Les estivants

À quelques minutes d’une réunion capitale pour le financement de son prochain film, Anna, une réalisatrice franco-italienne, rompt avec son compagnon Luca, avec qui elle devait prendre la route des vacances. Il a rencontré quelqu’un d’autre et souhaite prendre du temps pour réfléchir à leur relation. Seule avec sa fille, Anna se rend dans la grande et belle propriété familiale, située sur la Côte d’Azur. Dans cette villégiature hors du temps, sa famille reçoit tout l’été des amis, aidée d’une armada de domestiques. Mais l’esprit de farniente se trouble de rancœurs, de remarques acides, et les névroses sentimentales, familiales et artistiques d’Anna n’arrangent rien…

"Autobiographie imaginaire”
Sous la lumière resplendissante du sud de la France, l’harmonie attendue des retrouvailles fond comme neige au soleil. Les rires des apéritifs et des repas en plein air se confrontent aux colères, aux chagrins d’amour, aux blessures d’enfance qui remontent, aux non-dits, aux tromperies, aux désirs enfouis. Ces “estivants” – référence judicieuse à la pièce de Maxime Gorki – foutraques et coupés des réalités sociales, peinent à se dépêtrer du chaos de leur existence. Pendant ce temps, les employés de maison harassés espèrent un jour troquer la bienveillance paternaliste contre le paiement d’heures supplémentaires. Poursuivant une “autobiographie imaginaire” entamée avec Il est plus facile pour un chameau…, et offrant un préambule à Un château en Italie, Valeria Bruni Tedeschi réussit un explosif film choral, où elle entrechoque en même temps que ses personnages toutes ses identités : petite fille riche en proie à la culpabilité, cinéaste en plein doute et sœur endeuillée. Les dialogues et chamailleries imaginaires entre elle et le fantôme de son frère, mort du sida, constituent les passages les plus émouvants du film.