TerrorismeJérusalem 1946

22 juillet 1946. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des survivants de la Shoah exigent la création d’un État juif indépendant en Palestine. À Jérusalem, où le quartier général de l'armée britannique est installé dans le très chic hôtel King David, des membres de l'Irgoun dirigé par Menahem Begin, le mouvement juif armé de résistance fondé par le leader sioniste Vladimir Zeev Jabotinsky, introduisent des pots à lait bourrés d'explosifs qu’ils cachent au sous-sol. Trente minutes plus tard, l'aile sud de l'hôtel, soufflée par une violente explosion, s’effondre, tuant 91 personnes, Arabes, juifs et Britanniques. "Mon père était fier de l’attentat à la bombe de l’hôtel King David, raconte Irit Gal, la fille d’un des terroristes. Il l’est resté toute sa vie." En mai 1947, la Grande-Bretagne annonce son retrait de Palestine et transfère aux Nations unies la responsabilité de son mandat, ouvrant la voie à la création d’un État juif. "Aujourd’hui, poursuit-elle, les gens qui luttent pour leur liberté, ce sont les Palestiniens."

Au cœur de la terreur
Cette passionnante série documentaire retrace méthodiquement – archives, documents, cartographie des lieux… – des attentats tragiquement célèbres qui ont brisé des vies et marqué des tournants dans l’histoire contemporaine. Revisitant à chaque épisode le contexte de ces déchaînements de violence, elle tire surtout sa force des regards intérieurs portés sur ces drames. Car si les victimes et les survivants confient, dans de poignants témoignages, les douleurs et traumatismes vécus dont ils portent à jamais les stigmates, le réalisateur néerlandais Joey Boink donne aussi la parole aux terroristes qui ont perpétré ces crimes. "D’un point de vue politique, notre action était un succès. Notre objectif était de tuer", affirme sans ciller le néofasciste Vincenzo Vinciguerra, depuis sa prison de Milan. En contrepoint, des magistrats, des policiers et des membres des services secrets livrent leur version et leur analyse d’événements qui, malgré les investigations, gardent toujours une part d’ombre. "Qui est le combattant de la liberté ? Qui est le terroriste ? pointe l’Israélienne Irit Gal. Il n’y a pas de réponse, parce que ça dépend toujours du point de vue de l’observateur." Des luttes pour l’indépendance à la peste brune, une plongée, sans commentaire, dans l’activisme armé, entre désespoir, aveuglement et folie meurtrière.