En chair et en nu - Une histoire de la sculpture
Extrait (2 min)
Disponible à partir du 27/04/2025
À la télévision le dimanche 27 avril à 17:45
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Troublant autant que fascinant, le nu en sculpture ne cesse d’interroger le regard. Du Paléolithique à nos jours, ce documentaire retrace en allers-retours son histoire à travers ses dimensions esthétique, symbolique et politique.
Admiré depuis des siècles, le David de Michel-Ange, à l’athlétisme tout en sensualité, traduit la liberté de la Renaissance. Mais en Floride, une enseignante a été licenciée en 2023 pour avoir montré ce chef-d’œuvre à ses élèves. Exposé partout dans l’espace public, le nu, aujourd’hui encore, est tout à la fois célébré et diabolisé. Si la Vénus de Willendorf, datant du Paléolithique, témoigne de sa représentation en sculpture depuis des millénaires, cet objet d’art autant que de fantasmes n’en finit pas de fasciner et de déranger. Dans l’Antiquité, le nu est, jusqu’à l’Aphrodite de Cnide de Praxitèle, resté exclusivement masculin. Parfois caché ou légèrement voilé, il est selon les époques accusé de profanation, de voyeurisme ou, plus récemment, de sexisme. Plus que toute autre œuvre picturale, le nu en sculpture a été la cible de la censure, de la destruction et de l'hostilité. "Je nourris une admiration infinie pour le corps nu, un culte", assumait Auguste Rodin, dont l’érotique et intense Baiser fait figure d’icône des amoureux. Sorte de pop star, l’artiste contemporain italien Jago a, lui, lors d’une performance spectaculaire, ôté au burin les vêtements de sa statue de Benoît XVI, rebaptisant le buste ridé du pape nu Habemus Hominem. Pour la sculptrice allemande Stella Hamberg, la nudité "a moins à voir avec la peau nue qu'avec un état intérieur", tandis qu’elle exprime la conscience de soi et la résistance pour la plasticienne américano-pakistanaise Shahzia Sikander, dont les fiers bustes féminins dorés de New York ont été qualifiés de "démoniaques" par ses détracteurs.
Puissance transgressive
Balayant l’histoire tumultueuse du nu en sculpture, ce documentaire montre comment il a porté l’innocence autant que la rébellion, mais aussi un idéal athlétique glaçant, notamment dans l’Italie fasciste et sous le IIIe Reich. En s’interrogeant sur ses dimensions à la fois esthétique, symbolique et politique, il rappelle combien la représentation du corps dans la pierre ou le bronze a toujours suscité l’émerveillement et la crainte. Ce panorama met en lumière la formidable puissance transgressive du nu, encore dénoncé aujourd’hui comme geste blasphématoire ou au nom du politiquement correct.
Réalisation
Dagmar Wittmers
Pays
Allemagne
Année
2024