Shokuzai (1/5)

Quinze ans plus tard, Sae est restée profondément marquée par cette journée fatidique, et la malédiction de la mère d’Emili pèse toujours lourdement sur son quotidien. Célibataire terrifiée à l’idée de nouer une relation avec un homme, elle finit néanmoins par céder à la demande en mariage du riche et mystérieux Takahiro, obsédé par elle depuis leur enfance. Mais cette union va rapidement se transformer en cauchemar.

Les malheurs de six filles
Comment se reconstruire après le traumatisme de la perte d’une camarade et d’une enfant, et comment trouver sa place dans la société en portant les stigmates de la culpabilité ? C’est de ce douloureux postulat que part Shokuzai ("pénitence" en japonais), adapté du roman éponyme de Kanae Minato, ample exercice de style et pièce maîtresse de la filmographie de Kiyoshi Kurosawa, l’un des peintres les plus méticuleux du Japon moderne. Dans un contexte artistique difficile, cinq ans après l’échec du pourtant magnifique Tokyo Sonata, le réalisateur retrouve les moyens de ses ambitions avec cette série en cinq épisodes (plus tard condensée en deux films projetés au Festival de Venise), à la forme aussi ludique que déstabilisante. Sous couvert des codes du cinéma de genre, Kiyoshi Kurosawa avance en contrebandier pour mieux laisser infuser une charge violente contre le patriarcat japonais. En entremêlant thriller, drame et même quelques touches de fantastique, le cinéaste, par sa subtile variation de tons, évite une vision simpliste et manichéenne de chacune des victimes collatérales de cette tragédie, abandonnées à leurs souffrances par des hommes lâches, violents et consumés par leurs frustrations. Une manière de mieux rendre hommage à leur force de caractère face à l’adversité.