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Golden Eighties
95 min
Disponible jusqu'au 24/04/2025
Chantal Akerman met en chansons les chassés-croisés amoureux d’une poignée de personnages dans le huis clos d’une galerie marchande. Avec une distribution de choix (Delphine Seyrig, Lio, Charles Denner...), une comédie musicale pétillante, dont l’apparente joie polychrome est teintée de mélancolie.
Dans la galerie marchande de la Toison d’or, Sylvie, la patronne du bistrot, attend fébrilement les lettres de l’homme qu’elle chérit, parti faire fortune au Canada. De l’autre côté de l’allée, Jeanne Schwartz, qui tient avec son mari une boutique de prêt-à-porter, voit resurgir du passé Eli, un ancien GI qu’elle a aimé. Son fils Robert, employé au magasin, brûle de désir pour Lili, la gérante du salon de coiffure, qui entretient une liaison intéressée avec M. Jean, un homme d’affaires véreux qu’elle rend fou. Obsédé par le mantra "s’agrandir ou mourir", M. Schwartz rêve, lui, de se débarrasser de la belle délurée et presse son fils d’épouser une femme convenable. Le prenant au mot, Robert, sur un coup de tête, demande la main de Mado, une petite coiffeuse dont il fait secrètement battre le cœur…
Charme kitsch
Dans l’univers cloisonné de cette galerie souterraine, les élans, les trahisons et les renoncements amoureux se bousculent à un rythme échevelé, aussitôt commentés par le chœur des shampouineuses effrontées et son pendant masculin de garçons oisifs, accoudés au comptoir de l’attachante Myriam Boyer. Les numéros chantés, pour lesquels Chantal Akerman s’est improvisée parolière, se déploient dans un tourbillon coloré de jupes satinées et de permanentes moutonnées au charme délicieusement kitsch. Mais le bonheur procuré par ce spectacle "demyesque" impeccablement chorégraphié doit aussi beaucoup au casting exquis réuni par la cinéaste belge. On y croise, outre la drolatique Fanny Cottençon et la classe américaine de John Berry, une toute jeune Lio – qui, étonnamment, ne chante pas – en fiancée naïve et, surtout, un duo de voix légendaires : Delphine Seyrig (Jeanne, encore) et Charles Denner dans le rôle des époux Schwartz. Si la réalisatrice fait délibérément mousser le plaisir, cette comédie musicale "antiromantique", telle qu'elle l’a qualifiée, où les sentiments vont et viennent au même titre que les affaires, laisse néanmoins éclater des bulles d’émotion et de gravité : l’ombre d’Auschwitz, la nostalgie du passé, la crise économique et la condition des femmes, en représentation forcée derrière leurs vitrines, affleurent dans ce tableau miniature d’une époque bigarrée. Formidable pas de côté dans la filmographie de Chantal Akerman, un bonbon au goût subtilement acidulé, à savourer en version restaurée.
Avec
Pascale Salkin
Delphine Seyrig
LIO
Myriam Boyer
John Berry
Réalisation
Chantal Akerman
Pays
Belgique
France
Année
1985