La cité de la violence

Jeff Heston, un tueur à gages retiré des affaires, tombe dans un guet-apens alors qu’il est en vacances avec sa maîtresse, Vanessa. Il découvre bientôt que le piège a été organisé par son ancien employeur, avec la complicité de cette dernière. Après un séjour en prison, il entreprend de se venger des deux traîtres. Mais les faux-semblants se multiplient autour de lui, dans un monde criminel dont les règles ont changé… 
 
Série noire onirique 
Après plusieurs succès dans le genre du western spaghetti, le réalisateur italien Sergio Sollima s’essaie au polar avec La cité de la violence, qui marque aussi les débuts de Charles Bronson, à près de 50 ans, sur le terrain du film d’action viril. Si les personnages et l’intrigue sont archétypaux – la vengeance d’un tueur solitaire pris au piège du "milieu" –, l’approche surprend. Dès les premières minutes, le ton est donné, entre désenchantement muet et érotisme feutré. La dramaturgie se soucie peu du suspense, étirant les scènes d’action, privilégiant les regards, les gestes... et la musique d’Ennio Morricone. Amoureux d’une femme vénale qu’il ne peut se résoudre à éliminer (l’Anglaise Jill Ireland, l’épouse de Charles Bronson et sa partenaire dans de nombreux films), Jeff, triste antihéros, évolue dans un monde étranger, où le crime est devenu l’affaire des cols blancs et où les amis les plus fidèles trahissent pour une dose d’héroïne. La brillante scène finale achève de faire de cette série noire onirique un étonnant exercice de style, à la limite de l’abstraction.