Sauve qui peut (la vie)
Dans une grande ville suisse, Denise (Nathalie Baye) quitte Paul (Jacques Dutronc), avec qui elle travaille encore un peu à la télévision, pour changer de vie dans une ferme communautaire, plus haut dans la montagne. Paul, patronyme Godard, souffre de son départ. Ses dîners mensuels, généralement tendus, avec son ex-femme et sa fille préadolescente, aggravent sa peur de la solitude. Dans une file d’attente pour un Chaplin qu’il n’ira pas voir, il rencontre Isabelle (Isabelle Huppert), qui a quitté son village pour venir se prostituer en ville. "Ce qu'ils aiment, c'est nous humilier", explique-t-elle, impavide, à sa petite sœur qui veut aussi “faire la pute”. Les chemins de tous ces personnages se croisent, puis se séparent.
Chacun pour soi
À l'écoute des pulsations de ces trois solitudes, Jean-Luc Godard, comme l'annonce le générique, "compose" son film pour déployer, comme dans les mouvements successifs d'une partition, les motifs entrelacés de leurs angoisses, désirs, défaites et résistances, face à la brutalité (exploitation, atomisation, consommation) d’une société qui ne croit plus au salut collectif. Jouant en virtuose amusé de tous les instruments à sa disposition, il sonde les résonances du temps dans les êtres et les choses. Après ses années d'expérimentations militantes, il revient aussi à un cinéma de production traditionnelle et à un casting de vedettes, magnifiquement dirigé. Cela ne l’empêche pas de moquer cruellement le système dans une séquence “pornographique” tout sauf obscène, qui a valu au film une interdiction aux moins de 16 ans.
Réalisation
Jean-Luc Godard
Scénario
Anne-Marie Miéville
Jean-Claude Carrière
Production
Marin Karmitz
Alain Sarde
Musique
Gabriel Yared
Avec
Isabelle Huppert
Jacques Dutronc
Nathalie Baye
Décors de film
Romain Goupil
Son
Luc Yersin
Oscar Stellavox
Jacques Maumont
Directeur artistique
Jean-Bernard Menoud
William Lubtchansky
Renato Berta
Pays
France
Suisse
Année
1979