Underplayed ou les héroïnes du Dance Floor

La popularité des femmes DJ est un phénomène récent et encore superficiel. En 2019, le fameux classement Billboard des cent meilleurs DJ dans le monde comptait seulement cinq femmes. Selon une étude, les femmes productrices et techniciennes représentaient seulement 3 % de l’effectif de l'industrie musicale, faisant par ailleurs état d'inégalités de salaires, et il était encore fréquent que les festivals affichent leurs bonnes intentions en ne programmant qu'une seule et unique femme dans leur line-up. La musique électronique a beau être née avec des idéaux de diversité et d'inclusivité, le paysage de l'industrie est longtemps resté uniformément blanc et masculin. Et si certaines femmes DJ sont devenues des stars, la plupart restent invisibles, et toutes doivent batailler plus dur pour exister.

Portraits vibrants
"Le monde de la musique est câblé par et pour les hommes, mais sa source est tout autre", déplore Suzanne Ciani, pionnière du synthétiseur modulaire. De fait, le développement de la musique électronique doit énormément à des femmes telles que Delia Derbyshire et Daphne Oram, du célèbre atelier radiophonique de la BBC, ou encore Wendy Carlos, grande initiatrice de la musique planante. Underplayed brosse le portrait de leurs héritières : Rezz, Tygapaw, Tokimonsta, Alison Wonderland, Sherelle, Nervo, entre autres. Affrontant des problématiques diverses selon leurs parcours et leurs identités, elles ont en commun d'être minoritaires. Si accéder aux platines est difficile, y rester l'est d'autant plus, car les performances exposent à un stress renforcé par le sexisme ambiant, sans parler de la violence des réseaux sociaux. Leur musique revêt alors nécessairement une dimension politique. Au rythme d'une bande-son vibrante, un état des lieux critique mais inspirant de la place des femmes dans la musique électronique qui appelle au changement.