Un thé au Sahara

1947. Venus de New York, Port et Kit Moresby, un couple d’artistes américains, arrivent en bateau au Maroc. Compositeur, Port espère renouer avec l'inspiration en Afrique du Nord et sauver aussi son mariage qui s’essouffle après dix ans de vie commune. Kit, sa femme, auteure dramatique n’ayant qu’une seule pièce à son actif, partage le même secret espoir. Tous deux débarquent à Tanger en compagnie de George Tunner, un jeune businessman mondain qui cache à peine avoir des vues sur Kit. Mais loin de leur patrie, Port et Kit s'éloignent peu à peu l'un de l'autre : Port s’égare dans les bras d’une prostituée avant que Kit ne cède aux avances de Tunner. Lorsque ce dernier reprend seul son voyage, le couple se lance dans la traversée du Sahara…

Dépouillement
Tout juste auréolé de l’immense succès du Dernier empereur (neuf Oscars et une myriade de prix internationaux), Bernardo Bertolucci porte à l’écran un roman de l’écrivain voyageur Paul Bowles – qui, malicieusement, apparaît au début et à la fin du film dans le café de la gare de Tanger. Rompant avec l’évocation fastueuse de la vie du dernier empereur de Chine, il entraîne John Malkovich (Port) et Debra Winger (Kit) vers une forme d’austérité et de dépouillement. De chambres délabrées en paysages désertiques, le couple de citadins new-yorkais affronte la chaleur écrasante, le manque d’eau, les mouches obsédantes et bientôt la maladie qui s’abat sur Port. Sur de somptueuses images du directeur de la photographie Vittorio Storaro, bercé par l’envoûtante bande originale composée par Richard Horowitz et Ryuichi Sakamoto (Furyo), récompensés aux Golden Globes, l’inexorable – et tragique – délitement d’un amour.