Cœur et organes : fabrication sur commande ?

La médecine moderne est confrontée à un problème de plus en plus criant : alors que les besoins augmentent, les dons ne suivent pas. Le vieillissement de la population, couplé à la fragilité de nos viscères sur la durée (les reins sont, par exemple, l'organe qui résiste le moins au passage du temps), accentue le phénomène. En 2023, en Allemagne, près de 8 400 patients attendaient un greffon vital, mais seules 965 personnes décédées avaient donné leur accord pour un prélèvement. La même année en France, on recensait en moyenne 26 donneurs potentiels pour 1 million d'habitants. Scientifiques et ingénieurs sont à pied d'œuvre et défrichent avec succès des terrains nouveaux qui pourraient mettre un terme à la pénurie. Une des pistes explorées actuellement est particulièrement prometteuse : la fabrication d'organes en laboratoire, adaptés sur mesure à leur receveur.

Aventure médicale
À l'hôpital universitaire de la Charité, à Berlin, des spécialistes en "ingénierie tissulaire" modifient des organes de rongeurs dans l'optique de les adapter à l'humain. Le centre de biologie du développement de l'institut japonais Riken s'exerce à créer de toutes pièces des organes : des "organoïdes" minuscules sont constitués à partir de cellules souches. En Suède, une mise sur le marché se profile pour le premier cœur artificiel à quatre cavités, analogue au nôtre… Le documentaire de Marcus Fitsch plonge au cœur des procédures et donne la parole aux médecins, chirurgiens et spécialistes, mais également aux patients embarqués dans cette aventure médicale. S’ils en ont les moyens, toutes et tous sont convaincus de pouvoir un jour mener à terme le développement de ces voies alternatives à la greffe d'organes d'humain à humain.