Barbara Rubin et l'underground new-yorkais

Dans la lignée des cinéastes dont l’unique film est devenu culte, Barbara Rubin incarne un des plus flamboyants prototypes. En 1963, la New-Yorkaise n’a que 18 ans lorsqu’elle tourne le transgressif Christmas on Earth, inspiré d’Une saison en enfer de Rimbaud et du sulfureux moyen métrage Flaming Creatures de Jack Smith, produit la même année. Performée dans un appartement de Big Apple, son œuvre met en scène un rituel orgiaque où s'entremêlent ses pulsions autodestructrices et les aspirations libertaires de toute une génération. À la fois sexuellement provocant et esthétiquement novateur, ce court métrage pionnier où les corps nus en noir et blanc décoloré s’enchevêtrent scandalise la communauté artistique de la ville... et, par ricochet, l’influencera profondément. Mais pourquoi ce coup d’essai magistral est-il resté sans suite ?

Esprit libre
Dotée d’une énergie irrépressible, elle a fait découvrir le Velvet Underground à Andy Warhol, la kabbale à Bob Dylan, fut l’amie d’Allen Ginsberg et de bien d’autres... Malgré son apport déterminant à la contre-culture, Barbara Rubin a sombré dans l'oubli. Seul l'iconoclaste cinéaste Jonas Mekas, disparu en 2019, a continué à chérir sa mémoire, en conservant toutes ses lettres et certains de ses essais filmés. Avec des images rares des années 1960, et notamment du Velvet de Lou Reed, ce documentaire restitue l'impact de l’un des esprits les plus libres des sixties sur une scène underground encore dominée par les hommes. Après avoir une nouvelle fois surpris tout le monde en se convertissant au judaïsme hassidique et en s’installant en France, Barbara Rubin est morte en 1980 en donnant naissance à son cinquième enfant. Le portrait audacieux et virevoltant d'une femme révolutionnaire qui assurait que le cinéma pouvait changer le monde.