La Chinoise
Cinq jeunes révolutionnaires – une étudiante en philosophie (Anne Wiazemsky, nouvelle muse du cinéaste, âgée de 20 ans tout juste), un acteur (Jean-Pierre Léaud), une ex-paysanne, ex-femme de ménage et ex-prostituée occasionnelle (Juliet Berto), un peintre et un apprenti économiste – ont installé leur cellule maoïste dans un appartement bourgeois, retapissé de petits livres rouges et de dazibaos. Ils vivent, vont et viennent, parlent d'abondance et sous diverses formes (interviews, slogans, textes écrits, dessins, conversations) de la possibilité de changer le monde, et parfois, aussi, d'autre chose – d'amour, par exemple.
Libre court
Qualifié tour à tour de manifeste et d'œuvre prophétique, puisque, un an avant Mai 68, Godard y regarde vivre et réfléchir une génération pressée d'en finir avec le vieux monde, La Chinoise, film bientôt sexagénaire, renvoie à notre temps un miroir d'une troublante actualité. À l'inverse d'un bréviaire maoïste irrémédiablement désuet, il nous invite à considérer "sérieusement", quoique toujours au second degré, la séduction de ces mots d'ordre révolutionnaires. L'émouvante jeunesse des interprètes, l'humour érudit du propos, l'attention poétique portée aux gestes et aux visages et, surtout, la liberté de cette pensée en images, en musiques et en mots, interroge avec une acuité intacte les mécanismes, tant collectifs qu’intimes, de la domination, de l’exploitation ou de la résignation.
Réalisation
Jean-Luc Godard
Production
Philippe Dussart
Montage
Agnès Guillemot
Delphine Desfons
Musique
Michel Legrand
Avec
Juliet Berto
Jean-Pierre Léaud
Anne Wiazemsky
Michel Semeniako
Francis Jeanson
Eliane Giovagnoli
Blandine Jeanson
Omar Diop
Costumes
Gitt Magrini
Son
René Levert
Directeur artistique
Raoul Coutard
Pays
France
Année
1967