360° ReportageSéniors, le bonheur à la finlandaise

Samin Laila a largement dépassé les 90 ans. Chaque jour, elle attend la visite de Janne et s’assure d’avoir un maximum de tâches à lui confier. Pour de nombreux retraités isolés, cette assistance est souvent vitale. Faire des choses ensemble au grand air et discuter : autant d’éléments rendus possibles grâce aux aides à domicile et qui participent du maintien en forme des aînés.

À 85 ans, Niilo chasse toujours le lagopède. La perdrix des neiges est un animal farouche, mais le vieil homme a appris à la connaître dès sa plus tendre enfance. Aujourd’hui, il se sent plus en sécurité lorsque l’auxiliaire de vie Janne l’accompagne en motoneige dans le Fjäll, la partie la plus élevée des montagnes de Laponie. À Utsjoki, dans le nord de la Finlande, l’aide apportée au quotidien à la population autochtone s’inscrit dans la culture du respect dû aux anciens. En cours de formation pour devenir auxiliaire de vie, Maiju n’appartient pas au peuple Sami. Mais elle compte bien devenir la première femme de Laponie à exercer en milieu rural. C’est pourquoi elle accompagne Janne dans son travail et profite de sa longue expérience. Dans l’ouest de la Finlande, à la frontière suédoise, si l’aide à domicile en milieu rural était un concept encore inconnu à ce jour, l’entraide n’en est pas moins ancrée dans la culture locale.

Piipari est lui aussi en formation pour devenir auxiliaire de vie. Contrairement à Maiju, il ne peut compter sur un maître d’apprentissage. Qu’importe, voilà déjà plusieurs années qu’il veille sur ses voisins et leurs rennes. Dans cette région, le vieillissement de la population est particulièrement marqué. Si cette tendance se retrouve un peu partout en Europe, rares sont les pays où elle a déjà atteint un stade aussi critique. En Laponie, comme ailleurs, les jeunes partent s’installer en ville pour trouver du travail, tandis que les personnes âgées restent souvent seules. Longtemps, le sens de la famille et la culture de l’entraide caractéristiques des Samis ont suffi au maintien à domicile des aînés. Revers de la médaille : les maisons de retraite sont rares. Les auxiliaires de vie en milieu rural ont dû prendre le relai. Ils doivent souvent parcourir de longues distances. Et braver le vent, les intempéries et des températures pouvant aller jusqu’à moins 40 en hiver.