Un vrai crime d’amour

Pour trouver du travail, Carmela et sa famille, originaires de Sicile, ont dû s’exiler dans la région de Milan et vivent dans la pauvreté. Dans l’usine où elle est recrutée, la jeune femme fait la connaissance de Nullo Bronzi, un syndicaliste communiste, et les deux ouvriers s'éprennent l’un de l’autre. Pour se rapprocher de son “fiancé”, Carmela obtient d'être mutée à l’atelier des fours où, chaque jour, elle garde précieusement pour ses deux petits frères le bidon de lait qu’on lui distribue. Elle ne peut songer à se marier sans sacrement à l’Église, mais Nullo, lui, ne peut y consentir. La jeune femme met alors fin à leur relation, avant de tomber gravement malade…

Roméo et Juliette 
Après L’argent de la vieille, Luigi Comencini délaisse le champ de la comédie à l’italienne qui l’a révélé (Pain, amour et fantaisie) pour poursuivre son incursion dans la veine sociale et le monde prolétaire. Au travers des différences idéologiques, culturelles et familiales entre l’industrieuse (mais aussi frondeuse) Italie du Nord et la catholique et patriarcale Italie du Sud, il met en scène les lignes de fractures qui les séparent en explorant des thèmes qui n’ont rien perdu de leur acuité contemporaine un demi-siècle plus tard, des désastres environnementaux et sanitaires aux entraves à l’émancipation féminine. Condamnant leur amour, les préjugés de leurs familles respectives font du couple formé par Nullo et Carmela d’emblématiques Roméo et Juliette, exploités tous deux par une caste de dominants sans foi ni loi. Coécrit par Ugo Pirro (La classe ouvrière va au paradis d’Elio Petri, 1971), un mélodrame politique poignant présenté dans sa version restaurée.