestrée par un Demy maître en fantaisie.