Ma vie sans l'ouïe

À l’âge de 1 an, le petit Tobias a été diagnostiqué porteur d’une surdité congénitale. D’abord désarmés face à ce handicap et un univers auquel ils étaient étrangers – celui des personnes privées de l’ouïe –, ses parents ont vu leur fils grandir et s’épanouir avec sa différence. Le garçon a suivi sa scolarité dans une école spécialisée, avant d’étudier à l’université Gallaudet, à Washington, véritable "village de sourds" où il a rencontré sa petite amie, elle aussi malentendante. Aujourd’hui professeur de langue des signes néerlandaise, il enseigne à des élèves entendants un pan de ce qui est, pour lui et ses pairs, une culture à part entière. 

Ambitions 
Alex de Ronde, le père de Tobias, qui l’a suivi et filmé du berceau jusqu'à sa vie de jeune adulte, compose une chronique familiale tendre et sensible, tissée d’images d’archives, qui interroge notre conception du handicap, souvent pétrie de préjugés. Donnant la parole à ses proches, notamment son frère aîné, avec qui il a développé une relation infiniment complice et qui lui sert souvent d’interprète, le film déroule le parcours exemplaire – parfois semé d'embûches – d’un jeune homme drôle, enjoué, charismatique, que la surdité n’a jamais freiné dans ses ambitions. Sans détours, Tobias dit son attachement farouche à la culture sourde, dont la grande richesse restera à jamais inaccessible aux entendants. Mais face à la généralisation d’implants de plus en plus efficaces, il redoute la disparition, dans un avenir proche, de la langue des signes qu’il aime tant.