Erased

En 1992, peu après la dislocation de la Yougoslavie, le calme semble être revenu dans la nouvelle République de Slovénie, qui vient de proclamer son indépendance. Pourtant, le drame se poursuit au niveau de la bureaucratie et de l’administration : des milliers d’habitants originaires d’autres républiques ex-yougoslaves se voient refuser la citoyenneté slovène. Bien qu’ils aient construit toute leur vie sur place, ils n’existent plus aux yeux des autorités, et certains sont même menacés d’expulsion. D’origine serbe, Ana se retrouve ainsi en situation irrégulière, ce qui lui fait perdre la garde de son nourrisson. Plongée dans un système kafkaïen, la jeune femme est prête à tout pour garder contact avec sa fille et éviter l’adoption forcée.

Drame familial, drame historique
À l’intersection entre histoire politique et drame familial, mêlant échelle individuelle et focale nationale, Erased revient sur une réalité douloureuse qui a concerné plus de 25 000 Slovènes au lendemain de l’éclatement de la Yougoslavie. L’actrice croate Judita Frankovic donne un visage à ceux qu’on appelle aujourd’hui les "effacés de Slovénie". Sa performance, touchante et subtile, révèle toute l’angoisse, l’impuissance et la peur du déracinement qui ont affecté ces victimes du système bureaucratique – tout en posant la question, en filigrane, de l’identité et du sentiment d’appartenance : que signifie véritablement "être slovène" ?